Les chemins de la vie... PAR DENIS MONETTE Quand lanour vient du cocur.. Oui, voila bien la plus belle conjugaison de ce verbe dont on se sert trop souvent & bien mauvais escient. Il m’arrive de me faire deman- der a l'occasion ‘'Diles-donc, ¢’est quoi au Juste, l'amour?” Et c’es! \ qu’en toute franchise, je réponds: “'C’es! le patage des sentiments, la douce complicité entre deux @tres qui fait qu'on se regarde, qu'on se comprend et qu'on sent au milieu de sa poitrine, des soubresauts qui nous font avoir des soupirs entrecoupés."’ Ma philosophie étant sans doute trop noble, quelqu’un ajouta ‘Et au fit? c'est pas de Vamour, ga aussi?’’ J'ai souri bien gentiment de peur d'éire & leurs yeux, une espéce de ceinture de chasteté et j'ai repondu magnani- mement "Ca, c'est le complément de l'amour, l’adjectif qu! s’accorde au verbe!"’ Je m’excuse d’étre aussi ‘‘romanesque”’, mais je main- tiens que les pius delies his.oires d'amour partent avant tout du coeur. Aimer une personne pour ce qu'elle est, pour ce qu'elle représente & nos yeux est dix fois plus important que de l’aimer strictement pour ce qu'elle apporte entre deux draps blancs. S’il fallait que ce soi! le cas, je pense que plusieurs pourraient se tarquer d'avoir vécu de sept 4 dix histoires d'amour en un seul mois. Rencontrer que!qu’un quelque part, danse, l'inviter gentiment Jusqu’a loreiller et... Non, ga, ce n'est pas de l'amour. Ce n'est 12 qu'une ‘passion bien pas- sagére” qu'on oublie élrangement dés le lever du soleil. “Faire l'amour" de cetle facon, ce n'est pas aimer. C'est tout simplemeni apaiser ses sens par un soir de pleine lune ou vibrer de facon trés “physique” face aux doux moments que l'on va passer. Bien sGr qu’én peut se dire en pleine euphorie un “‘je t'aime’’. Oul, de la méme fagon qu’on le dirait la veille ou le jour suivant avec un ou une autre pare. naire. Aimer, c’est d'abord et avant tout un travail de longue haleine On aime queiqu'un avec ses qualités, ses défauts, espérant que la réciprocité sera de méme. Aimer, c'est s‘apprivoiser, frémir lente- ment devant un regard, $e nourrir de belles paroles, s'6merveiller d'un doux bien-@tre el se dire bonsolr dans l'espolr de se revoir le plus tt possible. Aimer, c'est emporte: dans ses réves !es plus bel- les images des moments trop courts en compagnie de l'autre. C'est: également espérer une Crevaison ou une affluence monstre pour que le trajet en voiture soit plus long. Aimer, c'est vouloir arréter les aiguilles de sa montre au moment des plus fendres confiden- ces. C’es! avoir une hate fébrile de ce prochain diner en téte-&-té'e et de compter langoureusement les jours quand l'autre nes! pas la. Aimer, c'est déposer son Ame dans Jes mains de celle ou celui qui s’en fait 'ange gardien. C'est trouver l'appui nécessaire & sa survie et le bonheur de ne plus étre seul(e) & sourire d'émotion. Oui, c'est tout ca aimer. Habiller du coeur... sans méme déshabiller des yeux. fl est sir et certain qu’avec le temps on en vient & ce doux échange dont on me parlait. Oui, sans méme s’en rendre comple, sans s‘apercevoir que l'autre ou soi-méme a fermé le rideau de la chambre. Mais combien belle se veut la liaison quand c’est le coeur qui la commande. Vivre ce be! instant n'est pas vivre “une affaire” sans lendemain et le "je t'aime’ & ce moment n’est pas celui des sens, mais bien celui du coeur. Quand par dépit de sa solitude, on se retrouve dans les bras de quelqu'un dont on conna® & peine le prénom, c'est pallier au nom d'un besoin et non s’abandonner au bout d'un merveilleux chemin. L’amour qui vient du coeur ne saute jemais aux conclusions. L’autre forme ‘'d'aimer"’ comme vous me le disiez? Pardonnez-moi, mais ce n'est la que “‘faire l'amour”... sur un bien triste point d’exclamation! 0 (-—.\ a We