Le Soleil de Vancouver, page 5, 3I octobre 1969 LE JOUAL, C’EST TRES, TRES AMUSANT avec Robert de Roquebrune Entretien Ma grande amie, Cybéle. Nous qui vivons, jour aprés jour, la réalit€ quotidienne, il nous est difficile de prendre conscience des changements profonds qui se produi- sent dans notre sociéte, Mais, pour Robert de Roquebrune, il ntern est pas de ‘mame. Né en 1889,4 l'Assomption, il quitte LES Québec, en I919, pour se rendre 4 Paris o¥ il va exercer son métier d'écrivain et d'ar- chiviste, Aprés 50 ans dtabsence, zlal nous revient, jetant. sur nous et no-— tre société un regard ébahi par les changements survenus,. "Je me suis trouvé parmi des Ca- nadiens frangais que je ne connais- sais pas du tout , dustement: parce qu'ils avaient. change", a-t-il déclaré au journaliste du NCadueee", journal officiel de l'Association des dipl6- més de 1'école des Hautes Etudes Com merciales de Montréal,dans son numéro de septembre 1969. les Canadiens frangais ont chan- ze, a-t-il poursuivi,:"Dans un sens é- nergique de prise de * position extraor- dinaire, Qa donnera ce que ga donnera, on ne sait pas, mais je pense que Ga va donner quelque chose.Ga donne déja quelque chose?" Ah! non. La jeunesse canadienne-fran- gaise n’est pas trés catholique. LA JEUNESSE Et commie pour en faire foi,il a ajouté:" La jeunesse canadienne—Pran- gaise est trés intéressante, en dépit de quelques exagérations que Je déplo- re parfois; ctest quand méme trés inté- ressant. eR la jeunesse canadienne- frangaise n'est pas trés catholique! a-t-il dit, en comparant le mouvement nationaliste actuel avec celui du de- but du siécle, Le mouvement de Bouras- sa:",.ctetait quebécois..c'etait trés catholique", D1 lui semble déceler une forte tendance sépsratiste chez la jeunesse et il avoue ne pas "comprendre gat Tout en etant en faveur. cu statu quo, ila ajoute:..."ce qui n! empeche pas gue nous ayons raison de prendre les positions que nous prenons at point. de vue de la langve frangaise et des libertés quebecoises", Le ‘‘joual’’, je trouve ¢a trés bien. IE "JOJAL" "hh! bien le "joual",ga m'anmise beaucoup et Je trouve ga trés bien" ,a— t-il déclaré,"...les Canadiens fran- gais ont autant le droit d'avoir un langage peuple que les autres pays, les frangais eux-m@mes ne parlent pas tous comme 4 1'Académie-Frangaise. ",..8t il n'y a aucun danger pour la langue frangaise de l'élite a cause de la présence de ce langage peuple.Absolvment pas", a-t-—il conclu sur ce point, L' OEUVRE "Je suis allé puiser dans le Ca- nada d'tautrefois par mes souvenirs de famille et par-mon métier d'archivis— te, Mon oeuvre,a moi,ctest mon passe} a-t-il dit. susciter une société qui n'existe plus,mais qui a existe", "j'ai ressus cité le passé de ma famille", Et ce passé, ctest Iouis ot il a passé sa jeunesse,C'est celui aussi de Michel Viger qui fut président de la Banque du peuple, C'est celui aussi de Bonaventure Vi- ger qui "avait fait le coup de fusil en 1837 contre les Anglais et ila & t@ emprisonné 4 la prison du Pied-du- Courant", NJe me suis trouve A res. celui du Quartier Sainte - Je n’en reviens pas, moi, d’avoir 80 ans. LA CONTISTATION Enfin, interrogé sur les mouve- ments de contestation de la jeunesse canadienne-frangaise, il a déclare, "Clest trés vivant, tout ca et ga me change tellement de ce qu'était le Ca- nada frangais d'autrefois,celui de ia jeuness se, On ne contestait pas, nous, Nous &tions um peu abrutis au fond", "Et a mon @ge,...tout ce que je ferai ne comptera pas beaucoup, Je n'en re- viens pas, Moi, d'avoir quatre-vingts ans", OEUVRES DE M. ROBERT DE ROQUEBRUNE D’un océca & Il’autre, roman Testament de mon enfance, récit Les Habits rouges, roman La Seigneuresse, roman Les Canadiens d’autrefois, essais Les Dames Le Marchand, roman Quartier Saint-Louis, récit Cherchant mes souvenirs, 1911-1940, récit eee ee « Vous aviez autrefois des principes démocra- tiques, disait-on a Alfieri; pourquoi les avez- vous abjurés ? ? — J’avais vu les grands, répon- dit-il, je n’avais pas encore vu les petits. » MODES Robson