ss Le Soleil de Colombie, vendredi ler mai 1987 < 11 Par Jean-Claude Boyer Clarimorris (village au nord de l'Irlande), le 7 septembre 1984. Le sanctuaire moderne de Knock, ot le nouveau pape Jean-Paul II est venu, le 30 septembre 1979, célébrer le centenaire d’une apparition, n’est qu’a 10 km; je les parcours en autostop, exposant mon pouce gauche pour la premiére fois de ma vie. Arrivé au lieu de pélerinage, je ne peux m’enpécher de remar- quer une sorte de grande cage de verre rattachée 4 une chapelle primitive; elle brite reconstitution stylisée de la scéne miraculeuse a l’endroit méme ou celle-ci se serait produite. En me dirigeant vers le principal, jen apercois un autre réservé exclusivement pour les confessions. Visite sans histoire. La ferveur est digne de Lourdes. Cérémonie traditionnelle du chemin de la croix. Quatre pélerins attifés d’un vétement moyenageux font ensuite rouler un petit chariot sur lequel | Notre-Dame-de-Knock, toute vétue de satin blanc, a été ~ déposée au milieu d’un arrange- une" batiment ° ment floral simple mais fort joli., . Les “Sainte Marie, Mérede Dieu” =~ se succédent d’une seule voix monotone et mécanique. Je quitte le sanctuaire pour me balader dans le décor champétre, verdoyant a souhait. Je me retrouve finalement entouré de croix celtiques, devant la tombe dite “des témoins” (de l’appari- tion). Retour a Clarimorris avec un prof de francais qui parait intimidé par ma qualité de “native French speaker”; je n’ose pas mettre a1’€preuve son aisance a s’exprimer en frangais. Une surprise m’attend en descendant dans la rue principale: 5 grosses vaches brunes s’avancent, indisci- plinées, a travers la circulation ralentie. Elles butent contre de petites voitures stationnées, se hasardant mémesur le trottoir, et ETE ‘87 Vols charter pour Montréal Prix spécial $399% Réservations et paiement complet avant le 15 mai MAPLE LEAF TRAVEL LTD. 104 - 1847 Broadway Ouest Vancouver, C.B. V6J 1Y6 (604) 734-1212 Demandez Ronald Sabourin répondent a peine au fouet du vacher, nonchalantes comme des somnambules. Les vaches sacrées de I’Inde - j'en verrai en grand nombre dans tous les coins et recoins des centres urbains - sont décidément mieux “intégrées” a la société, plus “civilisées”. Jentre prendre une consomma- tion dans une gargote, le seul - restaurant en vue. La patronne, une plantureuse Irlandaise aux yeux “croches”, m’apporte enfin un café imbuvable en me langant, avec un accent que je trouve, lui, savoureux: “Sorry, Iwas waiting for the kettle”. Jen ‘€tais 4 me demander, en effet, s'il ne lui fallait pas d’abord cueillir et moudre les grains de ce café. Comme je la soupconne de savoir parler l'irlandais, je la prie de bien vouloir m’en faire entendre. Elle y consent volontiers: je ne comprends pas plus, bien sar, que si elle me parlait en breton. Je -remarque, a ce moment, des clients qui se signent avant d’attaquer leurs assiettes com- bles. Un “Irish farmer” entre et s’asseoit 4 ma table comme s'il était chez lui. Se _ disant célibataire “with nothing to do”, il a tét fait de m’offrir, en plus d’un thé, de m’emmener a un encan d’animaux. Pour y arriver, nous devons traverser une petite mer de boue et une haute cléture de broche. Il se montre plein d’égards 4 mon endroit, de peur, me semble-t-il, que je ne renonce a le suivre. En pénétrant dans une enceinte circulaire ot nous envahit une odeur qui ne vient pas des roses, je souris malgré moi a des dizaines d’habitants visiblement étonnés de m’y voir. Seul l’encanteur demeure impassible, débitant dans son microphone une avalanche de sons ternes. Les bétes s’exhibent, une a une. Echanges de signes vifs comme l’éclair. Je prends quelques photos, sous