a ee a ace La page sportive simples par ANDRE TARDIF tl est certains problémes auxquels les journalistes sportifs d’Europe ont 4 faire face depuis quand méme un certain nombre d’années, et que leurs confréres canadiens devront affronter bientdt et chercher 4 résoudre d’une facon aussi satisfaisante que possible, méme si la solution idéale semble tenir de 1’utopie. ll s’agit, d’une part, d’inciter leurs lecteurs 4 la pratique d’un sport quelconque en favorisant l’ama- teurisme le plus possible. Et d’autre part, 4 la veille des Olympiades de 1972 A Munich, de seconder les efforts des dirigeants du Comité international olym- Pique qui voudraient présenter des Jeux marqués du sceau de la simplicité, tout en transmettant au lecteur des pages sportives les é€motions fortes que procureront les grands vainqueurs, donc les nou- veaux dieux, ceux auxquels le lecteur aime s’associer. C'est donc l’éternel dilemme qui vient de f opposition entre le sport de participation et celui des grands spectacles, la ou le citoyen se contente d'une par- ticipation ‘passive sans pour au- tant se préoccuper de son pro- pre bien-étre physique. s Une trentaine de journalistes et commentateurs sportifs du Québec, y compris l’auteur de ces lignes, dans le cadre des échanges de l’Office franco- eid ‘étaient en mesure le toucher du doigt aux proble- mes, lors d’un récent séjour de trois semaines en France, en Suisse et en Allemagne. Le Haut-commissariat a la jeu- Messe, aux loisirs et aux sports, par l’entremise du dé- puté Gilles Houde, responsable du H.-C. aupres du ministre de |’Education, doit recevoir tout le crédit pour cette initia- tive dont le but ultime était de favoriser une prise de cons- cience du ‘Fait amateur’”’. Ce n'est pas rentable Ainsi, du haut de leur tour divoire, les dirigeants et “star reporters” de l’Equipe. le grand quotidien parisien con- sacré exclusive ment aux sports, ont avoué au groupe québécois, quiils avaient consenti a rece- voir, que s’ils étaient tous d’ac- cord en principe pour favoriser la participation de la masse aux disciplines sportives. la pratique leur dictait une ligne de conduite bien différente, uestion d’assurer la rentabi- lité de leur journal. “Bien sur. nous accordons quand méme beaucoup d' espace au sport amateur’, confiait Marcel Hansenne, directeur de Yinformation de LEquipe. ‘Mais nous choisissons des dis- ciplines qui attirent le spec- tateur, telles l'athlétisme, la nation et le cyclisme, ow les Francais excellent habituelle- : ment. “Je nous verrais mal con- sacrer un espace fou a une competition de lutte gréco-ro- maine. Avez-vous déja vu un spectacle. plus disgracieux que deux mastodontes qui se re- rdent et s‘étudient durant de jongues minutes avant de cher- cher a se coucher mutuelle- ment au plancher?” Il exagérait volontairement, sans doute. Mais M. Hansenne avait quand méme raison de di- re que le lecteur des pages sportives veut d’abord savoir si son équipe professionnelle favorite a gagné ou perdu, com- ment elle s’est comportée. Mé- me réaction du coté de Mar- seille ot nous avons égale- ment eu le plaisir de rencon- trer un groupe de journalistes sportifs. Au Canada, c'est le hockey, le baseball et le football pro- fessionnels qui accaparent les manchettes. En France, c'est le soccer, le cyclisme, le rug- by (sport semi-professionnel) et la boxe qui defraient les longues rubriques. Et meme si le sport. soi- disant amateur a une place beaucoup plus importante en Europe quen Amérique du Nord, il doit quand meme jouer deuxieme violon derriere le professionnalisme. Des Jeux simples? Cette conception du journa- lisme, partagee des deux cé- tés de l’Atlantique a cause des exigences du lecteur, a forcément -des répercussions sur. le grand principe de ‘Jeux olympiques simples’, roné par le comte Jean -de eaumont (rencontré a Lau- sanne),. vice-président du CIO et suceesseur éventuel d’Avery Brundage, et repris le maire Jean Drapeau ici méme a Montréal. : Lors du passage des Qué bécois 4 Munich, pour une vi- site des formidables instal- lations en vue des Jeux de an prochain, un attaché de presge du comité organisa- eur y est allé du commentai- re suivant: “Vous savez, Munich, au départ, voulait présenter ses Jeux dans la plus grande sim- plicité. Mais nous nous som- mes vite apercu que c’était utopique. Le ees s'est emparé des J.0., et ce sont les fédérations internationales qui décrétent quelles instal- lations nous devons leur of- frir. Si votre maire veut re- venir & Lidéal ancien, je lui souhaite la meilleure des chan- ces mais il n’y réussira pas.” Ce