Le Moustique Volume 4 - 6° édition ISSN 1496-8304 Juin 2001 ie Aujourd’hui est une autre de ces grandes aventures ou, en compagnie d’un vieux compagnon de tous les combats, je me suis lancé dans la montagne. Cela pourrait paraitre assez impressionnant. La réalité est plus modeste : nous sommes allés nous promener sur le Mont Douglas. Ce n’est ni trop haut, ni trop raide, mais cela fait faire tout de méme un peu d’exercice. Genre d’occupation qui rassure mon épouse et qu’elle commente par un “tant qu’il fait cela, il ne fait rien de mal” rassuré. Ce qui est bien a Victoria, c’est qu’il n’est pas nécessaire d’aller bien loin pour faire de la promenade dans une forét presque originelle. En fait, ce grand morceau de nature, quelque peu escarpe, est enclavé dans le Nord de la capitale, juste en bordure de la baie Cordova. On a donc la mer, la montagne, Ia forét et l’aventure pour le méme prix. On raconte d’ailleurs que la silhouette d’un cougouar y a parfois été apergue dans les buissons a airelles ou myrtilles qui poussent aux pieds des pins Douglas et des thuyas. Alors que !’on crapahutait sur la face sud ot de la roche affleurait au détriment de la végétation, je me suis arrété devant une plante qui poussait, isolée, dans les cailloux et que je n’avais encore jamais vue. Un arrét imposé, d’ailleurs, autant pour reprendre mon souffle que par une saine curiosité scientifique. Oh ! Elle n’était pas particulierement impressionnante, ni trés jolie, seulement, je ne la reconnaissais pas. C’est en fin de compte mon vieil ami qui I’a déterminée. Malheureusement, il est presque aussi ennuyeux que moi quand il parle botanique. C’est un "mugwort" s’est-il exclamé avec beaucoup de suffisance comme si, avec un peu de temps, je n’aurais pas pu la reconnaitre moi-méme. A moins que ce ne soit un "wormwood", a-t-il rajouté, mais je ne pense pas que ce soit de la "sagewort". C’est que, bien sir, il faut toujours qu’il complique les choses. - Bon ! Faudra-t-il que j'avale ¢a tout cru ou aurai-je droit 4 quelques explications ? C’est a ce stade que je n’arrive pas 4 comprendre comment on a pu rester amis si longtemps. Il prend une attitude réfléchie, se lance en hésitant dans des explications confuses, se trompe, reprend en bredouillant, efface tout et recommence, puis termine une trés longue explication vaseuse par un "de quoi parlions-nous en fait ?". Alors, de la pointe du pied, je lui montre la plante et son regard s’éclaire. Ah ! Mais ¢a c’est une armoise ! - Aha ! Mais ¢a change tout ! Bien sur que c’est une armoise ! Disons que je n’avais pas besoin de lui pour le savoir. Mais si c’en est une réellement, a quelle espéce appartient-elle 7 - Tu sais ce que |’on fait avec de l’armoise ? Page 7