pt Te co vitellagign Por as itera mreage ndré. Ricard et ‘|le complexe dAlcide "C'était. pendant les vacances, il y a trois ans. "Je niavais’ ‘rien de bien précis a faire. J’ai voulu écrire une piéce: de. théatre sur l’argent. J’ai ébauché quelques tableaux, puis, tout est resté en plan. "Le printemps dernier, Paul Hébert qui cherchait une oeuvre originale pour le Trident, m’a- demandé si je n’aurais pas quelque chose a lui proposer. Je lui parlai de ‘ce vieux projet qui l’a tout de suite intéressé. - J'ai donc remis ma piéce sur l’argent en chantier, mais elle a changé en cours de rédaction. Aprés avoir vu les premiéres scénes que j’avais écrites, Albert Millaire a accepté de monter ’La vie exemplaire d’Alcide premier, le pharamineux, et de sa proche descendance”. Cet Alcide Premier est un personnage autour duquel gravite une faune assez terrifiante de bétes féroces qui font ainsi l’action de la prochaine production du Théatre du Trident. Cette piéce a été écrite par le Québécois André Ricard, dans les circonstances qu’il nous a décri- tes plus haut, et sera créée & Québec, a la salle Octave- Crémazie, le 6 ‘janvier prochain. L'auteur: André Ricard appartient depuis longtemps a |’uni- vers théatral de Québec. En 1957, il était de ceux qui, avec Jean-Louis Tremblay, se lancaient dans une aventu- re qui allait déboucher sur la création.du théatre de VEstoc. Menant parallélement une “carriére” -d’étudiant (baccalauréat en Pédagogie~a Laval, licence en Lettres, enseignement pendant quelques mois puis Conservatoire d’Art dramatique) André Ricard peut se vanter de s’étre beaucoup occupé de théatre. Aujourd’hui, la littérature semble remplir, plus que les arts.de la scéne, le temps du ’’pére” d’Alcide, mais on n’échappe pas aussi facilement au théatre. S’il a publié un long “poéme-fleuve” dans les ’Ecrits du Canada francais” (La découverte de l’Amérique), s’il est devenu réalisateur-pigiste & Radio-Canada (c’est lui qui signe tous les jours “Québec en ville”), André Ricard travaille toujours pour le théatre. Ainsi, pour la radio, il a écrit des tableaux dramatiques de 30 minutes qui ont été réalisés par Jacques-Henri Gagnon et Michel Gariepy, a Radio-Canada. C’est donc finalement plus pour étre joué et écouté que pour étre lu, qu’André Ricard écrit. Une premiére piéce qu’il a écrite, i] y a quelques an- Jnées, Le triangle et le hamac”, a été créée a I’Estoc, puis reprise au théatre’ de la Place Ville-Marie, 4 Montréal. (Metteur en scéne, poéte, réalisateur 4 la radio, drama- turge: André Ricard vit surtout l’aventure de la com- munication, : La piéce: "Alcide Premier...” n’est pas une oeuvre réaliste. En !’écrivant, Ricard a voulu illustrer, un peu comme le ferait un caricaturiste ou un auteur de bandes dessinées, le conflit qui existe au niveau familial, social et univer- sel, par le fait de la violence exercée par le systéme paternaliste dans lequel nous baignons. "J'ai peut-étre transposé mon complexe d’Oedipe, mais l’omniprésence de la figure du pére se remarque a tous Jes niveaux de la société et c’est la fagon dont joue cette influence que j’ai essayé de décrire dans ma piéce. Je n’ai voulu donner @ mes personnages que ce qu'il fallait d’épaisseur humaine pour qu’ils impressionnent le lecteur. Je ne les aime pas: ce sont des monstres qui n’ont que des éclairs d’humanité; ils illustrent un monde fantastique de bandes dessinées. La piéce sur |’argent que je voulais écrire est devenue un réquisitoire contre la violence, la violence du pouvoir personnifiée ici par le pére, Alcide, qui, par le moyen qu’est l’argent, achéte tout, arrive a encore plus de pouvoir et partant, exerce une violence encore plus intolérable, plus provocatrice”. La