les regards amusés, et nous sortons déja. En retournant dans la voiture, mon “Irish farmer” me propose d’aller visiter l’€glise abbatiale de Ballintubber. Je ne demande pas mieux. Nous roulons modérément sur une route étroite. Conversation banale ot mon chauffeur-guide commence a sé montrer expert dans l’art de radoter, répétant sans cesse, entre autres, “Good enough”, ce qui m’agace encore plus que l’odeur d’ail et de je ne sais quoi qui empestent la voiture. I] n’est pas peu fier que M. Reagan soit venu en Irlande, pays de ses ancétres, il y a 3 mois. L’église abbatiale se distingue déja dans l’obscurité, isolée au milieu des prairies. Ses portes sont fermées a4 clef. Tout est pénétré de silence. Nous osons frapper a4 tout hasard, et avec insistance, comme si nous devinions, a l’intérieur, la présence d’un_ contemplatif. Soudain, la _ porte s'ouvre lentement: un curé d’Ars nous accueille avec amabilité et S'engage presque aussitét dans historique du lieu saint. Un chemin de la croix moderne en céramique, aux coloris chauds, me saute aux yeux; il accentue, dirait-on, l’ancienneté de ces murs élevés en 1216. Vu d'une perspective historique, cet édifice est donc contemporain de Notre-Dame, Chartres et Reims; il avait 276 ans lorsque Colomb découvrir l’Amérique; il est de plus que la musique. 300 ans l’ainé de Saint-Pierre de Rome; et a la naissance de Shakespeare, il était déja en usage depuis 350 ans. On y célébre l’Eucharistie réguliére- ment depuis plus de 750 ans. L’église primitive avait été fondée en 441 par saint Patrick lui-méme, dit-on. Notre randonnée improvisée nous méne ensuite 4 Wesport, oa nous dévorons des mets du pays ~avant de nous louer un “Bed & Breakfast”. Puis nous voila entassés dans un pub débordant de gaieté. Musiciens et chanteurs y entrainent les buveurs dans des rythmes “enlevants” que guim- bardes et cuillers semblent vouloir dominer. Mon “farmer” me paie quelques “Harp Lager” qui finissent par me griser encore Une Australienne me remet son adresse, aprés un bout de conversation... de bouche a oreille: elle ne peut pas croire que je fasse le tour du monde sans passer par son pays. Une jeune Irlandaise , interpréte quelques refrains langoureux comme pour apaiser un peu l’atmosphére survoltée, et les rythmes repren- nent de plus belle, endiablés. Les 8 éclairs que déclenche mon appareil-photo me valent I’atten- tion momentanée de toute la salle bondée. Je ne me résignerai a quitter cette ambiance du tonnerre qu’a bout de forces. Toute la matinée du lendemain se passe a visiter les environs qui ne m’emballent pas particuliére- ment, quoi qu’en dise mon guide. Avant de nous quitter, je lui offre une consommation qu'il accepte non sans se faire prier. Il me donne, en souvenir, le... recu d’un état de compte provenant de la “North Connacht Farmer’s Co-op. Society Ltd”, indiquant avec fierté son nom, Bernard Walsh, et son adresse. En regardant sa _bagnole s'‘éloigner, je me trouve chan- ceux, une fois de plus, de rencontrer souvent des gens simples au coeur sur la main. Dans combien de pays trouverait- on un accueil aussi franchement aimable et désintéressé du voyageur étranger? m’y © Vacances de réve, prix de réve! Disneyland (7n)........ 399 $ Cdn Hawaii (7n) ............... 499 $ Cdn Cuba (14n)............. .-1073 $ Cdn Costa Rica (14n)....... 1458 $ Cdn mid. 1729 $ Cdn (n : nuits) CROISIERES Alaska me 899 $ Cdn Caraibes (8)).......... -»-1015 $ US Trans- mS Atlantique (20)).......2240 $ Cdn (j: jours) Si une fascinante croisiére faisant escale en Gréce, Italie, Sardaigne, Sicile, Union soviéti- que, Bulgarie, Turquie vous tente, nous pouvons en discuter! 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