16, Le Soleil de Colombie, ler Novembre 1974 Chern Jeunesse Canada Monde indispensables. Sans elles, les frustrations de chacun s’ajoutent a celles des autres et la vie en groupe devient insupportable. Placés dans des situations quotidiennes ot ces qualités sont si nécessaires, les participants doivent travailler a les développer. Trés tét, il devient apparent que la réussite de l’expérience dépend de I'harmonie et de |’équilibre de cette société miniature qu’est le groupe. Doug, participant originaire d’Edmonton, nous écrivait du Cameroun: “D’abord, ce genre de vie exige une communication entre tous les individus. Le meilleur moyen de se rejoindre tous, c'est encore la réunion, que Chacun peut convoquer. Des idées nouvelles sont émises, des discussions s’ensuivent, des mésententes, de nouvelles discussions; on passe au vote, non sans avoir traduit tout ga en an- glais ou er frangais, selon le cas, ce qui provoque quelquefois une remise en question, une nouvelle discussion .. . C’est tout ¢a qui nous fait évoluer, c'est comme ca que nous expérimentons différents genres de vie. Ce sont des évaluations constantes de _ ce que nous sommes, de ce que nous faisons.” Pour Guy, qui était du groupe mexicain: “La vie est toujours belle mais pas des plus faciles. Elle est _cependant intéressante et enrichissante, car il faut _batir notre bonheur et notre bonne entente. On y ar- rive a force de patience et avec le sourire. Souvent, aux réunions, tu t'exaspéres, tu voudrais battre tout le monde. Mais un effort de sang-froid, le bon raison- nement, tes amis (tout le groupe), te font voir les bons cétés et tu recommences a aimer.” Vivre en groupe exige donc une sensibilité constante devant l'autre. Cela peut vouloir dire rester avec le groupe les weekends, méme si la maison familiale est a trente ou quarante milles. Cela veut dire penser — au groupe d'abord, afin qu’il reste uni et respecter ses décisions. ; A travers cette expérience, les participants appren- nent a réduire leurs préjugés, a faire évoluer leur sys- tame de valeurs a la mesure de la réalité humaine. La rapidité des changements, l’interpénétration des cultures exigent de tous une grande capacite d’adaptation et de tolérance. Jeunesse Canada Monde croit que |’'acceptation inconditionnelle de l'autre, basée sur le respect de la personne humaine, est de premiére importance. La vie en groupe est un des moyens par lesquels le participant se sensibilise aux valeurs différentes vécues par les jeunes de son age. Les jeunes travaillent a des projets variés choisis en fonction de leur utilité a d'apprentissages pratiques quiils offrent aux participants. la communauté d'accueil et des occasions Le travail - Le travail est un élément essentiel de la vie quoti- dienne de tous les hommes. Pendant la durée du programme, le participant n’est jamais soustrait a cette réalité. 3 La réalisation en petites Equipes d’un travail qui n'exige pas de spécialisation permet de créer une * atmosphére qui rapproche les groupes de la vie habituelle des communautés dans lesquelles ils s'intégrent. Les participants connaissent et partagent ainsi, de fagcon concréte, les joies et les préoccu- pations courantes. Judi Nealon de Wilfred, Ontario, quia séjourné au Cameroun, en témoigne: “Les famil- les de ce village nous paraissent plus étroitement unies que Celles que nous avons rencontrées jusqu'ici. Parents et enfants travaillent ensemble dans “les champs. Nous les y rejoignons de sept heures a onze heures tous les avant-midi, pour cueillir, semer, entretenir, irriguer les cultures principales qui sont l'ananas et la laitue. Aprés cing semaines et vers la fin de notre projet |'apparition des premieres tiges nous remplit d’émerveillement et d’enthousiasme tout autant que les villageois.”- : Au Sénégal, a Tchun Kissar et a Kagnobon, deux villages dans la brousse, participants canadiens et sénégailais.sont tout particuliérement fiers de leurs projets: centres de jeunesse en briques de ciment qu’ils construisent avec.les gens du village. A leur arrivée dans ces villages, seules les fondations étaient coulées. Quelques mois apres leur arrivée, les murs se dressent au milieu des palmiers et on com- mence a’parler du toit ‘qui sera sans doute posé par le troisieme groupe. Ces constructions sont tres ~ modestes mais combleront un besoin urgent. C'est moins spectaculaire qu'une centrale électrique ou un pont, mais.les spécialistes du développement s'accordent de plus en plus a donner la priorité a des projets de cette nature qui répondent a des nécessités élémentaires de la population rurale. ~s de Jeunesse Canada Monde. L'intérét et la difficulté des activités proposées varient - énormément selon les conditions et les possibilites des lieux de séjour. Au Canada’on choisit des projets qui sont plus directement orientes vers des appren- tissages techniques qui sont d’un profit general immédiat aux jeunes a leur retour dans leur pays: fermes expérimentales; stations de pisciculture, coopératives forestiéres, etc .. Alétranger, par con- tre, les participants sont orientés vers des projets de développement, comme, par exemple, la cons- truction de toilettes extérieures trés simples, selon un plan fourni par le gouvernement fidjien. “Nous revenons de travailler, écrit Geri de Malacca en Malaisie, et je suis en sueurs. Il fait 95°! Nous défrichons le belukar (jungle malaisienne secondaire) afin que les gens plus agés du village puissent semer. En fait, tout ca a lieu dans la cour de notre maison. Tous les matins, a sept heures, nous sortons et nous coupons, arrachons, ébranchons, retournons la terre, jusqu’a ce qu'il fasse trop chaud, soit vers 11 heures.” Le travail en équipe affermit les liens qui s'‘établissent entre Canadiens et étrangers par la réalisation de projets communs, orientés vers le développement. II donne l'occasion aux participants de communiquer plus intensément et de s’exprimer souvent en exer- cant leurs qualités d’invention et leurs talents divers, souvent aussi en faisant appel a leur patience, leur compréhension, leur souplesse, comme en temoigne le texte suivant qui-est d'un participant mexicain: “Nous. rejetons lidée que parce qu'on n’aime pas un travail, on ne le fait pas. Ce n’est pas une raison valable, méme s'il ne convient pas a nos aspirations ou gotits personnels. |I faut faire des concessions. . Les concessions ne sont pas simplement faites pour servir des idées personnelles, mais aussi celles du groupe. Enfin, il existe une réelle communication pendant ce travail, car c'est l'endroit choisi pour constater les reactions des camarades et les siennes aussi, devant les difficultés. C’est plus révélateur qu'une discussion de plusieurs jours! C'est aussi une question de fierté, car méme si cela est secondaire, i! est évident que pour plusieurs, la maison en cons- truction sera “leur maison", sans compter toutes les notions de construction que nous y apprenons tous les jours.” ~ m Financement Au cours des deux premiéres années d'opération, une importante partie du programme a été subven- tionnée a titre d’expérience pilote par le Secré- tariat d’Etat du Gouvernement fédéral canadien. En 1974, c’est.’Agence Canadienne de Déve- _ loppement international qui assure cette part du financement. : Uné part des frais est assumée par les gouver- nements des pays d’échange. Soulignons également l'intérét que temoignent a l’endroit de Jeunesse Canada Monde, différents gouvernements provin- ciaux ainsi que différentes associations privées et _ fondations nationales et internationales. Aux débuts de Jeunesse Canada Monde, célébration marquant le départ d'une équipe-contréle et réunissant des participants, leur coordonnateur, Louis Samson, ainsi qu'un représentant de I'ambassade du pays d’échange et M. Jacques Hébert, président fondateur Pe ORONO OR