vie exemplaire du pharamineux Alcide pourrait finalement n’étre que la description déprimante d’un monde qui ressemble a celui dans lequel nous vivons. Ce combat de grands fauves pourrait s’avérer méme péni- ble. Cette constatation a amené I’auteur 4 vouloir tout laisser tomber. “Il me semblait qu'il y avait des choses beaucoup plus importantes 4 dire; j’‘ai eu beaucoup de mal a écrire certains des tableaux. Mais, c’est dans optique du théatre que la piéce trouve sa justification. Parce qu’elle fait appel aux ‘ressources illimitées du théatre, 4 l’imagination du spectateur, a la subtilité des comédiens, “La vie d’Alcide...” prend une nouvelle dimension, adopte un rythme différent .de ce qui est simplement écrit. La magie du théatre doit opérer pour que la piéce soit compléte”. La magie du théafre Pour le metteur en scéne,- le défi est de taille. Il s'agit en fait de prendre un texte dont l’argument semble a la premiére lecture, insupportable, et de le présenter au public d’une telle facon que celui-ci non seulement comprenne ce qui transpire de l’oeuvre, mais y prenne plaisir 4 suivre ce qui se passe. André Ricard fait confiance 4 son metteur en scéne Albert Millaire. Il attend de lui qu’il anime les personna- ges créés, qu’il leur donne ”forme et chair’. Manipula- teur de marionnettes, c’est lui qui pose le geste du théatre. I] suit la trame de la piéce et lui donne un rythme que le spectateur pourra suivre pour mieux comprendre |’oeuvre. "Je n’interviens pas au niveau des comédiens. Je laisse travailler le metteur en scéne qui posséde sur le tout une vue d’ensemble, mais, c’est avec lui que je discuterai des divers aspects de la production’. C'est ainsi que pour le décor, on adopte la scéne a Yélizabéthaine (Apronstage): le public présent sur trois cétés de la scéne ne perd rien et le dispositif permet une mobilité plus grande et une action répartie sur différents palliers. me De plus, pour accentuer certains caractéres de |’oeu- vre, On a cru devoir recourir 4 un revétement métallique pour le décor. Les deux grands murs obliques du fond de la scéne ont été réalisés par Peter Gnass, un sculpteur spécialisé dans le traitement de ce matériau au théatre. Enfin, une musique originale a été écrité pour la piéce de Ricard. Nelson Gagné qui, lui aussi, effectue des recherches pour multiplier les utilisations de sa discipline au théatre, a écrit des couplets qui non seule- ment complétent la trame sonore de |’oeuvre, mais cons- tituent par eux-mémes une partie essentielle de la créa- tion. "La vie exemplaire d’Alcide Premier, le pharami- neux, et de sa proche descendance” est une tragédie loufoque ou I’on se hait, oi I’on se trahit, ot l’on se dévore, ot I’on se tue. Mais c’est dans le traitement de ce “somptueux macabre” que les gestes du théatre de- vront rejoindre le spectateur et atteindre les objectifs de ‘auteur. Ricard prétend n’avoir pas un message & trans- mettre, mais plutot une observation 4 communiquer. 26 comédiens interpréteront les réles des 52 person- nages que la piéce améne en scéne. Paul Buissiére. et Jocelyne Bureau s’occuperont des décors, costumes et du dispositif scénique et Jacques Pelletier fera les éclaira- ges. Comme toujours,*au théatre, le plus humble artisan jouera fidélement son réle: Pour que la maglie opére, le public devra lui aussi tenir le sien et il reste, rappelons- Je, le. plus IPRA de tout le spectacle. Martine CORRIVAULT LE SOLEIL, 21 JANVIER 1972, XV —————————— — —___ ——————————————————— a aes isch gly Sg pi pe yi il ah iin apg a thi a ha iene insite aA rcpt phir le ll AT lam rm i Wy Atri eieliennd int Diol alii ni silly i, aac. ili aa lin ly es ia iin i aan passin x ein i — [een ee