12, Le Soleil de Colombie, 22 février 1974 L ENVIRONNEMENT par André CHOLLAT Suite de la semaine derniére.. ——— le tout, une énorme cheminée Il existe un troisiéme grou- pe qui, soit par ignorance, soit par intérét personnel, (operations lucratives) af- firme qu’il n’y a pas de rai- son de s’alarmer; ces gens- 14 qui ont, hélas, souvent des postes influents dans notre société, détruisent sans ver- gogne notre environnement, nos ressources naturelles, (chasse jusqu’A extermina- tion de certains animaux, dé- veloppements immobiliers sans respect du milieu natu- rel et de sa population, pro- duction de produits toxiques ou non putrescibles dont LA LAIDEUR URBAINE, c’est ca: une rue qui est une allée de poteaux télephoniques, de sStations-services et, pour orner crachant de la pollution. (Photo Michel Elliott) l’accumulation est la pollu- tion que nous devons combat- tre!l). Ce groupe ne cherche qu’a pousser 4 la consomma- tion, sous une fausse appel- lation de modernisme et de bien-étre. La tache laplus difficile, en réalité, n’est pas d’enrayer la pollution, mais de la pré- venir; il faut faire compren- dre aux apathiques qu’il est temps de se secouer. La ta- che est d’autant plus ar- due qu’il faut combattre cet- te fausse publicité de séré- nité et voir les choses tel- les qu’elles sont réellement. e) par Marguerite Batut Ivan Moravec a pu exercer dimanche, son talent de pia- niste sur le nouvel instru- ment du Q.E.T. qu’il avait d’ailleurs choisi lui-méme pour remplacer l’ancien, vraiment défectueux. Il a joué Ravel (Concerto en Sol Majeur) avec un grand controle du rythme, surtout dans les ler et 2@me mouve-- ment et une précision dans le détail-: Ses mains travaillent avec délicatesse et, dans le 2éme mouvement, ont su exprimer toute la poésie et la fluidité qui ressortent de ce passage de l’oeuvre de Ravel. L’orchestre, comme d’tabitude, sous la baguette d’Akiyama, a parfaitement répondu. Les Trois Mouvements Symphoniques , de Miyoshi, compositeur japonais, fut un mélange de musique 4 corde, vibraphone, ni poéti- ty § Qs que, ni ‘‘dans le vent’’, avec quelque chose d’incertain. Shéhérazade, op.35 de Rim- sky-Korsakov a vraiment terminé la matinée enbeau- te. Akiyama au pupitre, nous a montré son talent une fois de plus, sa sensibilité et sa maftrise de l’orchestre. Nos félicitations vont A tous ces grands de la musique, sans oublier une mention spéciale pour Gérald Jarvis, le pre- mier violon du V.S.O. qui jouait en soliste dans cette piéce et aussi aux cuivres, flQtes, hautbois, basson. Donnez généreusement pour réduire la Grande Menace, celle de la maladie cardia- que, que votre Fondation du Coeur combat par ses programmes d’éducation et de recherche. : direz par Louis-Paul Béguin L’anthropologue Mali- novski a dit que le mythe é- tait 4 la fois langage et ex- périence vécue. C’est unré- cit, un discours, une allégo- rie. Mais surtout une paro- le secréte, difficile 4 expli- quer. C’est ce qui fit l’at- trait du mythe: le mystére qui l’entourait. Alors que la parole du ‘‘logos’’ n’avait rien de secret, d’ambigu, et s’appuyait uniquement sur la raison, il est certain que les peuples primitifs se sen- taient attirés par le carac- tére flou et vague du mythe, qui ne limitait pas la con- naissance au fait véritable, a une époque ot la science était encore bien jeune. Bergson, le grand philo- sophe francais, explique la tendance de l’homme 4 re- courir 4l’imaginaire comme moyen d’explication de sa nature, par la fonction fa- bulatrice. Les animaux ont l’instinct qui les fait agir sans se po- ser de questions, dit Berg- son. Dans une. softe d’ex- tase, au sens propre du mot, l’animal agit avecl’as- surance innée de l’instinc- tif. L’>homme a perdu cette garantie, en devenant intel- ligent. Il se remet en cause continuellement et cherche la vérité tangible et claire le concernant et concernant le monde. Devant l’immen- sité de l’univers inexplica- ble, il perd pied. Il peut é- L’Imaginaire (3) La fonction fabulatrice tant tablir certaines lois bien évidentes, mais limitées. Le grand ‘‘tout’’, la vérité in- tégrale lui échappe. Il s’en rend compte. Mais il lui reste des ‘‘résidus d’ins- tinct’’, nous