f Pome See ee ee ishedcuaee attain PE aks - Oe Festival international du film “Le quatriéme Festival international de Vancouver a été officiellement ouvert le 9 mai dernier au théftre de Y'Orphéum par Michael Harcourt, le maire de la ville. Un gala a eu lieu en présence de I’acteur anglais Michael York avant la projection d'un film sur Marléne Dietrich. Le festival, qui durera jusqu’au 6 juin 1985 est l'occasion de voir ou de revoir plus de vingt films en francais, dont certains inédits au Canada. Cette semaine, les amateurs pourront assister A un film québécois, “Sonatine”, qui a obtenu une renommée internationale, notamment en remportant un lion argent au festival de Venise, la Mostra. Quatre films frangais sont par ailleurs au programme cette semaine. Deux d’entre eux sont présentés pour la seconde “P’tit con” de Gérard Lauzier [d’autres films que ce dernier auraient mérité une seconde “Rue Cases-Négres”, de la fois durant ce festival, diffusion] et surtout réalisatrice’ martiniquaise Euzhan Palcy. Le Soleil de Colombie, vendredi 17 mai 1985 —5 Devx films apparaissent cette semaine, le moyen “La femme de mon pote” et l’excellent “Que la féte commence” de Bertrand Tavernier, réalisateur de “Un dimanche a la campagne”, qu’on pourra revoir le jeudi 30 mai. A noter enfin le samedi 18 mai & 16h00 au Vancouver East Cinema ‘tne séance du “Festival secret” au cours de sera présenté un film dont personne ne connaitra le titre avant l’ouverture du rideau. Pour 3$, le risque vaut la peine d’étre pris. Mardi 21 mai, 4 19h00 Hollywood Canada, 1984, 90 mn Réalisé par Micheline Lanctét Interprété par Pascale Busstéres, Marcia Pilote, Pierre Fautex, Kliment Dentchev. Présenté aux festivals de Los Angeles, Toronto et Venise [vainqueur du lion d’Argent |. Le deuxiéme film de l’actrice, scénariste et réali- satrice Micheline Lanctét observe avec finesse le lien qui unit deux adolescentes, Chantal et Lovisette qui ensemble explorent et in- terprétent le monde, enre- gistrant leurs impressions ‘sur les “walkman” qui ne les quittent pas. Tiraillées en- tre leurs impressions d’en- fants et une connaissance d’adulte, les deux jeunes filles s’efforcent courageu- -~sement de faire craquer le Sonatine vernis de l'indiférence am- biante et de colorer et poétiser le monde complai- sant et immobile des adul- tes. La tache est plus difficile, ardue et prenante qu’elles ne l’avaient ima- giné, et a ce monde trop grand pour elles deux, Chantal et Louisette se résignent a une solution finale drastique... Chacune des trois parties du film est centrée sur un mode de transport diffé- rent, et chacune posséde un . style cinématographique propre. Les taches de cou- leur se répondent les unes les autres comme des notes de musique et le film lui méme présente une perfec- tion formelle exception- nelle dans le monde du cinéma. [Peter Harcourt, Festival de Toronto]. “En dépit de son titre léger, Sonatine est une oeuvre sombre. A la beauté primaire de la technologie s'oppose la beauté physique et émotionnelle des: deux héroines: Pascale Bus- siéres, dans le rdéle de Chantal, joue a en couper le souffle. Mais la beauté est comme tout - trop fugace... ce qui reste, bien sir, est une méditation filmée brillament, subtile- ment et avec profondeur par l'une des réalisatrices ‘les plus contemporaines du cinéma canadien actuel. [ Michael Dorland, Cinéma Canada]. undi 20 mai, 4 19h00, Ridge Martinique-France, 106 mn. Réalisé par Euzhan Palcy Interprété par Darling Legitimus, Gary Cadenat Présenté aux festivals de 1983, | Montréal, San Aancisee et | Venise. Euzhan Palcy est une jeune réalisatrice martini- quaise, figure la plus con- nue d’un cinéma antillais que l’on commence a dé- couvrir. Avec Rue Cases Négres, elle a obtenu une consécration qu’est venu renforcer le succés rempor- té par le film auprés du public frangais et sa présen- tation a plusieurs festivals internationaux. A Venise, en 1983, Darling Legitimus a dailleurs obtenu le lion d’argent récompensant la meilleure actrice pour son réle de grand-mére. Ré- compense