« Il était de notoriété publique qu’Alois, le pére d’Adolf, était un tyran qui brutalisait femme et enfants, notamment l’avant-dernier (Adolf), qui était son souffre-douleur, m’a confié l’instituteur. De- vant son mari, Klara était sans défense et ne pouvait rien faire, autre que de réconforter son enfant, qui recevait de fréquentes corrections. Ma mére a méme appris qu’un jour, au cours d’une dispute, Alois Hitler avait tellement frappé son fils, qu’il était reste inconscient sur le plancher et saignait abondamment. » Mais pour- quoi tant de brutalité, avais-je demandé a mon interlocuteur ? » « D’aprés Alois, son fils était un paresseux et un réveur dont on ne pouvait rien tirer. II voulait absolument devenir artiste-peintre, alors que le pére voulait qu’il devienne douanier, comme lui. » Tout comme Ilauteur de La part de J/’autre, Eric-Emmanuel Schmitt, je me suis souvent posé la question suivante : L’histoire de I’Allemagne de l’'aprés guerre de 1914 aurait-elle été différente si Hitler avait été admis a I’Ecole des Beaux-Arts ? Est-ce que les sévices dont le dictateur a été victime, dans son enfance, ont joué un réle de catalyseur et auraient déclenché chez ce « réveur », la réaction « en chaine » qui a mis le monde a feu et a sang ? On peut en douter, car pour bien comprendre le phénoméne Hitler, il faut retourner au lendemain du traité de Versailles qui, en raison de ses termes draconiens, interdisait un relevement rapide. La mi- sére l’'anarchie et le désespoir s’installérent. Le ch6mage dépas- sait 60%. L’inflation galopante était telle, qu’il fallait payer plu- sieurs « milliards de marks » pour acheter un pain. Alors, quand Hitler se leva et promit de redonner a |’Allemagne sa dignité, et de recouvrer sa gloire d’antan, on ne doit pas s’étonner que le peuple allemand, dans sa grande majorité, le suivit. Pourquoi le destin a-t-il choisi Hitler ? C’est a I’Histoire de nous l'expliquer... si elle le peut ! Robert Momer Robert Momer est né en 1922 a Paris. Aprés avoir passé 28 ans au Qué- bec, il émigre dans I’'Quest canadien. Attaché au département de langues modemes du Collége universitaire de Kelowna, il y enseignera jusqu’en 1994. Aujourd’hui a la retraite, il vit a Westbank en C.-B. en compagnie de sa femme Paulette, ou ils coulent des jours heureux consacrés au jardi- nage et aux voyages. R. Momer collabore réguliérement au Moustique pacifique et il est membre de I’Association des écrivains francophones. Vous le rencontrerez au Salon du livre a Victoria, en novembre. || a publié un livre : Pierre Gensac, Les Editions Carte blanche, Québec, 2001 6