dit Bergson: e’est la fonction fabulatri- ce. Elle permet 4 1l’homme de se créer, par la connais- sance intuitive, de nouveaux champs de recherche. Qui d’ailleurs ouvrent la voie 4 la sciencee Le mythe a son utilité: il suscite la curiosité , appelle la véri- fication. La langue lui don- ne vie (que serait le récit sans son expression verba- le). L’imaginaire a pour fonction de pousser plus a- vant les fronti¢res de la connaissance: d’abord con- naissance pressentie, in- tuitive, immédiate. Puis vé- rification des données et connaissance scientifique li- mitée, mais sQre. Le mythe et la raison se complétent et travaillent ensemble. Leur opposition est une dia- lectique. La science extrait du mythe ce qui est faux ou exagéré, ne retenant que ce qui est véréfiable. 1. Le rite Le mythe se concrétise par le rite. Le rite est en quel- que sorte le geste mythique. Le rite reproduit 4interval- les réguliers l’histoire mer- veilleuse, concrétisant le récit et sublimant l’action. Le rituel s’inscrit dans un cérémonial souvent reli- gieux, toujours mystérieux: c’est un peu l’entrée de 1’ homme dans le grand tout mythique qui pour lui est la vérité universelle. Cela paraft bien compliqué, et pourtant le geste simple du sacrificateur ressortit 4 la nature méme de la vie. Dans les entrailles de la béte sa- crifiée, le prétre aruspice lisait l’oracle. Dans la vie animale expirante, le dépo- sitaire de la loi, le délégué de la chose sacrée trouvait la réponse. De nombreux so- ciologues ont cru 41l’univer- salisation du rite créant a- lors le mythe. Ce qui veut dire que le mythe serait issu d’un ensemble de rites. Les hommes auraient fait d’a- bord le geste répété et vé- néré et, de 14, le mythe au- rait été créé. Cette rationa- lisation du rite donne aumy- the une origine 4 mon avis contraire 4‘‘l’essence’’? mé- me du récit mythique quiest dépourvu de toute logique u- niverselle. Mais le mythe a sa logique propre, me di- rez-vous. Peut-étre. Quoi qu’il en soit, les mystéres, les sacrifices, les actes di- vinatoires, sont des rites et relévent tous de l’imaginai- re. Rappelons seulement que le rite se caractérise par la répétition du geste rituel, semblable dans le fond 4 la répétition du cycle saison- nier. 2. La science est-elle un rite ? J’arréte ici l’étude du-my- the et du rite en posant la question suivante: en ce qui nous concerne, la science actuelle peut-elle étre as- similee 4 un rite du mythe moderne: l’homme, centre et objet primordial de la nature. On le dirait, A voir agir W’humanité qui semble se considérer comme _ une fin, comme le terme de la création et son produit le plus parfait. (4 suivre). LA PHOTO ' par Lucien BELLIN PARLONS TECHNIQUE - Parler technique, c’est aussi parler élimination de la routine, le déjA vu dans notre photographie du _ di- manche. Peut-étre y avez-vous dé- ja €échappé! Peut-étre non! Mais le point est que c’est ce qui afflige beaucoup d’en- tre nous qui faisons .~ des photos comme violon d’In- gre de temps en temps, c’ est que, le plus souvent, nous faisons du ‘‘déja vu’’ et nous nous trouvons a sec d’idées. Pourtant nous avons des amis qui ont réussi des images’ plus intéressantes que les ndtres et nous nous demandons pourquoi nous n’avons pas eu cette idée. Alors, avec une ardetir nou- velle, nous recommencons, Mais n’oublions pas qu’il faut joindre la technique 4 la créativité. Il ne faut pas non plus se noyer dans. la technique pour en tirer tout un nouveau monde de créa- tivité, loin de 14, mais és- sayer de se libérer du com- mun chemin parcouru. Vous est-il arrive, au cours de vos promenades, de vous arréter, méme de vous allonger dans l’herbe, et de regarder tout autour de vous les feuilles, les ar- bres, les buissons qui pren- nent une forme différente, reposante bien souvent. Quel joli coin, penseZ-vous, et de vous lever pour prendre une photo de ce nouveau monde, mais qui’ disparaft de nouveau quand vous é- tes debout, car les angles, les textures, la lumiére se révélent d’une fagon tout 4 fait différente. Alors, la prochaine fois que vous 6étes A réver “terre. 4 terre’’, n’oubliez pas de faire ‘‘clic?’ et l’i- Mage vous surprendra. 1141 DAVIE 687-5936