BIA STAT APT 16 — Le Soleil de Colombie, vendredi 7 janvier 1983 Un promeneur en voyage Par Roger Dufrane Samedi 2 octobre Journée agitée. Tout au long des heures, nous avons attendu impatiemment l’envol des vacances. En automne? Pourquoi pas! N’est-ce pas la plus riche des saisons, celle qui garde encore des images de l’été malgré les présages de Vhiver? Nous partons pour la Belgique et la Hollande, ou- tre, en ce qui me concerne, un bref séjour a Paris. Nous décollons vers huit heures du soir, aprés avoir erré, désoeuvrés, dans 1'aéro- de Vancouver. Notre avion, un 747 de la British Airways, nous méne d’abord a Seattle, d’ot: nous filons bien- tét, pour un long vol sans escale, vers Londres. Toutes les places sont occupées. J’ob- serve le contraste entre le comportement sans-géne et bon-enfant des Américains et l’attitude réservée et stylée des Anglais. Notre steward, min- ce, élégant, s'exprime avec l’'accent de la Reine et se plie en deux pour verser le thé a ses compatriotes. En revan- che, le vieil Américain aux ‘cheveux en brosse du siége qui me précéde, a des maniéres bourrues de boxeur en retrai- te. L'avion ronronne et fonce, tous volets fermés, de nuit. On nous sert un repas léger; on distribue des écouteurs et on nous montre un film sans intérét. Alors que se léve un jour pale, la plupart des passagers dorment. Je me penche vers le hublot et apercois du givre sur Vaile, une aile longue, me semble-t-il, comme une piste d'envol, l’envol de mes réve- ries vers l'Europe. Sous notre appareil moutonnent des nua- es d'une immobilité grise. A a hauteur o¥ nous voguons, rien n’a l’air de bouger. Et notre paquebot du ciel conti- nue sa marche réguliére com- me une horloge. Pour se urdir les jam- bes, quelques voyageurs dé- ambulent dans les couloirs. Devant moi, le vieil Améri- cain a téte carrée et rougeau- de s'est dressé. Dominant ses voisins assoupis, il s’évertue a des mouvements de gymnasti- que lente. Musclé et trappu, je l'imagine tournant en “trot- te-lourdaud” autour du parc de son quartier. Aprés huit heures de vol, nous survolons les Iles Hébri- des, au large de l’Ecosse. C’est le pilote qui nous l’annonce. Pour ma part, je n’apercois a perte de vue que les boules moutonneuses des nuages for- mant un tapis illusoire. Je me prends a penser a un livre de Saint-Exupéry. Moi-méme en vol, je comprends mieux la morale de cet écrivain avia- teur. Détaché des luttes et des bousculades terrestres, on concoit le monde plus géné- reux et plus noble. Le ciel enseigne une certaine sagesse et un idéal de pureté, cette pureté que- Saint-Exupéry cherchait en foncant dans l'azur, et qu'il a trouvée, tra- giquement, dans la mort. Lundi 4 octobre = Nous voici installés chez mes beaux-parents, dans une maison d'un quartier résiden- tiel d'Auderghem, a deux pas de Bruxelles et en bordure de la Forét de Soignes. Le ciel enseigne une certaine sagesse et un idéal de pureté. Notre chambre perche dans une mansarde et je ne puis fermer l'oeil. Je sais, me rap- pelant mes précédents séjours, qu’a l’aube, j’apercevrai de ma lucarne la cime des arbres balayant le ciel. A l’heure qu'il est, dans la nuit noire, je les entends gémir. Sans doute compatissent-ils 4 mon _ in- quiétude. Nos valises sont éga- rées et nous ne pouvons ache- ter que quelques nécessités en attendant le résultat de l’en- quéte... Flaneur, prends garde a toi En ce lundi d’automne, le matin s’ensoleille. Allons! Fai- sons contre mauvaise fortune bon coeur. Je flane par les” rues plantées d’arbres du quartier. Verdures, villas, mé- nagéres jasant aux seuils des portes. Les moindres bruits résonnent: le trottinement d'un enfant sur le trottoir, le zinc d’une poubelle, un oiseau invisible, et au loin le ronfle- ment des voitures. Tout 1a- bas, sur le Boulevard, et qui foncent comme des bolides. A Bruxelles, je le sais par expérience, et plus encore a. Paris, pauvre flaneur, prends garde a toil [ A suture ] Le ski en C.B. Aux portes de Vancouver Par Annie Granger L’année 83 s'annonce bien pour nos stations de ski de la du Bas Fraser. La — abondante, le temps ensoleillé y sont pour quelque Sra Ppourz Vancouver peut s’enor- gueillir d'avoir a ses portes trois stations de ski alpin et nordique. Cypress Park, situé & 25km au nord de Vancouver, propo- se avec ses 365 métres de dénivellation, cinq pistes, deux double-chaises, un poma et une cafétéria. Ce centre de ski est opéré et géré par le ministére provincial des parcs. Depuis cette