a laquelle per- sonne, et surtout pas |’in- téressée, ne s’attendait. Rue Cases Neégres, le premier long métrage d’Euzhan Palcy, est basé Rue Cases Negres sur le roman autobiogra- phique de l’écrivain Joseph Zobel dans lequel “un jeune plein de dons échappe a la pauvreté grace a son talent et son éducation et au soutien d’une adulte in- domptable”. Lhistoire est située en Martinique durant 1’été 1930. Alors que les adultes s'‘épuisent au travail, les enfants goatent une idylle d’été. Mais a l’approche de la rentrée, les chemins des enfants se séparent comme l’exigent les résultats sco- laires. Le plus brillant de tous est un orphelin de 11 ns, José, élevé par sa grand-mére, une joyeuse veille dame fumeuse de pipe, qui travaille dans les champs de canne 4 sucre. La soif d’apprendre de José va lui permettre de suppor- ter deux tragédies... ‘| Jeudi 23 mai, & 19h00 Ridge Jeudi 30 mai, 4 19h00 Hollywood France, 1976, 120 mn Réalisé par Bertrand Tavernier Interprété par Philippe Notret, Jean Rochefort, Jean-Pierre Marrtelle, Christine Pascal et Marina Viady. Que la féte commence a déja dix ans mais peut étre vu et revu sans hésitation. C’est un grand moment de cinéma et une communion parfaite entre le sujet, le réalisateur et les interpré- tes. Le film est 1l’évocation minutieuse mais acide du déclin et de la chute de la Cour de France au début du 18e siécle.. Philippe Noiret y est Philippe d'Orléans, Régent pendant la période pré-révolution- naire entre la mort de Louis _XIV et la maturité du jeune Louis XV. Dans une am- biance de fétes permanen- tes se développe un ballet de plaisirs d’intrigues et d’ambitions, alors que le pays déja gronde et se rebelle, plusieurs dizaines d’années avant la vraie révolution. Que la féte commence a accaparé en 1976 les césar du cinéma frangais, rem- portant ceux de la meil- leure mise en scéne, du meilleur second réle fé- minin, du meilleur scéna- rio et de la meilleure direction artistique. Bertrand Tavernier est, il est vrai, un habitué de la cérémonie des césar ow ses films sont presque toujours présents. Mais cet ancien critique de cinéma a aussi toujours su gagner les fa- veurs du public depuis sa premiére réalisation, L’horloger de St Paul jus- qu’a Un dimanche @ la campagne en passant par Le juge et l'assasin et Coup de torchon. Cinéaste de précision, Tavernier sait également faire preuve d’une trés grande fantaisie, et de beaucoup d’esprit. Ses Que la féte commence portraits sont toujours sa- voureux et Que la féte commence lui donne l’oc- casion d’en brosser de su- perbes, sous les traits de ses trois acteurs fétiches, ceux qui reviennent dans. la plupart de ses films. A leur téte, Philippe Noiret en- core plus €poustouflant que d’habitude dans un réle de bouffon sans cervelle, dont l’unique but est de profiter de la vie. Avec talent, il compose ce clown grotes- que et ridicule, et la subtilité de l’acteur fait encore mieux ressortir la lourdeur du personnage. Dans un régistre diffé- rent, Jean Rochefort joue un écclesiastique rusé, émi- nence grise du régent et véritable détenteur du pou- voir. La performance de Jean Rochefort est en elle méme une merveille, tant la rouerie et l’hyprocrisie de cet abbé ambitieux trans- paraissent dans chacun de ses regards et chacun de ses gestes. Le meilleur de tous reste pourtant Jean-Pierre Marielle noble breton re- belle. Il est tout sim- plement délirant et irrésis- tible rien que pour lui; Que la féte commence est un film a voir absolument. Samedi 18 mai, a 19h00, ollywood Réalisé par Gérard Lauzier Interprété par Bernard Brieux, Guy Marchand et Caroline Cellier. Présenté au festival de Los Angeles. est un jeune parisien de 18 ans qui brandit ses convic- tions libérales pour décla- rer la guerre a ses parents et a leur matérialisme étroit. Tl quitte le confortable appartement familial pour une chambre de bonne et part a la découverte de la vie et de l'amour, en citoyen du monde respon- sable. _ Toujours a la recherche Le petit con en question: P’tit con de nouveaux scénarios, ae cinéma se