4— Le Soleil de Colombie, vendredi 26 octobre 1984: 8 tite de la page 1 rendues possibles grace a la fondation en 1981 d’une asso- ‘ciation des détenus franco- phones a Kent, qui a ensuite essaimé, au fur et a mesure des transferts, sur l’établisse- ment de Mission. La création de cette association a permis a la Fédération des Franco- colombiens d’intervenir, et de consacrer une partie de l’em- ploi du temps d’un animateur a la situation dans les prisons. Mais l’essentiel, pour un détenu, ne se résume pas a une bibliothéque ou a une soirée sociale pour Noél, mé- me si ces éléments ne sont pas a négliger. L’important est que le prisonnier puisse parler d’égal a égal, dans sa propre langue, avec l’administration qui le retient. Et de ce cété 1a, les services correctionnels jus- tifient en Colombie britanni- _ que leur réputation, acquise a travers tout le Canada, mau- vais éléve de la loi des langues officielles: Méme si, ici ou 1a, un fonc- tionnaire du systéme péniten- tiaire est par chance bilingue, un prisonnier devra défendre sa cause, dans un anglais pas toujours bien maitrisé, devant les Cours disciplinaires ou de gestion des cas, devant les gens qui décideront ou non de sa liberté conditionnelle, de- vant le médecin etc... A moins d’étre parfaitement bilingues, les francophones sont alors doffice dans une situation d'infériorité. De plus, de nom- breux témoignages recueillis dans les prisons de Colombie britannique soulignent le fait qu'ils n’ont pas vraiment inté- rét a exiger des services en francais, pour ne pas se faire mal voir de |’administration, et des gardiens... En effet, un gardien qui ne ~ parle pas francais aura ten- dance a considérer avec suspi- cion le dialogue de deux détenus dans une langue qu'il ne comprend pas. L’an der- nier, la suspicion a mal tourné quand cing francophones ont été mis en quarantaine pour une tentative d’évasion imagi- naire. Fn fait , les cing prisonniers incriminés avaient eu le tort de rester un peu trop souvent ensemble... Moins armés, moins vite. De plus, les détenus franco- phones n’ont pas les mémes facilités que leurs compa- gnons anglophones pour sui- vre des programmes de for- mation. Les francophones des prisons sont disséminés un peu partout en Colombie britanni- bien vu le jour, que et la mise en place de cours reconnus par les univer- sités ou les commissions sco- laires, suppose un minimum de centralisation. Or il n’est pas envisageable, pour de simples raisons de sécurité et de discrimination, de réunir tous les francophones dans un méme établissement. Conclu-’ sion, les francophones sorti- ront de prison moins bien armés pour le marché du travail. Et ils ont aussi pas mal de chances d’en sortir moins vite. En effet, le processus des libérations conditionnelles est essentiellement basé sur le sys- téme des employeurs qui s’en- gagent a fournir du travail a tel ou tel détenu, et aussi sur lorganisation de structures d'accueil semi-pénitentiaires. Or, toute cette infrastructure, négligée pendant des années par le service correctionnel de Colombie britannique, reste a établir en frangais. L’an dernier, le Service Correctionnel a tenté l’ouver- ture ‘d'une maison de transition bilingue a North Vancouver. Ce foyer aurait accueilli pendant plusieurs mois des détenus franco- phones et anglophones aprés leur sortie de prison. Cette maison de transition a bel et mais la Fondation Saint -Léonard Le francais en prison qui en a la gestion absolue, n’a pas jugé utile d’engager du personnel d’encadrement bi- lingue... Sans que le service correctionnel lui-méme ne puisse réagir. Un coup d’épée dans l'eau, qui témoigne néanmoins de la toute nou- velle bonne volonté des auto- rités pé€nitentiaires vis-a-vis des francophones. Ainsi, tenant compte des “encouragements” de l’ancien solliciteur général Robert: Kaplan, et d’un rapport aux conclusions mystérieuses du Commissariat aux langues of- -ficielles, le Service correction- nel semble prét a dégager des fonds pour que la loi sur les langues officielles soit — res- pectée dans ses €tablisse- ments. Des employés bilingues sont a l’entrainement et ]’Ad- ministration