Parlons du frangais Les francophones du Canada ont le grand mérite de s'étre battus pour conserver leur langue. Je leur tire mon chapeau car ce ne fut pas facile. Un langage n'est pas une abstraction. C'est quelque chose de vivant et, comme tout ce qui est vivant, le langage évolue, subit les influences de l'environnement, et il peut aussi se dégrader et mourir. Dieu merci le francais n'en est pas la! Bien qu'il n’ait pas atteint le seuil de la fragilité, parlons quand méme un peu de ces in- fluences qui tentent de l'envahir. Elles sont inévitables direz-vous. C'est vrai mais peut-étre faudrait-il veiller avec plus de vigilance a ce qu'elles ne défigurent pas la langue initiale. On me dira qu'en France on n'a de leon a donner a personne et que les locutions américaines se portent bien. Je n'apprécie, person- nellement, ni les "fast foods" ni I'avion qui se "crashe". Mais remar- quons en passant que les Américains nous ont emprunté le mas- sage, le soufflé, le cliché, sans oublier le déja vu, le tour de force, le cul-de-sac et le ménage a trois. Disons aussi que les Frangais ré- agissent contre cette mode anglicisante : les parkmetres ont eté remplacés avec succés par les horodateurs, I'Email s'est effacé der- ri@re le Courriel, le computer est devenu l'ordinateur, le software le logiciel, suivant ainsi le modéle des ancétres qui, bien que le railway fut inventé en Angleterre l'ont tout de suite baptisé chemin de fer. Un langage évolue. On ne parle plus le "frangois" comme au Grand Siecle. Des mots nouveaux sont venus se greffer sur l'ancien tronc, pris un peu partout. Le scénario, le smoking, la corrida, le sandwich, la caméra et méme le week-end ont été adoptés par commodite, parce qu'il n'existait pas de termes simples pour les traduire. Ce n'est pas grave. Mais dans un pays - le Canada - ou l'anglais do- mine, que de piéges sont tendus! Les anglicismes guettent, sournoi- sement, l'occasion de se montrer et de s'imposer. Non! On ne gagne pas a la rafle mais a la loterie. On ne cancelle pas un rendez-vous : on I'annule. On ne postule pas pour une position mais pour une si- tuation. On ne dit pas opportunité a la place d'occasion, challenge a la place de défi. L'avion s'écrase ou s'abime en mer, il ne se crashe pas. On peint, on ne peinture pas. Conservons le traversier, la bou- cane, la poudrerie, la brunante, termes pleins de charme et qui nous 4