année seule- ment, Cypress a une école de ski et offre des locations d'équipement. Egalement de- puis cette année, Cypress usieurs tarifs, comme celui de la St-Valentin le 14 février, on pourra acheter un forfait régulier et se voir offrir un deuxiéme billet de remontée a moitié -prix. Des offres spéciales le mardi pour les dames : $11.00 le billet de la journée et le jeudi, jour des messieurs. Le prix régulier du forfait ou billet de remontée pour toute la journée: $14.00 et $11.00 la demi-journée . La montagne ouvre a 9h30 et ferme a 16h00. Cypress est réputé locale- ment pour ses pistes de ski de fond — ma foi bien modestes avec le réseau de ski nordique de l’est canadien — Park, 1600 Indian River Rd North Vancouver, PEOGPSOSCOSOSOOBES tél. 926-6007. Grouse Mountain a déja sa réputation toute faite concer- nant son école de ski — la plus achalandée du Canada — Grouse offre un avantage considérable, ce centre est d’accés trés facile par autobus de la ville. A 865 métres, Grouse se situé a 12km du centre de Vancouver. On y trouve 11 pistes. Avec une vue excep- tionnelle sur la ville — lorsque le ciel est dégagé — ce centre est ouvert de 9h00 a 23h00. Quatre chaises doubles, deux tire-fesses, deux pomas. Grou- se propose de nombreux servi- ces que l’on trouve dans tout centre: locations, répara- tions, boutiques, garderies en semaine, restaurant, cafétéria et disco. Le forfait — qui comprend la montée en télé- -hérique — est de $16.00 pour la journée complete, $10 pour enfant. En semaine de 20h00 a 28h00 et en fin de semaine de 18h00 a 22h00 le forfait est de $10.00. Pour les léve-tét avant 11h00 les jours de semaine: $13.00 Grouse Mountain: 6400 Nan- cy Green Way, North Van- couver, Tél. 984-0661. Mount Seymour, situé sur le cété est de Vancouver est a 25km du centre-ville. Ce cen- tre a également une bonne réputation pour son école de ski. De nombreuses classes d'immersion en francais ont leurs cours de ski en francais. Ce centre se préte aux débu- tants avec ses 275 métres de dénivellation et ses trois pistes. Deux chaises doubles, quatre tire-fesses, une cafétéria, ainsi que la location de l'équipe- ment sont offerts sur la mon- tagne. Le centre est ouvert de 9h a _ 22h du lundi au vendredi et -de 8h30 a 22h00 le samedi et de 8h30 a 20h les dimanches et vacances. Le ski nordique attire de nombreux skieurs sur ses six kilométres. sot OOOO POCOCPCOCSPSSSSSOSCOCOCSSSSY Appelez Jacques Hastings Travel Ltd ‘La seule agence de voyage francophone . 744 Ouest Hastings, Vancouver V6C 1A5 GCSSPSPSOSOITYS 689-0461 _ SSOeD Courir pour mieux vivre (1) - Retrouver ses racines... Par Marc Gtrot Merde, je n’y vois plus rien. Une goutte plus grosse que les autres vient de s’écraser sur mes lunettes embuées. Devant moi l'image floue et tremblo- tante d’un chemin boueux plongé dans la nuit. Ecran opaque. Mais je continue... il le faut. Nous sommes des millions a nous répéter cela: il faut que je m’accroche, je dois termi- ner. Des millions a courir en amateur, quand le soleil dai- gne se découvrir, ou plus réguli¢rement, quand la sen- teur forte des fleurs bourgeon- nantes s'exhale a la belle saison ou que le sol se fend sous le gel. Des millions de fous, disent ceux qui nous regardent passer avec un brin d'envie. Des millions de fem- mes — beaucoup de femmes —, d’hommes, de vieux, de jeunes, tous différents, cou- rant tous pour des raisons différentes, 4 une vitesse diffé- rente pour des joies différen- tes. Bitume butiné Il n'y a pas une espéce de coureur, il y en a des milliers. Ils font tous la méme chose? Pas du tout! Certains aris- tocrates du jogging touchent a peine le sol, butinant le bitume avec le désintéresse- ment de l’artiste, plongés dans une extase toute intérieure. D’autres, par contre, souf- frent réellement. Ils courent 4 la maniére de Jésus grimpant le mont Golgotha. Leur hale- tement se rapproche des bor- borygmes du rhinocéros fe- melle mettant bas. D'autres avant, dans l’espoir semble- t-il de rattraper leurs doigts de pied alors qu'une catégorie de - coureurs tend invariablement a pencher en arriére. Cer- tains penchent d’un cété, une céte, et hop ils penchent de l'autre. Organes rouillés La course est un défi a l’équilibre, un étau dont les mAchoires, au fur et 4 mesure que les kilométres s’enchat- nent, se resserrent progressi- vement en tordant le corps du coureur. Alors le souffle se fait court, les épaules se font lourdes, les jambes luttent contre les crampes, le