16— __Le Soleil de Colombie, vendredi 13 avril 1984'

Joyeuses Pdques

_ La tradition

Inséparables des solennités
religieuses chrétiennes de Paques,
cloches et ceufs, en sont devenus le
symbole profane et populaire. Les

cloches, dont l’origine se perd dans .
. Pantiquité, furent incorporées aux

rites chrétiens au 4e siécle. C’est a
cette époque que grace a la conver-
sion de l’empereur Constantin les
adeptes de Jésus purent enfin prati-

quer leur religion au grand jour. Des '
lors, les volées de cloches qui.

avaient ponctué les activités jour-
naliéres des Romains, ont dd ap-
peler les fidéles aux offices sacrés
des Chrétiens. Ce n’est cependant
qu’en 585 que leur usage est men-
tionné pour la premiére fois, par
Grégoire de Tours, dans ses Ecrits.

A peine deux siécles plus tard,
leur fonte étant devenue une
véritable industrie, leur emploi se

multiplie aussi rapidement que.

V'édification des nouvelles églises
Vexige. Devenues messagéres

officielles du culte elles s’attirent la
vénération et l’affection générales.
Leur baptéme et leur consécration,
par les autorités ecclésiastiques,
restent une coutume qui a survécu
jusqu’a nos jours dans les pays
catholiques.

Au_ début, de taille relativement

modeste, comme par exemple la
Fentenailles (1202) préservée au
Musée de Bayeux, elles atteignent
souvent, par la suite, des propor-
tions énormes d’ou le nom de bour-
don donné a certaines. Le Jacquelin
de Paris (1400) pesait 12 tonnes-et
demie et le fameux Ambroise de
Rouen(1501) plus de 18. Ce dernier
fut converti en canon durant la Reé-
volution de 1789. Les deux masto-
dontes dont fut dotée Notre Dame
de Psris, vers la fin du 17e siécle,
‘sont encore emusage aujourd’hui. II
s’agit de la grosse cloche de
'Horloge dont le diamétre atteint
3m 1/2 et |' Emmanuel qui, quoique
de dimension légérement inférieure
pése plus de 8 tonnes !

Aux grandes occasions d’antan,
c’était toujours un spectacle terri-
fiant pour les badauds d’observer
les sonneurs de cloches sauter,
comme des singes, d’une corde a
l'autre pour activer les battants de
ces monstres d’airain.

En signe de deuil, aprés les ser-
vices du Jeudi Saint inaugurant la
marque des heures sombres et
tragiques de la Passion, les autels

_ sont dépouillés et les cloches res-

tent silencieuses jusqu’au matin de
Paques. La légende veut que,
portées par les anges, elles s’en-
volent vers Rome afin d’y recevoir la
bénédiction du Pape. Mais tdt le
dimanche, elles annoncent a toute
volée leur retour et la gloire de la
Résurrection. C’est alors qu’elles
sément en passant sur les jardins,
les ceufs colorés que les enfants
découvrent.

Ces ceufs, traditionnellement con-
sidérés symboles de vie et de
renaissance, ont souvent figuré
dans certains rites. En signe de joie,
Perses et Egyptiens de !’antiquité

les co'oraient en rouge, signe de
sang et de feu. La Chrétienté, a son’
tour, devait les associer a la
naissance du printemps et a
l’espérance offerte a I’homme parla
résurrection du Christ

de
@

La tradition des oeufs

La coutume de porter les ceufs a
’église pour les faire bénir remonte.
aux origines des célébrations
pascales et se pratique encore un
peu partout de nos jours. En France
on note son apparition, sur le parvis
de Notre Dame, a Paris le Jeudi
Saint 1242. C’est a cette date que le
roi Philippe Auguste instaura la
Foire au Lard, dite plus tard Foire
au Jambon, qui marquait le début.
du-Carnage ou retour a la consom-
mation de viande et d’ceufs apres

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