tourne de plus’ en, plus vers la bande-dessinée pour y trouver des idées originales. Gérard Lauzier, l'un des auteurs de B.D. francais les plus populaires a estimé qu'il ne serait jamais mieux servi que par lui-méme et s'est mis a adapter ses histoires et réaliser ses propres films. - Tous les livres de Lauzier étaient des discriptions fé- roces du monde parisien, ses Marginaux, ses snobs et! surtout ses intellectuels de gauche pour lequel il éprouve un mépris qu'il ne dissimule pas. L’auteur ne manifeste absolument au- cune tendresse ou sym- pathie pour ses personna- ges. Et siles portraits ont pu amuser au début, ils ont fini par lasser. Leur passage au cinéma ne change rien. Au con- traire, l’humour corrosif dont Lauzier faisait preuve s'est alourdi et a perdu une grande partie de son im- pact. Leseul intérét du film reste ses acteurs et surtout Vexcellent Guy Marchand qu’on a vu récemment dans Entre nous qui proméne d’un réle a l’autre son flegme et sa subtilité. Sans avoir l’air d’y toucher, il réussit toujours a faire croire a ses personnages. Dimanche 19 mai, & 21h30 Hollywood France, 1983, 99 mn Réalisé par Bertrand Blie1 Interprété par Coluche, Isabelle Huppert et Thierry Lhermitte. Présenté au festival de Seattle. Deux hommes, deux co- pains, quise partagent et se disputent la méme femme, le sujet est familier a Bertrand Blier. En l’occu- rence, les deux “potes” en question sont Pascal (Thierry Lhermitte), le beau propriétaire d’une boutique de vétements de ski, ancien champion de ski, et Mickey’ (Coluche) qui travaille dans une bofte de nuit. La femme fatale s'appelle Viviane (Isabelle Huppert) dévoreuse d’hommes pleine de char- me dont l’une des princi- pales occupations est de s’habiller de vétements trés - légers. Evidemment, le meilleur ami de Pascal est séduit par sa femme et les ennuis commencent. Bertrand Blier s'est taillé une solide réputation dans le cinéma francais depuis qu'il s’est révélé avec Les valseuses. Il a obtenu avec Préparez vos mouchoirs loscar du meilleur film étranger et a le don de suciter débats et polémi- ques, en particulier avec Beau-pére, histoire des re- Ou? U:E Ridge, 3131 Arbutus, 738-6311 Vancouver East Cinema, 2290 Commercial, 253-5455 Hollywood, 3123 ouest Broadway, 738-3211 lations poussées entre un homme d’age mir et sa belle-fille adolescente. I s’est aussi fait le spécialiste de "humour noir cynique et absurde qu'il n’a jamais autant maitrisé que dans Buffet frotd, son chef d’oeuvre. Mais Bertrand Blier est aussi célébre pour le phal- locratisme qui apparait dans la plupart de ses films, phallocratisme qu'il s’ef- force de dénoncer en s’en moquant. Mais il arrive parfois que le message ne passe pas, et l’atmosphére La femme de mon pote devient réellement mal- saine. C’est la raison pour laquelle son oeuvre s’avére étre assez inégale. La femme de mon pote n’a pas remporté un grand succés critique et populaire lors de sa sortie. Pourtant il bénéficie d’une interpréta- tion propre 4a attirer les foules. Isabelle Huppert y poursuit l’évolution qu'elle a entamée depuis quelques années vers des person- nages plus fantaisistes et frivoles, essayant ainsi d’échapper al’image glacée dans laquelle ses premiers réles l’avaient enfermée. Face a elle, Thierry ‘Lhermitte qui doit affron- ter le méme probléme. Apparu avec la nouvelle génération du cinéma co- mique francais venue du café-théatre, il est confiné. dans les personnages de jeunes premiers innocents. Pourtant ses qualités sont réelles, comme on a pu le constater dans Les ripoux, dés lors qu’il se voit confier un réle un peu plus consis- tant. Dernier interpréte, et non des moindres, Coluche, Tune des plus grandes déceptions actuelles. Le film Tchao Pantin, vain- queur des césar en 1984, a montré qu'il pouvait étre un acteur fabuleux. Mais par paresse ou désintérét, Coluche se*contente le plus souvent d’aligner des films inutiles dans lesquels il s'implique a peine et utilise toujours les mémes ficelles. On ne peut que regretter de voir un tel talent aussi réguliérement gaché. - ee