vient de mettre a la disposition de la Fédéra- tion des Franco-colombiens des crédits pour qu’elle enga- ge pendant cing mois un contractuel destiné a réunir le plus d'information possible sur les détenus francophones, et les possibilités de réinser- tion en Colombie britanni- que. Cette étude devrait permet- tre de dessiner le portrait du détenu francophone en Colombie britannique, et de déterminer des besoins. De l'intérieur. Les membres font bloc autour du Centre Suite de la page 1 gée par le Secrétariat d’Etat. En effet, le Secrétariat d’Etat, comme c’est son droit le plus absolu, a accompagné I’octroi de sa subvention annuelle de l’exigence de voir le Centre se soumettre a une étude d’im- pact. Dans l'esprit de la plupart des intervenants du mercredi 18 octobre, cette étude, concue “dans un esprit positif”’, selon le Secrétariat d’Etat, était bel et bien une sanction imposée au Centre a la suite de son “indiscipline” lors de la crise Kaléidoscope et de sa participation au “Grou- pe des six” (voir nos éditions précédentes) . Ainsi, certains intervenants Ont ouvertement mis en cause la nécessité de cette étude, d'un coat d’environ 15 000 dollars qui, selon, Nicole Allard, professeur a Coquitlam, “auraient pu étre mieux utilisés ailleurs alors que les subventions sont déja difficiles 4 obtenir”. D’autres. se sont interrogés pour savoir si une étude de l’impact de Vensemble des associations francophones sur la commu- nauté de langue francaise de C.b. n’aurait pas été plus utile, et si une telle enquéte n'est pas envisageable dans les années a venir. La consultante, Mary Joe Lynch, n’a pas jugé utile de répondre a ces questions et s'est contentée d’écouter avec attention toutes les interven- tions: son travail a elle est de réunir le plus d’informations possible sur le Centre et cette audience publique ne consti- tue qu’une partie du processus d’étude; elle a mené toute la semaine qui a précédé cette audience des entrevues avec des composantes variées de la communauté francophones: Artistes, personnel du Centre, représentants de la Fédération des Franco Colombiens ou du Secrétariat d’Etat etc... Il n’en reste pas moins que cette audience a été percue comme l’élément central de l’enquéte. En effet, lors de la présen- tation en juillet dernier du plan d’étude au président du Centre culturel, Vincent Pigeon, celui-ci avait notifié son opposition a la tenue d'une audience publique, po- sition qui, officiellement, n’a- vait jamais été communiquée a la consultante. D’autre part, l’annonce de la date de cette audience publique avait paru dans ‘Le Soleil de Colombie” alors que les responsable du Centre culturel n’étaient pas au courant... En réunissant en catastrophe le plus de monde possible ils ont donc fait leur travail. Reste 4 la consultante 4 faire le sien, qui est d’établir limpact réel du Centre dans la communauté et 4 terme, de déterminer s'il justifie ou non les 144 339 dollars que le Secrétariat d’Etat lui a octroyé pour 1984-85. Il reste a attendre les conclusions de l'étude, attendues vers la mi- novembre, pour déterminer quel poids aura eu cette audience publique dans l’es- prit de Marie Joe Lynch. Suite de la page 1 seignement d’une langue se- conde... qu’en francais. Que s’est-il passé entre la fin des années soixante et le début des années quatre-vingt? Tout simplement une petite révolu- tion: la session législative de 1968, a Baton. Rouge, qui a pratiquement amorcé 4 elle seule le bond en avant du francais. Du moins sur le papier. : A partir de Baton Rouge, il n'est plus interdit ‘de publier des annonces gouvernemen- tales en francais, méme si les fonctionnaires, soucieux de rentabilité, renacleront long- temps avant d’appliquer le décret a la lettre. D’autre part, l’Etat crée une télévision bilingue appelée “Television louisianaise” qui n’a jamais vu le jour dans la réalité, mais qui a posé les bases de KRVS. De plus, la méme session législative a vu la création du C.o.d.o.f.i.1. (Conseil pour le développement du francais en Louisiane), agence officielle du gouvernement, qui va devenir le fer de lance perma- nent de la lutte pour la promotion