8 Le Soleil de Colombie, Vendredi 25 aoat 1978 Le livre iC iiccc EC tcc DIC iiccc EC c Ci. co Ctccc Cece Ciicce “La mémoire et la promesse’’ de Naim Kattan Une rencontre Orient-Occident Drdéle d’essai, en vérité, que La mémoire et la promesse, de Naim Kat- tan, publié chez Hurtubise HMH. Oeuvre littéraire a structure trés ouverte, dont on ne commence a saisir le sens et les visées que dans la seconde partie, ce livre nous améne, a travers un parcours sinueux, a une sorte de lecture glo- bale de l’Occident a tra- vers, d'une part, ce que l'on appelle communé- ment les grandes ceuvres et, d’autre part, quelques expériences et constata- tions plus ou moins inti- mistes de |’auteur. Le tout, il faut bien le dire, dans un style relativement souple, trés littéraire et, ma foi, fort agréabie. Ce qui frappe d’abord, chez Naim Kattan, c’est sa vaste culture a caractére universel. Et c'est sans doute la a la fois sa force et sa faiblesse. Sa force, parce que ce livre, comme ses précédents es- sais, fourmille d’exemples et d‘illustrations générale- ment trés 4 point de ses arguments et qui ne sont pas sans les faire reposer surdes bases solides. Mais faiblesse aussi, car Naim Kattan a une forte propen- sion au réductionnisme. Ce qui est souvent le lot des penseurs de grands ensembles. A sa décharge, toute- fois, il faut avouer que le sujet a de l’envergure et que l'argumentation re- pose sur une vision glo- bale du rapport Orient- “Occident. Car ce livre, c’est un peu histoire de ‘Naim Kattan dans son pas- sage de [Orient (Kattan est né a Bagdad, en Tur- quie) a l’Occident; c'est une sorte de lecture de lexil, lecture a plusieurs grilles: la sociologique, la littéraire et surtout la * biblique. Toute limpul- sion de cette derniére grille est d’ailleurs donnée dans ‘introduction: “L’aven- ture américaine mest ap- parue alors comme une tentative consciente, déli- bérée, de concrétiser une parabole biblique. L’appel au départ, l'attente, le désert, |l‘exil et l'investisse- ment d‘une terre promise. Terre promise qui se réduit a une terre de promesse, une promesse repoussée a plus tard, remise, jamais Alors suit un long texte morcelé en une douzaine de chapitres dont certains ont du corps, comme le Lieu et-L’Espace: d’au- tres, cependant, comme par André Carpentier l'Homme et I’Oeuvre et Culture et Pouvoir, ont les flancs un peu mous et laissent percer un certain manque de stabilité. dans la pensée politique de Kattan. A ce sujet, cependant, certains passages de La culture et Il’Etat consti- tuent une sorte de ré- flexion d‘ensemble fort in-_ téressante, méme si trés discréte, sur l’expérience de Naim Kattan dans le fonctionnarisme culturel ; et si Kattan n'est pas dupe du rdle de |'Etat dans le domaine culturel, jugeant que c’est a lui qu’incombe la responsabilité de finan- cer la culture, il n'est pas dupe non plus des tenta- tions des politiciens d’in- fluencer les milieux artis- tiques et d’en contrdler les organismes de pointe. Sur cette question, ses positions, quoi que idéa- listes, sont plut6t récon- fortantes. Kattan est né en Tur- quie, nous vous l’avons déja dit. Or, ce qui étonne, dans ce livre, c’est le point de vue, la perspective proprement issue de ce que les sociologues nom- ment: les minorités eth- niques. Perspective qui Votre Intellectuels ignares des arts nobles que consti- tuent les travaux manuels, si d’emblée l‘idée vous prenait de vous livrer a quelques travaux de me- nuiserie utilitaire, ce qui ne serait pas sans provoquer \'admiration de vos dignes épouses et vous procurer une paix intérieure et une liberté d’esprit ot puiser la détente ultime qui méne a4 la réflexion saine, il vous faudrait d‘abord nourrir votre