nea am . = 18 - Le Soleil de colombie, vendredi 22 juin 1990 ARTS ET SPECTACLES « La vie et rien d’autre » de Bertrand Tavernier Chant d’amour et champs de morts On ne parle jamais aussi bien dela vie qu’en abordant la mort. La mort d'un million et demi de «poilus» fauchés au printemps de leur vie dans les tranchées boueuses du champ de bataille. La premiére guerre mondiale est plus qu’un chapitre de Vhistoire francaise. C’est une saignée, une plaie dont les lévres nese seront jamais tout a fait cicatrisées. Le 20eme siécle devait étre |’ére du progres. S’était oublié que la modernité pouvait revétir le terrible masque dela terreur et décupler la violence de la folie humaine. En 1920, les chairs sont a vif. L’Est de la France n’est plus qu’un tas depierres, un paysage c’apocalypse qui alignent ses ; aisons éventrées, ses champs uffés d’obus et ses hommes nputés. Dans cet univers de an du monde, le commandant Dellaplane (Philippe Noiret), responsable du bureau d’identi- fication, s’acharne a remettre Philippe Noiret. des noms sur des hommes qui ont perdu une jambe, un bras et le plus souvent la_ raison. Statisticien tétu dont le travail dérange la hiérarchie militaire: On vous demande de retrouver les disparus pas de compter les morts». Mais Dellaplane n’en démord pas: «Canecollepas ... On m’a escamoté 200 000 morts». Derriére le cynisme de la mathématique, le réalisateur Bertrand Tavernier brosse un portrait au vitriol de ces années d’aprés-guerre. Coup de patte envers ces industriels qui ont passé de curieux arrangements avec |’ennemi et se montrent impatients de remettre en route leurs usines «miraculeuse- ment» épargnées. Critique féroce de ces politiciens qui ne songent qu’a exalter un nationa- lisme triomphant pour mieux taire leurs responsabilités dans ce massacre. Sur le tournage de «la vie et rien d’autre», le réalisateur frangais Bertrand Tavemier et I’'acteur de |’hexagone La France, victorieuse mais saignée a blanc, souffre. Qu’importe, on lui donnera un soldat inconnu lors d'une cérémonie grandiose sur les Champs-Elysées. «//s en ont fait tuer un million et demi mais on ne pensera plus qu’a celui-la»., prédit avec justesse Dellaplane, révolté par le grotesque de cette quéte frénétique au «poilu» anonyme. Anonyme mais bien comme le rappelle ce colonel : «Attention, pas d’anglais, pas d’allemands ... et pas de négres». Bertrand Tavernier stigmatise |’hypo- crisie de cet empire colonial francais qui préfére oublier que ses premiéres lignes avaient la peau noire lors du carnage au Champ des Dames mais continue d’envoyer «les bam- boulas» lors des opérations dangereuses de déminage. Mais «la vie et rien d’autre», c’est aussi ce cortége de veuves qui hantent les hdpitaux, les champs de bataille et les préfectures a la recherche d’un mari ou d’un fiancé. Des femmes tiraillées entre |’espoir de retrouver|’étre aimé et lapeur d’étre mise en face d'un inconnu. Irene (Sabine Azéma), grande bourgeoise, sillonne les routes défoncées de |’Est. Elle cherche Francois, son époux disparu en 1917 mais va rencontrer Dellaplane. Face a face éton- nat entre «cette gazelle aux yeux noirs» plongée avec effroi dans un quotidien morbide et ce vieux loup solitaire qui fuit les prémices d'un monde moderne. -Deux personnages qui vont se heurter, s’affronter et s’aimer. Plus forte que la mort, qui réde, qui tue encore deux ans apres la fin de la guerre cet agriculteur labourant un champ truffé d’obus, la passion triomphe. Et pourtant, tout sépare ces deux étres que seule la guerre pouvait se faire rencontrer. Dellaplane |’a vécue. Blessé dans son ame et dans sachair, il est persuadé plus que jamias d’appartenir désormais a une autre époque. Irene la découvre. Son indignation, sa révolte est a la mesure de son insouciance durant quatre ans. Colére de femme qui ne comprend pas la folie de ces hommes -«ll suffirait qu’on leur chante la Marseillaise pour quiils repar- tent aussitdt»- et s’emporte contre ces soldats devenus anciens combattants: Ce sera un club, un club qui dura des années, le club de ceux qui ont gagné /a guerre». Bertrand Tavernier nous avait habitués aux trés bons films que ce soient «L’horloger de Saint-Paul», «Coup de tor- chon», «Un dimanche a la campagne» ou plus recemment «Autour de minuit». Mais ici, il signe un véritable petit chef d’oeuvre avec la rencontres de deux acteurs éblouissants. Pour son 100éme film, Philippe Noiret réalise une performance magistrale, une interprétation juste, sans caricature extréme. Sabine Azéma est saisissante de vérité dans le réle de cette bourgeoise irritante mais sen- sible. Et puis Bertrand Tavernier a eu l’intelligence d’accorder un soin tout particulier aux seconds réles, un domaine trop souvent négligé et pourtant vital dans le cinéma. _ Frangois Limoge «La vie et rien d’autre» a partir du vendredi 22 juin sur ns _du Royal Centre. (669-9791) et_ du Ridge Theatre (738-6311). a tous nos clients et amis Joyeuse St-Jean-Baptiste Coin des rues Clark et Venables Appelez le 255-2113 “Le plus grand choix aux meilleurs prix” Fate de la Saint- Jean-Baptiste Renée Claude a la Maison delaFrancophonie | Le Centre culturel francopho- ne de Vancouver présente dans le cadre de son événement «On féte la Saint-Jean ala Maison», un spectacle de Renée Claude «Moi c'est Clemence que j'aime lemieux». Letout sedéroule ala Maison de la Francophonie, le dimanche 24 juin a 20n00. Renée Claude est |’une des grandes interprétes de la chanson québécoise. Depuis ses débuts en 1959, elle adonné des milliers de spectacles et a endisqué seize microsillons. Véritable ambassadrice de la chanson québécoise, elle a représenté son pays dans des galas et des festivals interna- tionaux tels que le Festival de Sopot en Pologne en 1966, les Olympiades de la chanson a Athénes en 1970, le Festival de Caracas en 1972 et le Festival de - Spa en Belgique en 1974. Le spectacle «Moi c'est Clémence que j’aime le mieux» que nous offre Renée Claude a Poccasion de la Saint-Jean se veut un hommage vibrant a l’univers de Clémence Desro- chers (chansons, monologues et poémes). L’humour cétoie la tendresse ou encore |’engage- ment social comme le rappel- lent les chansons «Moi c’est Clémence que j'aime le mieux», «Cet été je ferai un jardin», «La vie d’actrice». Ce tour de chant, acclamé par la critique et le public a été présenté a travers le Québec et méme au Centre culturel canadien a Paris. Il vous est offert a la Maison de la Francophonie, le 24 juin, de 20h00 a 22h00. Renée Claude sera accompagné du pianiste Francois Dubé. Une soirée dansante suivra le récital. Pour renseignements ou réservations 736-9806. (membre: 12$, non- membre :17$.) Ser =. Signe Naturel Protégeons leur habitat pour notre bien a TOUS. Canards Illimités Canada uLivraison gratuite 10375, 133e Rue, Surrey, C.-B. BRICOLEURS Matériaux pour jardins GARY POCHA LANDSCAPING KARTAGE trp. Sable et gravier paillis d’ecorce terre vegétale 581 -5457 NE of eo @ au! — PARTIOIPALTION BE 1.