de la législation .favorisant le francais. Ce C.o.d.0.f.i.l. va avoir beau- coup a faire dans les années qui suivent 1968 car, si Baton- Rouge a posé la premiére pierre du renouveau, tout reste encore a construire. Ainsi, la session de Baton- Retour aux sources Rouge encourage, sans rien exiger, l’enseignement du francais dans les-classes €élé- mentaires. Trés vite, la moitié des Commissions d’éducation de Louisiane suivent cette recommandation officielle et ouvrent des classes de francais dans quelques unes de leurs écoles. Sans grand résultat: le francais ne fait pas encore recette, méme chez les franco- phones, et les inscriptions sont rares. D’autre part, le francais va perdre une bataille législative d'‘importance en 1974, quand VEtat louisianais décide de ‘s'offrir une nouvelle constitu- tion et refuse d’y intégrer le francais a part entiére. Exac- tement comme en Ontario aujourd’hui, le gouvernement est alors prét 4 garantir des services en francais mais n’en- tend pas les élever au rang de droit constitutionnel. Ainsi, pour répondre a la pression du C.o.d.o.f.i.l., l’Etat loui- sianais se contente d’ajouter a la nouvelle constitution un vague article stipulant que “le droit du peuple a préserver et promouvoir ses origines cul- turelles linguistiques et histo- riques, est reconnu”. Le fran- ¢ais vient de perdre une occasion unique de revenir en force dans la constitution. Aprés la victoire indiscu- table remportée a Baton Rouge, le francais a donc patiné plusieurs années avant d’atteindre sa vitesse de croi- siére en Louisiane. Curieuse- ment, il va trouver un second souffle grace a une initiative gouvernementale plus qu’a l'intervention de la commu- nauté francophone _ elle- méme. En 1975, la législature adopte la loi des 25%: si un quart des parents d’éléves exigent par pétition que leurs enfants puissent avoir accés a une langue seconde dans leur école, la Commission d’éduca- tion devra alors fournir cet enseignement dans cette école donnée. Cette fois, l’enseignement du francais est bel et bien dans les textes, et quand en 1978 la Paroisse de Jefferson-Davis abolit unilatéralement. _ les cours de francais dans une de ses écoles, elle se heurte 4 la _loi de 1975, et aprés une joute juridique mémorable contre le C.o.d.o.f.i.l., elle doit fi- nalement se soumettre. De- puis lors, les effectifs des classes de francais ne cessent d’augmenter et ils ont nette- ment décollé du chiffre de 50 000 péniblement atteint a la suite des “recommanda- tions” de Baton Rouge. Aujourd’hui, les universités ne suffisent plus a la tache de produire suffisamment de professeurs qualifiés, et la Commission d’Education de la Nouvelle-Orléans a donc déci- dé cette année d’exiger des étudiants, deux années de Fin de série cours en langue seconde, avant de leur accorder leur dipléme d’enseignement au secondaire, objectif: obtenir que les 500 000 Louisianais francophones (estimation mi- nimale) , sachent lire et €écrire leur langue. La présentation du Centre communautaire repoussée La Société _franco- colombienne de dévelop- pement des centres com- munautaires n’a pu faire la présentation de son projet sur un centre communau- taire le 18 octobre dans la salle paroissiale Saint- ‘Sacrement; l’audience pu- blique sur le Centre cultu- rel colombien, qui avait lieu ce méme soir, a trom- pé et découragé plus d’un; la réunion de la Société a été annulée et reportée au jeudi ler novembre a 19h30 (7h30 p.m.) dans le sous-sol de l’église Saint- Sacrement, au 3196 rue Heather a Vancouver. Mais avant, il y aura une autre présentation a North Vancouver le 29 octobre a lécole Larson, 2605 rue Larson, dans la bibliothé- que de l’école. Suite de la page 1 ce Québécois qui vendait non seulement des futons, mais également du tissu pour aller avec, et parti- culiérement du tissu para- chute qui provenait de Montréal. “Nous avons trés peu de francophones par- mi nos clients”. Mais com- me par hasard, par deux fois sur mes trois visites, une Canadienne-frangaise était dans le magasin et passait commande. Tout en me _ parlant, Robert étale sur une table haute sur pattes une enve- loppe de