thorax contre les points de cété dans une démission progressive de nos organes rouillés, corrom- pus par la voiture et les ascenseurs. La remise en état du corps est ardue. On passe par toutes sortes d’étapes, plus ou moins douloureuses, et l’envie de manger ses chaussures est. commune. Puis arrive un moment ot l'effort s'efface devant le plai- sir. Oui, le plaisir, modulé, changeant, discret ou eupho- rique. La téte se sépare doucement du corps. Les jambes courent toutes seules. L'esprit, lui, vaque, fait une récolte d’émotions nouvelles, jamais entrevues auparavant. Le crane d’un géant chauve La brume fait un déme au-dessus de la voie caillou- teuse que nous suivons. La lumiére est voilée. Décor a la limite de la magie. Nous sommes des araignées en train d'escalader le crane d'un géant chauve, liliputiens sou- dainement révoltés. La course donne des ailes a l’imagina- tion. Oubliées les douleurs dans le dos, cette céte, effra- _ yante vue d’en bas, a été vaincue. Alberto : vainqueur de multiples mara- thons [42,195 km] dont les deux derniéres éditions de New York. Du sommet de la colline, nous pouvons contempler, a travers notre haleine qui blan- chit instantanément devant nos yeux, les paysages que nous avons gagnés. C'est _beau, méme sous la pluie, méme dans le froid. Ce torrent qui mugit a nos pieds, il est un peu le nétre. Le sens migratoire de 'homme La course est une décou- verte lente et intime. Et quand on délaisse les routes bitumées pour dompter quel- que sentier de forét, glissant et boueux a souhait, la course se fait alors carrément romanti- - que. Malgré les jurons quand on se tord une cheville, et les crachats quand les poumons s'enflamment! Certains coureurs entrainés usent leurs chaussures en six mois. De bonnes chaussures pourtant, a $40 ou $60 la paire. Un indice des trajets parcourus, des petites victoi- res accumulées, des paysages entrevus. La course est un retour au sens migratoire de homme, un souvenir des. transhumances qu'il entrepre-. ws J ces temps de liberté etd q voyages od la asta J nait dans le passé, le rappel de tarité n’était que provisoire. ASUIVRE “i Avec Via Rail Explorations hivernales VIA offre encore cette an- née aux aventureux deux Explorations hivernales a Churchill, au nord du Mani- toba. Voyages accompagnés d’une durée de dix jours, ces forfaits débutent 4 Winnipeg les 18 et 15 février et amé- nent leurs participants en direction nord vers les villes trés diversifi¢es de Thompson, Churchill, et Le Pas. Les voyageurs ont d’abord l'occasion de visiter en autocar cette remarquable ville nordi- que qu’est Thompson, ov I'Inco exploite une vaste mine. Le forfait prévoit ensuite un arrét d'une journée a la ville portuaire de Churchill, la porte du Grand Nord. Les voyageurs bénéficient alors d'une excursion sur glace, 4 travers la toundra dénudée et gelée en permanence, au fort Prince-de-Galles, la plus nor- dique des forteresses d’Améri- que du Nord. Une visite est également prévue aux grands silos portuaires du Conseil des ports nationaux ainsi qu’a l’étonnant musée Eskimo. Les voyageurs ont ensuite l'occasion de passer deux jours a Le Pas, pendant le festival des trappeurs du nord du Manitoba. Au programme: course de traineaux tirés par des chiens sur 241 kilomé- tres, lancement de grumes, taille des peaux de rats mus- qués, cuisson de galettes es- quimaudes, violon et danse traditionnels. Les voyageurs bénéficient — également d'une visite de la ville en autocar qui les améne, entre autres, voir une ancien- ne église. On peut également en profiter pour faire le tour des boutiques et se rapporter un souvenir du festival. Le menu des repas servis dans le train comporte des spécialités typiquement mani- tobaines, tel le laquaiche aux yeux d’or et le réti de bison d’Amérique. Les voyageurs qui prévoient passer quelques jours a Win- nipeg avant ou aprés leur voyage a Churchill pourront prendre part au célébre Fes- tival du Voyageur qui, cette année, aura lieu du 13 au 20 février. Ces voyages constituent des forfaits, sans aucun supple- ment. On peut se procurer de _ plus amples renseignements et faire des réservations en s’adressant A VIA ou a une agence de voyages. Inscriptions dans les universités frangaises Les dossiers d’inscription en lére année, ler cycle — pour toutes les disciplines dans toutes les univer- sités francaises — sont a retirer dans les services du Consulat. de France, 736 rue Granville, avant le 15. janvier 1983. 4 |