= 1971; ge Bs Fad LE SOLE L WNW Courrier de 2éme classe Second class mail N° 0046 VOL. 17 No 1 VENDREDI 27 AVRIL 1984 Ontario Des services provinciaux en francais pour les Franco-Ontariens Par Jean-Francois Fournel Le gouvernement ontarien présentera d'ici un ou deux mois deyant le parlement provincial une loi garantissant des services publics en frangais aux francophones de la province. Le Premier mifistre onta- rien Brian Davies ne veut pas entendre parler d’un Ontario officiellement bilingue. — Il T'avait encore répété le mois dernier 4 Pierre Trudeau lors- que ce dernier l’avait exhor- t€ d'introduire le francais dans la constitution provin- ‘ciale. Néanmoins, — Brian ' Davies est en train de tenir sa promesse d’accroitre le nom- bre des services gouvernemen- taux accessibles dans les deux langues. Mr Wells, le ministre res- ponsable des services gouver- nementaux en frangais, a déclaré mercredi 18 avril que - lenouvel Acte des enfants et _ de la famille (dont la présen- tation au parlement est pré- : bite Sa ss francophones. __ (En vinciale une garantie d’accés a des services publies en fran- cais pour les francophones. Le gouvernement ontarien a déja mis au point un texte qui sera remodelé par le par- lement, mais le projet gou- vernemental est déja trés favo- rable aux francophones. Ainsi on peut y lire que «Des ser- vices. en francais devraient étre fournis aux enfants et aux familles 14 ot il y a lieu.» Selon Clément Sauvé, coor- dinateur des services en fran- Gais du’ gouvernement, cette motion signifie. en d'autres termes que des services en frangais seront garantis dans la douzaine de régions de la province owril y a beaucoup de tout environ YOntario compte ~ 500 000 francophones, Autrement dit, le bilinguis- me total des services gou- vernementaux n’est pas pour demain. Avec la meilleure volonté du monde, un gou- vernement ne peut attendre de ses employés quiils se mettent au frangais du jour au lendemain. Au niveau fédé- ral, le dernier rapport du Commissaire aux langues offi- cielles montrait d’ailleurs que prés de_74% des employés titulaires fédéraux n’ont recu aucune formation dans la deuxiéme langue officielle. Dans un grand nombre de cas, le gouvernement ontarien devra donc continuer 4 ache- ter des services sociaux au Québec qui, selon Frank Drea, ministre des Commu- nautés et des Affaires socia- ° les, «est encore la seule pro- vince a fournir des services-en - francais de premiére quali- té>. Mais, la décision qu’a prise le gouvernement ontarien marque un progrés important car elle donne pour la pre- miére fois officiellement le droit aux Franco-ontariens de recevoir des services dans leur langue. Le critique pour les Affaires sociales du Nouveau Parti démocrate Richard Johnson, apporte cependant un certain ynombre de res- trictions a ce constat opti- miste et regrette par exem- ple que la formulation de lActe des enfants et de la famille soit trop souple. Il espére que la nouvelle loi permettra aux francophones d’avoir accés en francais aus services des travailleurs sociaux, des avocats et des organismes semi-judiciaires. Selon lui la- Loi provincial ‘n’apporte aucune garantie dans ce domaine. Québec Le francais au travail au méme niveau qu’en 1971 : cece re - A seule e parlée officiellement au Québec depuis 1977. Pourtant, une étude menée _ par l’Office de la langue fran- gaise montre que l'utilisation du frangais dans le monde du travail a trés peu évolué au Québec depuis 1971. - Si vous vouliez acheter des pommes' de Québec en 1971, vous aviez une chance sur ‘trois que le "personnel du magasin s'adresse 4 vous d’abord en anglais, et unechancesur dix qu'on ne puisse pas vous servir du tout en frangais. L’étude comparative menée_ entre 1971 et 1983 par l’Office de la langue francaise (publiéepar «Le Devoir») montre d’autre - part qu’un Québécois sur trois utilise a la fois l'anglais et le _ francais dans son travail. Ces chiffres peu encoura- ants pour les partisans de - Yunilinguisme au Québec indiquent que l’usage du fran- Cais a trés peu évolué depuis 1971. Ainsi, 66% des 3 926 personnes interrogées il y\a treize ans, avaient répondu qu’elles ne travaillaient qu’en - francais; douze ans apres et une loi 101. plus tard, 70% (4% desplus) des 771. per- sonnes interrogées ont indiqué - qu’elles. parlent uniquement francais a leur travail. De - méme, en 1971, 31% des Québécois parlaient les deux langues a leur bureau en contre 27% aujour- @hui (4% demoins) -D'autre ‘part, les deux étudesont trou- vé un nombre équivalent de Suite en derniére page terre au: 7 Idée Les heures supplémentaires de l’immersion Par Jean-Francois Fournel Une étudiante de UBC mec tous les vendredia: soir des histoires en frangai &-de jeunes éléves d’immersion dans les wom de la bibliothéque de Kerrisdale (Vancouver). Une bonne idée qui compléte