drap de coton avec fermeture éclair, il bourre l’intérieur de cou- ches de coton pur qui se compose de fleurs du co- ton; celles-ci proviennent de l'Inde, d’Afrique ou de Chine. Entre le coton Robert installe une plaque de mousse: “J’ai trouvé que cest plus agréable pour le corps et particu- liérement pour l’os de la hanche et 1’épaule _lors- qu’on est dans la position couchée, et puis ¢a tasse moins”. En levant le coton, Le bourrelier des temps modernes de la poussiére flotte dans lair, on se met 4 tousser. “Je devrais porter un mas- que, mais j'ai horreur de ¢a, alors je me mouche plusieurs fois et c’est tout”. Dans l’usine qui ressem- ble beaucoup plus a un atelier, il n’y a aucun stock, seules des feuilles de mousse, des plaques de. coton sont entassées, les meubles ne se font qu’au fur et a mesure. “Nous gardons comme principe de fabriquer et de livrer en moins de dix jours. On peut fabriquer et livrer cinq gros divans par jour”. Pour cela Robert fait des dix heures par jour cing jour par semaine, ce qui est trés normal pour lui, il ne s'y arréte pas, il pense plutét ouvrir un nouveau magasin a Coquitlam et un quatriéme il ne sait pas encore ot. ‘“Maintenant que nos produits sont au: point, on peut aller de avant” ;une des meilleures preuves pour ce jeune Qué- bécois et sa petite entre- prise, leurs concurrents co- pient. leurs créations. La position du gouvernement Suite de la page 1 par le président du Conseil du Trésor: l’accélération des tra- vaux techniques nécessaires pour assurer que toutes les lois constitutionnelles aient une égale valeur dans les deux langues. La constitution de 1982 garantit l’égalité du frangais et de l’anglais devant la loi, mais, dans la prati- que, la difficulté des traduc- tions juridiques et les lenteurs d’adaptation des instances ju- diciaires en place, entrainent souvent la primauté de l’an- glais sur le francais. Anisi, M. de Cotret a annoncé qu'un comité de juristes chargé de mettre au point les textes francais des documents consti- tutionnels, s’étaient mis au travail dés le 21 septembre, trois semaines aprés l’arrivée au pouvoir du Parti conser- vateur. “Ces travaux techni- ques, a précisé le président du Conseil du Trésor, aboutiront a des textes constitutionnels qui respecteront enfin le sta- ei Approvisionnements et Services Canada Corporation de disposition des biens de la Couronne sur les lieux. Ministre des et Services Ce SURPLUS DU GOUVERNEMENT VENTE AU COMPTANT ET A EMPORTER e Mobilier et equipement de bureau ¢ Outils * Equipement électronique Tous les articles sont vendus “tels quels” et doivent étre payés au comptant ou par cartes de crédit au moment de la vente. Aucun remboursement ni échange. Pas de visites au préalable a la vente au comptant et a emporter! Lieu de la vente m= | APPROVISIONNEMENTS ET mS | SERVICES CANADA 3551 Viking ey Richmond (C.-B.) V6V 1W6 (604) 270-1779 VENTE PUBLIQUE e Automobiles e Camions ‘Les offres seront recues sur les lieux jusqu’a 14h00 le samedi 3 novembre 1984, date de cldture. Les formulaires d’offre d’achat et les conditions de vente seront disponibles Lieu de Ia vente 14351 Burrows Road Richmond (C.-B.) Date des ventes SAMEDI le 3 novembre 1984 09h00 a 14h00 Approvisionnements tut accordé au francais com- me une des langues offi- cielles du Canada”. En cl6éture 4 son discours, et aprés avoir rappelé le réle du Commissariat aux langues of- ficielles, dont le troisiéme titu- laire, M. D’Iberville-Fortier, est entré en fonction le mois dernier, M. de Cotret a rappelé le discours prononcé par Brian Mulroney a la Chambre des communes sur les droits linguistiques des Franco-Manitobains en octo- bre 1983. “Le bilinguisme constitue un apport précieux pour le Canada, avait décla- ré M. Mulroney, il constitue une dimension indispensable de la vie de notre nation. Toutefois, ce programme doit étre appliqué avec justice et équité. Sa valeur sera amoin- drie si un grand nombre de Canadiens en viennent a le percevoir comme un instru- ment de division et d’in- justices (q.<) J.F. Fournel Supply and Services Canada Crown Assets Disposal Corporation Minister of Supply and Services