16— Le Soleil de Colombie, vendredi 7 février 1986 Littérature francophone Illustration de la langue frangaise Un “Grand Prix de la Franco- phonie” décerné par l’Académie Frangaise, sera attribué chaque année a un écrivain franco- phone ayant contribué a I'illus- tration et au rayonnement de la langue francaise, ont annoncé conjointement a Paris et a Ottawa le Secrétaire perpétuel de l’Académie Francaise, Maurice Druon et le secrétaire d’Etat du Canada, M. Benoft Bouchard. Le gouvernement canadien, a lorigine de ce prix, a décidé de faire annuellement a |’Académie Francaise une donation de 400,000 dollars canadiens (deux millions de francs) pour ce Grand Prix. Le premier grand prix, dont le montant n’est pas encore fixé, devrait étre décerné par 1I’Aca- démie Francaise dés 1986 pour couronner “]’oeuvre d’un écrivain francophone qui aura contribué de facon éminente a l’illustration de la langue francaise en tant que manifestation et véhicule d’un humanisme moderne et mul- tiethnique”, selon le souhait du gouvernement canadien. Ottawa souhaite également que soient considérées dans l’attribution de ce prix “les contributions qui assurent la présence et le renou- vellement de la langue francaise dans les domaines de la technolo- gie, de l’informatique et de la science.” France Mulroney a1’ Académie Le Premier ministre canadien Brian Mulroney sera le premier chef de gouvernement d’un pays étanger a étre recu par l’Acadé- mie francaise dans le huis clos de sa séance du 20 février. M. Mulroney effectuera une visite officielle en France les 20 et 21 février prochains qui coincidera avec le sommet francophone des 17. 18 et 19 février a Paris. En trois siécles et demi d’exis- tence, l’Académie, fondée en 1635 par Richelieu n’avait en effet accueilli jusqu’alors que neuf monarques et un chef d’Etat. La derniére visite fut celle du président italien Segni en 1964 et auparavant celle du Tsar Nicolas II en 1896. Le premier ministre Mulroney, qui sera accueilli au Palais Mazarin par le secrétaire perpé- tuel de l’Académie, M. Maurice Druon, signera a cette occasion les actes de la donation de 400,000$ du gouvernement ca- nadien a l’Académie, dont les revenus permettront la création du Grand Prix annuel de la francophonie. Gerbe Avant de se rendre a |’Acadé- mie, le chef du gouvernement déposera une gerbe a l’Arc de Triomphe sur la tombe du soldat inconnu. Il sera ensuite recu a déjeuner au palais de l’Elysée par le président Mitterrand avec lequel il s’entretiendra en téte-a- téte avant de rencontrer 4 l’hétel Matignon son homologue fran- cais, M. Laurent Fabius. Une séance de travail élargie réunira a Matignon plusieurs ministres canadiens et francais aux cétés des deux chefs de gouvernement pour faire le point sur les échanges et les relations bilatérales. On s’attend égale- ment a ce que le premier ministre Mulroney se rende a la Chambre de commerce et-d’industrie de Paris pour rencontrer plusieurs grands patrons francais. La derniére visite officielle en France d’un chef de gouverne- ment canadien fut celle de Pierre ‘Trudeau en novembre 1982. Manitoba Le débat linguistique rebondit L’'Union des municipalités du Manitoba fait circuler actuelle- ment une pétition demandant que l’anglais devienne la seule langue officielle au Canada bien que l’organisme en _ question prétende avoir adopté une atti- tude de neutralité en la matiére. Des copies de cette pétition ont été envoyées a tous les conseils municipaux, a tous les membres - de l’Assemblée législative du Manitoba ainsi qu’aux membres du Parlement représentant aux Communes des circonscriptions manitobaines. “Aucune pression” Le vice-président de l'Union des municipalités, Ray Sigurdson a précisé que l’organisme n’avait pas pris officiellement la position d’endosser la pétition ou s’y opposer. “Nous n’exercons aucune pres- sion. C’est strictement une ques- tion volontaire pour ceux qui veulent la signer.” La fameuse pétition est une initiative d’un groupe qui se fait appeler “One Nation - One Language Inc.” Les membres de ce comité réclament que l'anglais soit uti- lisé¢ dans toutes les procédures officielles 4 tous les niveaux de gouvernement au Canada. Réal Sabourin, président de la Société franco-manitobaine a déclaré pour sa part qu'il était troublé par cette pétition. “Je ne sais pas ce qui se passe, a-t-il commenté. Nous~ avons une Constitution. Comment se fait-il que, en tant que Canadiens et Manitobains, nous ayons tant de mal a respecter cette Constitu- tion?”