Maurice Dufault, sous-directeur de Marguerite-A Primeau, Editions des Plaines, Saint-Boniface, Manitoba, 1983. Maurice Dufault, jeune homme célibataire de 37 ans, enseigne le francais depuis une dizaine d'années dans une école secondaire a Lyonsville, lieu fictif situé quelque part dans la Prairie albertaine. Par les yeux de ce personnage principal, Marguerite Primeau montre la transformation, suite a la découverte de gisements de pétrole, d'un village assoupi parmi les blés en une véritable petite ville moderne. Le paysage change alors que sont construits deux hétels, des pensions, un hdépital moderne entouré de villas. La vieille école se voit affublée d'une annexe, haute masse incongrue de béton, carrée, et perchée sur des pylénes. Le contraste entre les deux batiments est le symbole des changements survenus a Lyonsville, non seulement dans son aspect physique mais aussi dans la mentalité des gens tandis que disparait peu a peu la géneération des fermiers, remplacée par des ingénieurs, techniciens et hommes d'affaires. Les anciennes valeurs des pionniers, basées sur le travail de la terre, l'entraide, la simplicité de la vie, cédent la place au pouvoir de l'argent facile et a la naissance de besoins et plaisirs nouveaux. Le conflit entre l'ancien monde et le nouveau est exemplifié par deux personnages d'adolescents. Piotr Lupanek, jeune émigré de Pologne qui vit avec sa grand-mére et sa sceur ainée quill s'efforce de protéger, reste fidéle aux valeurs du vieux monde. Parce quill est différent et fragile, il devient le souffre-douleur de Larry Ross, jeune brute, meneur d'une bande de voyous et fils d'un homme d'affaires important de la ville. Un matin, Maurice Dufault surprend Larry Ross qui, acclamé par ses acolytes, est en train de tondre les cheveux de Piotr. Dufault intervient, saisit la tondeuse et la passe dans la chevelure parfumée de Larry Ross qui, mortifié, disparait de l'école. Son pere exige des excuses de la part du professeur. Mais Dufault refuse de les donner malgré l'insistance de son directeur qui, lui, cultive les faveurs des personnages haut placés de la ville. Dufault, qui traine depuis un certain temps une mauvaise toux et une grande fatigue, apprend qu'il est atteint d'une maladie grave. C'est son amitié pour le jeune Piotr qui finit par lui faire accepter sa mort prochaine en lui donnant une famille et un sens a Sa vie. Ce bon roman, solidement ancré dans la réalité d'une petite ville des Prairies en transition d'un milieu rural a une vie citadine, riche de personnages, de péripéties et d'émotions, est écrit dans un style ferme et classique. L'auteure, Marguerite-A Primeau, originaire d'un village albertain, autrefois appelé Saint-Paul des Métis, a écrit plusieurs romans et vit maintenant a Vancouver. Critique de Monique Genuist