n’était pas tres gentil pour M. Drapeau, mais il y a quand méme beaucoup de ve- rité dans cette affirmation. On n’en veut pour preuve que ce canal zigzaguant d’un uart de mille et d'une pro- ondeur de 15 pieds 4 courant d’eau variant entre 12 4 15 milles 4 ’heure. Ce canal ser- vira au slalom de. canot, une nouvelle épreuve ajoutée aux autres courses déja approu- vées pour l’an prochain par la Fédération internationale de canot-kayak. Le cofit de cons- truction de ce canal: $3,000,000. “Nous serons maitres...” Louis Chantigny, un ancien confrére qui dirige aujourd’ hui la recherche et l'information aupres du comité organisa- teur des Jeux de Montréal, était visiblement offusqué de la remarque de l’attaché de presse. “Nous. ne voulons pas com- hess une controverse’, dit- — “D/ailleurs, il est. une loi tacite qui empéche toute cri- tique d'un comité organisa- teur des Jeux 4 l’endroit d'un autre. — : “Mais chose __certaine, Montréal ne se laissera pas dicter une ligne de conduite par les fédérations internatio- nales. Nous recevrons leurs athletes avec grande dignité, mais ils devront évoluer 1a oa nous |’aurons prévu. Le comité organisateur de 1976 est roi et maitre en cette matiere.’’ : Chantigny explique, non sans raisons valables, que Munich est dans une situation tres dé licate,-en raison de la grande rivalité qui existe entre les deux Allemagnes, celle de l'Est, communiste, et celle del’ Ouest, capitaliste. “Evidemment, 4 cause de sa proximité, Munich sera en- vahie par la presse écrite et électronique des pays de l'Est européen comme jamais une ville olympique ne laura été - auparavant. I] lui faut donc s’offrir en spectacle, et c’est urquoi les Allemands de ‘Ouest n’ont rien ménagé pour épater, sinon éblouir, les peuples du bloc communiste. Et nous pourriors ajouter une observation onnelle: les athlétes de l’Allemagne de YEst, subventionnés ou- trance par l’Etat, ne feront qu'une bouchée de leurs ‘“‘cou- Munich prépare, pour l’an prochain, des Olympiades fastueuses, qui auront nécessité quelque $ 600,000,000 pour les seules installations. Une jeune acrobate munichoise, Margarete Probst, fait ici un peu de gymnastique devant le village olympique en construc- tion. En arriére, on distingue la déja celébre tour ainsi que les pyldnes (A dr.) du grand stade de 80,000 spectateurs. sins’ de l'Ouest. Autre raison pour Munich de compenser, parson faste, pour cette défai- te inévitable, coté compétition, aan Yenvahisseur triom- phal. Et pourg uoi pas? Malgré toute notre sympa- thie pour notre bon ami Louis Chantigny et le maire Dra- au, il est qiiand méme dif- icile de ne pas éprouver un certain scepticisme quand ils prétendent que des Jeux simples, c'est réalisable. Comment, en effet, . faire accepter aux meilleurs athle- tes du monde qu se produi- sent, en 1976, dans des locaux. ou des installations qui n‘at- teindront pas, voire dépas- ser, l'excellence de ceux ot ils se seront produit quatre ans auparavant? On pourra difficilement leur offrir moins qu’a Munich. Coté prestige, Montréal a une cote d'amour. excellente sur le plan international. Mais cette cote baissera rapidement si, de part et d'autre, on commence a la fustiger a cau- se de ses équipements olym- piques inadéquats. Et si les Montréalais n'ont pas & se préoccuper du pro- bleme des deux : Allemagne cause du cout quasi effarant (quelque $600,000,000 pour les seules installations olympi- ques) des Jeux de Munich, il y a quand méme celui de la proximité des Etats-Unis, le pays le plus riche au monde. s Américains auront les yeux braqués sur leurs voi- sins du nord en 1976, et il faudra compter sur eux pour assurer,. cdté assistances, la rentabilité .du' projet. Il ne faudra pas que la critique, justifiée ou non, les en tienne éloignés. Un dirigeant du sport ama- teur de France, rencontré au hasard du voyage, déclarait sans ambages que I unique fa- con de retourner aux sources et de présenter des Olympi- gues simples, “cest de les éliminer pour huit, peut-tre 12 ans. Apres ¢a, on re- commencera a neuf.” Excellente -remarque, peu valable malheureusement pour Montréal qui est déja engagé pour 1976, mais pertinente aux villes qui s'apprétent dé- ja a poser leur candidature pour les Jeux de 1980, quiils soient d' été ou d’hiver. -Devenes mempre — et ouvres un compte Pour toutes informations communiquez avec LA OAISSE POPULAIRE. ST-SACREMENT , _ Péléphone 874-9622 700 - 16idme avenue ouest. La Caisse Populaire St.Sacrement . Venez emprunter a la Caisse pour consolider vos dettes Vancouver 9, 0.-B. XIV, LE SOLEIL, 27 AOUT 1971