bien les cours d’immersion et qui ne cofite pour Yinstant rien & personne. «Si tu aimes le soleil, frappe tes mains, si tu aimes le soleil tape des pieds ...» Cette con- tine trés en vogue dans les écoles d’immersion permet a _ Joanne Westerby de lancer sa premiére histoire : les aven- tures d’une souris qui a per- du sa queue (on la retrou- ve a la fin du conte, ouf). Nous sommes vendredi a la bibliothéque publique ‘de Kerrisdale (sud-ouest de Vancouver), il est 15h30. L’heure et le jour ont leur importance car la trentaine d'enfants qui écoutent Joanne ont une longue journée et toute une semaine d’école der- tTiére eux. Et ils ne baillent pas. Au contraire, ils ne sem- blent pas spécialement regret- ter les terrains de baseball ou de soccer qu’ils ontdélaissés pour venir «s’enfermer» 4 la bibliothéque. I] faut dire que leurs parents ont da les pous- ser un brin. «Ce programme donne a mes enfants la possi- bilité d’entendre du francais ailleurs qu’a l’école, explique une mére de famille, la plu- part des parents qui ont un enfant en immersion ne peu- vent leur raconter des histoires en francais le soir, car ils ne parient pas la langue. Cepen- dant, a l'avenir, je n’aménerai mes enfants que s'ils en ont envie. Ils Yont déja a l’école -ques semaines. toute la semaine ...» En tout cas, Joanne fait tout ce qu'elle peut pour distrai- re. Avec un accent anglais prononcé, elle fait participer les enfants, essaye de les inté: resser 4 ce qu'elle raconte ... et son accent, elle n’en fait pas un drame. Ce programme de six semaines constitue pour elle avant tout un stage pra- tique comptant pour son degré de bibliothéquaire. Elle n’en prend pas moins son réle au sérieux. «C’est beaucoup de travail, dit-elle, le plus dur est d’arriver A dénicher des livres en francais dans _ les bibliothéques de Vancouver . qui n’en comptent pas énor- mément.» Dans ce domaine, elle peut compter sur son exp€rience. A Ottawa, ou elle a passé cing ans, Joanne racontait déja des histoires dans la bibliothéque ‘publique. La-bas, ce genre de programme est monnaie cou- rante, ce qui n’est pas le cas en Colombie britannique. Il y a bien eu plusieurs expériences tentées ~ 4 Vancouver, mais elles n’ont jamais excédé quel- De plus, les histoires étaient racontées par des bibliothéquaires titulaires (et bilingues) qu'il. fallait détacher de leur poste habi- tuel. Le programme des Kerrisdale est prévu jusqu’au 18° mai seulement, mais l’administration centrale de la bibliothéque de Vancouver, tutrice du projet, envisage trés sérieusement de le reconduire. La bibliothéque devra alors faire un choix. Joanne, elle, n'est pas payée’ puisqu’elle effectue un stage comptant - pour son dipléme. Par contre, le prolongement de l’expé rience (a d’autres bibliothé- ~ ques de la ville, par exem- ple) supposerait de détacher une bibliothéquaire bilingue du secteur ov elle travaille actuellement pour l’affecter aux histoires francaises. La bibliothéque de Vancouver semble préte a faire cet investissement, a con- dition toutefois que l’expé- © rience de Kerrisdale soit con- cluante. «Nous recevons beau- coup de lettres de parents nous demandant d’organiser - des lectures de contes en fran- Cais, indique Janice Douglass, directrice du département d’enfants pour tout Vancouver, nous sommes tout a fait disposés a y répondre ‘dans la mesure of ces _his- toires intéressent vraiment lés enfants». En fait, si jamais les contes de Joanne Westerby attirent une trentaine d’enfants tous les vendredis jusqu’a la fin mai, il sem- ble bien que la_ bibliothé- que de Vancouver fera le nécessaire pour que l’expé- rience se poursuive. Et pour linstant, Joanne tient’ sa moyenne. Les trois derniéres séances ont lieu a la bibliothéque de Kerrisdale les vendredis 4, 11 et 18 mai. Le seul journal de langue francaise de la Colombie britannique — Le métier d’un francophone Il suffit de demander! Par Annie Granger Trouver pour la soirée une robe de mariée de 3000 dollars, louer un avion ou un voilier, déni- cher des boutiques spécia- lisées, conseiller un restau- rant ou une piéce de théa- tre .... Normand Aubin doit faire tout cela a4 la fois, c'est ce qui rend son métier tous les jours diffé- rent et excitant. Normand est depuis deux ans et demi concierge dans un des plus grands hétels de Vancouver. A 23 ans, il est le plus jeune des huit concierges, dont trois sont francophones. Lorsqu’on passe la porte de tout hdtel, on s’attend en général a découvrir des visages plus agés et plus fatigués. Dans les grands hétels parisiens, le poste de concierge est en_ principe trés difficile 4 acquérir, on a sous-entendu souvent que ce poste s’achetait. Né au Québec, - 30 cents Normand Aubin est arrivé a Vancouver il y a quatre ans. Et comme plusieurs il était . venu sur la céte du pacifique pour ne rester que quelques mois.