Le Moustique qu’elles supportent le poids d’un écureuil. Il faut alors trouver de plus vieux coniféres dont les branches les plus basses sont a plus de cing métres de hauteur. Cependant, attacher un gros caillou a ce bout de corde et le lancer en lair de maniére a ce qu’il retombe en passant par-dessus une branche que l'on devine a peine dans la nuit tombante est un effort qui, pour sa difficulté, devrait étre reconnu comme sport olympique. Aprés de nombreuses tentatives et avoir parcouru, ala recherche de |’arbre idéal, une distance loin d’étre négligeable en comparaison de celle franchie la journée, je décide d’abandonner le sac de nourriture derriére un grand rocher. Tant pis pour les provisions, au moins |’ours ne viendra pas jusqu’a la tente. De retour a celle-ci, ma fille est déja plongée dans le sommeil le plus profond. Je n’'entends méme pas sa respiration tant elle s’efforce, pour recouvrer son énergie, d’éviter le moindre effort. Je m’allonge a mon tour dans mon sac de couchage qui semble, je m’en rends compte a l’instant, avoir été placé en un endroit ot toutes les racines mourantes dressent désespérément leurs pointes acérées vers le ciel avant de se dissoudre dans le tapis d’humus pourrissant. Il en est une particuliérement qui me vrille les chairs entre la quatriéme et cinquieéme céte du flanc droit. Qu’importe, les fakirs dorment bien sur des planches a clous ; c'est une simple question d’acceptation. Ne suis-je pas le seul responsable de tous mes malheurs ? Que n’ai-je pas mieux éduqué mes enfants! J’aurais di étre plus convaincant et plus persistant en essayant de les initier a la philatélie, la numismatique ou, méme, la sigillographie. Et puis, n’est-ce pas l’idée a la base de ce genre Volume 3 - 11 édition Novembre 2000 d’aventure : de faire nombre de choses incommodantes et pénibles pour le plaisir ? Quelque peu rasséréné, je m’endors a peine que le soleil se léve. J'essaye d’en faire autant mais je reste cloué au sol par les racines. Je puise tout mon courage dans la pensée réconfortante qu’il ne nous reste plus que six jours d’effort a fournir avant de retrouver le confort du foyer et attention attendrie de ma délicieuse épouse. A mes cétés, ma fille semble doucement revenir a la vie. Mais cette ressuscitation ne provoque pas l’engouement ; aprés sa nuit passée en travers de solides racines séparées de creux profonds, elle parait toute rabougrie et je prends pleinement conscience, alors, que le concept de vie saine et ravigotante dans une nature vierge pourrait n’étre que expression d’une propagande des plus perverses. — Penses-tu étre en mesure d’aller jusqu’au bout ? Ne devrions- nous pas retourner sur nos pas ? Les yeux de ma fille s'élargissent d‘horreur : — Repasser par ou nous avons tant souffert, tu n’y pense pas ! Je préfére aller de l’avant. Ce ne peut pas étre plus effroyable que ce que nous avons déja connu. La fuite en avant quoi ! A suivre... Jean —Jacques Lefebvre Page 13