Volume 2 Le Moustique ge? édition Septembre 1999 Page 6 Critique Littéraire Livre de Poche Quelle horreur que le déseeuvrement ! Quelle merveilleuse opportunité aussi quand il vous améne 4 lire un livre qu'on n‘aurait jamais songé a acheter, qui pendant des années aurait pu se couvrir de poussiére sur quelque étagére, qu'on n'aurait jamais osé recommander a quiconque. Les tous premiers livres que j'ai lus en francais, et avec quelle délectation, je m’en souviens encore, étaient des livres d'aventure. J'ai lu ainsi, coup sur coup, "Paul et Virginie", "Le roman de la momie", "Pontcarral”, "Le capitaine Fracasse". Insatiable, je me suis trés vite attaqué a plus gros. Et tout y a passé ! Sans ordre, en avalanche, mille livres ont été forcés dans la moulinette enfiévrée du cerveau de mes quinze ans. "L'lliade et L'Odyssée" apres "Les trois Mousquetaires", "Le Comte de Monte Christo" et avant " Salambo", "Colomba", les traductions de Conrad et méme la Divine Comédie. Puis l'école s'est chargée de mettre un peu d'ordre dans ce maelstrém et dés que cette institution invoquait un auteur, j'en lisais tout ce qui était accessible avec plus ou moins de bonheur. Mes gotits d'alors (et ont- ils vraiment changés ?) me faisaient préférer mille fois Camus et Malraux a Sartre, ee Giraudoux a Gide, Saint-Exupéry a Bernanos, Blondin a Nimier. Puis il y a eu le nouveau roman et la poésie d'avant-garde et la, j'ai quelque peu perdu pied au point qu'a un moment j'ai pu croire comme Roche que la poésie n'existait pas (ou n'existait plus). Et pendant tout ce temps, je lisais toujours Dumas. Ce ne sont pas les vitamines, les coquinones ni les Ginkgo biloba qui m'ont conservé une certaine jeunesse (d'aucun diront l'infantilisme), ce sont les tablettes Dumas. J'ai connu, garnement, des moments de plaisir intense quand un nouveau Tintin sortait, que paraissait le dernier Gary, le nouveau Curtis ou que je redécouvrais un Dumas oublié. Or_hier,_en_fouillant_le maigre département _frangais___de__la bibliothéque de Victoria, j'ai trouvé "La Reine Margot". Jouvence ! Un Dumas que je n'avais jamais lu. M'avait-il échappé parce qu'on a jugé qu'en ce temps, je n'avais pas l'ge, alors que j‘eusse vendu mon Gme pour le lire. Ensuite, les années passant, j’en aurais oublié l'existence ? Au moins, cela aura eu ceci de bon que l'on me préparat ainsi une merveilleuse surprise pour plus tard, beaucoup plus tard ! Alors bien sir, je l'ai emprunté et je l'ai lu. Et tout de suite, j'ai retrouvé l'aventure, le flamboiement, la fraicheur, l'invraisemblance crédible, l'age ou je connaissais par ceeur toutes les tirades de Cyrano. La fraicheur, l'invraisemblance crédible ? Ne nous emportons pas ! Dumas, une verve et une fantaisie, peu respectueuses de l'histoire, certes. Cela lui a cotité l'Académie Frangaise. Mais il y a plus que cela. "La Reine Margot" c'est bien entendu deux naifs courageux pris dans les rets de nymphomanes, tous emportés dans le