| IVOUS M’EN |DIREZ TANT Les média électroniques étant de plus en plus perfec- tionnés, il était facile de conclure qu’ils allaient de- venir les héritiers de la langue écrite, rendant inu- tile le bon vieux livre. Mar- un peu 4 la hate, nous dé- clara que l’ére de l’impri- mé était dépassée : la com- munication audio-visuelle était Véchange de l’avenir entre les humains. La pen- sée vivement traduite en ta- bleaux de copleurs, le signe et l’image A trois (ou qua- tre, pourquoi pas) dimen- sions allaient régner sur l’homme entqguré, écrasé de lignes mouvantes, de néons abrutissants . l’attirant de tous cdtés camme des clins d’oeil convaincants. Mon Dieu, je n’étais pas rassuré. ‘La radio et la télévision, l’une médium chaud et 1’au- tre médium froid, allaient- elles 6tre les seuls moyens ‘de connaftre la pensée, les idées de mes compatriotes? shall MacLuhan:, peut-étre. BRAVO, MADAME DE B.! La bande dessinée, la ré- clame affriolante, le cinéma sans intrigue ni déroule- ment logique, le tout chargé d’impact visuel et violent, étaient déja 14, et semblaient aller dans le sens de la pré- diction de MacLuhan. Le nouveau roman _— (incom- préhensible, souvent sim- ple exercice onirique de 1’ esprit, oeuvre qu’on repose aprés l’avoir lue sans en avoir tiré qu’une sensation d’isolement de l?’homme en proie 4 la nausée ontologi- que) semblait en effet amor- cer la décadence du langage dans sa forme écrite. Toutefois, jcad pris ‘conscience de récentes dé- clarations aptes A rassurer tous ceux qui, comme moi, adorent lire et ne veulent ‘pas se contenter des mé- dia chauds, froids ou tiédes de l’audio-visuel frénétique de notre société ‘‘in’’. D’ abord, lors du congrés de l’Association canadienne des bibliothécaires de langue francaise, M. Robert Escar- pit, le journaliste bien connu au journal Le Monde, a ex- posé l’avantage de la com- munication écrite qui permet au lecteur d’intégrer 1’infor- mation A sa pensée d’une maniére supérieure A tout autre moyen ‘‘L’imprimé n’est pas surclassé par la radio ou la télévision’’. Quel bonheur. En outre, ‘la grande Sartreuse’’ qu’est Simone de Beauvoir, avec qui je ne suis pas toujours d’accord, loin de 1a, écrit dans son dernier livre (Tout compte fait, chez Gallimard) que l’image qu’on se borne 4 voir, si elle suggére plus rapidement, n’a pas la place ‘*hautement privilégiée de l’écriture’’ pour ce qui est de transmettre le savoir. L’image suggére, l’écriture explique et définit. VoilA ce qui est bien dit, Madame de B. Elle ajoute, mettant dans mon coeur de lecteur un baume enchanté : ‘‘Je suis plus sensible aux mots qu’ aux images’’. Moi aussi. Donc, comme d’habitude, dans le silence de nos cham- bres, goQtons pendant les longs hivers québécois le plaisir d’un bon livre qui sait si bien nous entrafher, au gré de la phrase évoca- trice, vers les horizons loin-§ tains comme au plus profond des pensées intimes de 1’au- teur. Mieux que ne pourront jamais le faire les images multicolores et les bruits artificiels quiprétendent re- ‘construire un monde trop ra- pidement et trop en surface pour que la pensée ne s’en trouve .pas dangereusement simplifiée. Louis-Paul Béguin _ [PAUVRES POSTIERS! &KM (PYLD$ R 2 Ot expédieriez-vous une lettre dont l’adresse est : ARPAD UP 10 SZAM? C’est exactement le genre de problémes auxquels se heurtent chaque jour les trieurs du eourrier 4 desti- nation de 1’étranger. Chaque année, au bureau de poste de Montréal, plus de 200,000 lettres triées 4 la Section du courrier par avion et du courrjer de surface pour 1l’étranger portent une adresse indéchiffrable ou in- compléte. Les pires casse-tétes pour les trieurs sont les objets ot l’écriture est difficile, si- non impossible 4 déchiffrer. Quelques lettres portent une re. Souvent aussi l’expédi- teur oublie de mentionner la ville ou le pays. Ces lettres sont remises A un groupe d’experts quies- saient de -déterminer 1’ adresse correcte avant d’en- voyer toute lettre A sondes- tinataire, ou, s’ils n’y arri- vent pas, de la renvoyer A | W’expéditeur (A condition, bien sr, qu’il ait indiqué son adresse). Le probléme est parfois résolu en feuilletant les trois volumes qui contiennent la liste. internationale des bu- reaux de poste. Chacun com- prend plus de 700 pages ! Ce: procédé s’est révélé fort efficace un jour. Le bu- reau de poste de Montréal avait regu une lettre od la derniére ligne de l’adresse mentionnait seulement ‘‘Ce- bu City’’. Les experts se sont rendus compte, en feuilletant l’un des volumes, que Cebu City était un bureau de poste des Philippines. Dans d’autres cas, c’est |’ expérience qui sauve la si- tuation. Il arrive que la loca- lité d’ot la lettre a été pos- tee aide A en déterminer la destination. _ Selon M. E.W. Lewis, ad- ministrateur de programme de la Direction de 1’exploita- tion nationale des Postes, indéchiffrables ou incomplé- adresse en langue étrangé- © PUNTA ‘tle probléme des adresses © Or! tr 4 Ww *\lo - ie Al we i} | tes devient de plus en plus grand, car il y'a de plus en plus de gens qui arrivent d’ Europe pour s’installer au Canada. Je dirais m@éme que le traitement de ces objets. est devenu passablement onéreux’’. Les Postes sont en train d’essayer un nouveau pro- cédé pour surmonter ce pro- bléme. Les maftres de poste locaux sont tout simplement priés de prendre contact avec corriger l’adresse sur les lettres avant qu’elles ne soient expédiées. .**De cette facon, nous dit M. Lewis, le maftre de poste local aide A la fois le client et les Postes’’. l’expéditeur afin de Toutefois, si le maftre de poste local ne peut communi- quer avec l’expéditeur, la lettre est expédiée au bureau d’échange du courrier d’ou- tre-mer le plus proche (il y ena 10 au Canada) od elle est examinée 4 l’aide de la liste internationale des bu- reaux de poste. : Les bureaux d’échange du courrier d’outre-mer sont situés aux bureaux de poste de -Vancouver, de Calgary, d’Edmonton, de Regina, de Saskatoon, de Winnipeg, de “Toronto, de Montréal, d’Ha- lifax et de Saint-Jean (Terre-Neuve). Selon M.. Lewis, le nouveau systéme accélérera le trai- tement du courrier de ce genre et allégera le fardeau (eee qui, jusqu’a présent, ne pe- sait que sur un seul bureau de poste, celui de Montréal. Le gros avantage pour le ‘client, c’est que sa lettre ne sera pas mélée aux mil- iliers d’autres lettres de ce genre qui se trouvent au bu- reau de poste de Montréal. Si nous pouvons faire com- prendre aux gens 1]’impor- ‘tance d’une adresse cor- recte sur une lettre, ils ai- ‘deront non seulement les 'Postes, mais aussi eux-mé- mes, en accélérant la distri- bution de ces lettres’’. Et il est probable que vous étes toujours entrain de vous demander ce que ARPAD UP 10 SZAM veut dire ! 4 - = ee Z c ; : ‘LE SOLEIL, 24 NOVEMBRE 1972, XIII eta