ignorance en ces domaines d‘un minimum d'information dont vous trouverez la somme dans Mes outils de menui- serie, de Laurier Vaillan- court, publié & Montréal, aux éditions Héritage, en collaboration avec les édi- tions T.M. A. défaut de pouvoir vous offrir (pour quelque $25) l‘imposant Manuel complet du bricolage récemment mis en vente par les éditions du Rea- offre a la fois une vision de |'extérieur, ce qui per- mettra 4 Kattan de juger de la dualité Orient/Occi- dent, et une vision de l‘intérieur qui lui permet- tra de s‘immiscer dans ce qu'il décrit. C‘est cependant cette méme double vision qui donne a La mémoire et la promesse un Carac- tére profondément ambi- gu. Kattan emploie le “je, maisjamaisle nous’. Sa vision par l'oeil de boeuf biblique, aussi, enveloppe ses propos d’une morale attachante, mais globa- lisante, voire encore une fois idéaliste. Naim Kattan juge les choses a distance, mettant en rapport des éléments qui, a premiére vue, ne semblent pas en avoir et faisant s’abimer quelques idées_ précon- cues qui flottent trop sou- vent a la surface de nos mémoires. Ainsi, Kattan se place comme une sorte de nou- veau découvreur d'Amé- rique, cherchant |’accom- plissement du grand songe de cette Terre Promise: ‘American Dream, jus- qu’a croire d’ailleurs que ‘Amérique se serait peut- étre tout simplement trom- pée de promesse! Ce qui coffre a par Jacques Larue-Langlois der’s Digest, ce petit ou- vrage spécialisé en me- nuiserie vous permettra amplement d’apprendre a utiliser l‘impressionnante panoplie d’outils que vous lorgnez déja depuis un moment chez le quincailler du coin. Rédigé simple- ment et abondamment il- lustré de facon claire, cet ouvrage, dont le lexique vous révéléra le sens de mots anciens et beaux serait plutét exaltant et rassurant pour notre avenir collectif... . Cette démarche |’améne ainsi a de multiples consi- dérations aussi bien sur le western, la littérature po- liciére et les grands au- teurs d’Occident que sur les habitudes hygiéniques, la publicité ou la religion. De fait, La mémoire et la promesse, par le sur- vol de ce complexe uni-. vers “‘modernisant’ dans son entité socio-philoso- phique appartient a ce type de livre qui ne sur- prend que rarement le lecteur, ce type de livre qui ne parait jamais nous confronter a quelque cho- se de vraiment nouveau. II: nous semble toujours que ‘on savait tout cela... sans toutefois l’avoir ja- mais pensé! Et c’est la le jeu, et sans doute le rdle, de ces penseurs de grands ensembles que de susciter une nouvelle foi en notre Occident malade et de provoquer une nouvelle quéte de la Terre Pro- mise. ‘Terre promise a l'homme . . . par l'homme, bien sdr. Un livre, donc, surtout intéressant par sa continuité, la réflexion qu'il suggére... outils comme “‘avoyer”, “’chan- frein’, “équarissage’’, “‘ga- barit’ et ‘“mandrin”, ne traite que des outils sim- ples a mécanique peu -compliquée et exclut tous les outils électriques. Ne serait-ce que par les tableaux illustrés permet- - tant d‘identifier les divers types de clous, vis, méches et forets et leur utilisation précise, ce livre affiche une masse de renseignements essentiels susceptibles de transformer |‘amateur en- thousiaste en un connais- seur précis. Si le nom de Laurier Vaillancourt vous dit quel- que chose, c’ést quece diplémé de l'Institut des arts appliqués et de I’Uni- versité de Montréal, qui enseigne 4 la CECM de- puis une douzaine d’an- nées; est familier aux té- \éphiles de Télé-Métro- pole par sa chronique sur le bricolage a I’émission “Samedi Midi". Découvrir un pays... Ce pays, c’est bien sir le Québec et plusieurs publications ré- centes nous aident 4 mieux le connaitre, ou du moins a le redé- couvtrir. En coédition Beauchemin-Editeur officiel du Québec, on lance deux guides de référence sur La Gaspésie. Dans le premier vo- lume, Pierre Rastoul et Alain Ross nous aménent de Grosses- Roches & Gaspé; dans le second, Paul-Louis Martin et Gilles Rousseau présentent un itinéraire culturel allant de Miguasha & Percé. Ne vous ‘‘aventurez” pas en Gaspésie sans eux! Dans sa collection “Les retrouvailles’’, le ministére des Affaires culturelles présente Les églises et le trésor de Saint-Pierrede la Riviére-du-Sud, La prison des Plaines d’Abraham, La plaine cétiére de Bellechasse et Les monuments historiques de Laterriére. Des plaquettes d'une trentaine de pagestrés bien documentées. Trois jours en montagn par Claude JEAN Non, ce nest pas. la conquéte de |'Annapurna, mais c'est quand méme en haute montagne que nous sommes montés pendant le long week-end du début aoit. Vancouver est une ville qui offre beaucoup de possi- bilités pour occuper ses loi- sirs. Si vous 6tes fatigués de la plage, tournez-vous vers le nord et de magnifiques montagnes accueillantes at- tendent votre randonnée. Enquille Lake, étrange nom qui fait penser a quel- que chose de francophonie. Il est a penser qu'un Québé- cois est passé par 1a. Ce lieu est situé dans les montagnes qui bordent la vallée de Pemberton, passé le mont Whistler. Le chemin qui méne sur les hauteurs du lac est une épreuve d’endu- rance pour qui ne chausse pas ses bottes réguliére- ment. : C’est une marche de 12 kilometres a travers un petit chemin montant et trés es- carpé que traversent des ruisseaux d'eau fraiche des. cendant des neiges, vous invitant a vous peneher et boire quelques gorgées, pas trop! ' Vous n’étes pas encore arrivé. Aprés une marche d‘environ cing heures, ‘‘i] faut le faire’’, passé le tor- rent, vous arrivez sur un terrain plus ou moins plat et ~ rocailleux. C'est le passage entre deux montagnes s’éle- vant a 7,000 pieds. La, tranquillement, le che- min tourmenté s’adoucit et descend vers le lac ot une surprise vous attend. Aprés une si longue marche ou vous anticipez le moment de vous reposer paisiblement sur votre sac 4 dos, entre les arbres vous vous apercevez avec surprise et délice que - vous étes au but. Un lac si beau et diffé- rent de ceux qu’on voit plus bas. Vous avez oublié la ville etla civilisation ek vous ren- trez dans l'exploration d'un monde que vous ne connais- sez pas. Si vous aimez la monta- ene, vous pouvez monter plus haut et la-haut. tout en haut. vous voyez le lac tout — petit parmi la lumiére pure et le vent fort des hauteurs vous disant que vous étes parvenus au sommet. ; Vous devez étre habilleé chaudement, car par cette journée nuageuse, l'air était froid. Quelle impression! Vous étes dans la lumiére des sommets. il y a de la neige ici ét 1a, les pics sauvages et dentelés s'éten- dent 4 perte de yue. Vraiment. les montagnes de la région sont magnifi- ques et si vous avez la chance de faire un voyage comme celui que nous avons fait, c'est une chose inoublia- ble. Trois jours minimum sont nécessaires pour faire une telle excursion. La premiére journée pour monter, la deuxiéme pour explorer et la troisiéme pour le retour. Bien sir, il faut revenir, © mais avee du nouveau dans les idées. C’est l'expérience quont connue Rose-Héléne. Leah. Sandra, Jane, Gary et Claude. — Les amis sont comme les taxis: on n’en trouve plus quand le temps est a l’orage. {P. Bonnet] — Le bonheur de !’homme nest pas dans la liberté, mais dans l’acceptation d’un devoir. [Antoine de Saint- Exupéry]. —Si l'on voulait n’étre qu’heureux, cela serait bien- tSt fait; mais on veut étre plus heureux que les autres. [Montesquieu] —Le bonheur, c'est d’en donner. [Frangois Coppée]