ne a aeal | | | | { | | 4 - Le Soleil de Colombie, vendredi 10 avril 1987 Par Nigel Barbour. Il convient de se méfier des nostalgiques et autres amateurs de passés romantiques, lorsqu’ils parlent du “bon vieux temps”... surtout s’ils ne l’ont pas vécul Je me souviens trés bien du Vancouver d’il y a trente et quarante ans. Et je suis bien content de vivre dans le Vancouver d’aujourd’hui - pro- pre, animé, beau et pittoresque - plutét que dans le Vancouver sale, morne, laid et raciste de mon enfance. Je note en passant que, jadis, lorsqu’on parlait du “bon vieux temps” cela voulait dire “avant l’autre guerre”. Il y avait encore beaucoup de monde pour s’en souvenir... Vancouver dans les années quarante et cinquante était une ville industrielle. Son industrie la plus importante, c’était les moulins de pate et papier. Qui ne se trouvaient pas, comme nos industries propres et silencieuses modernes, dans quelque Burna- by lointain. Hélas, non! Les moulins étaient 4 False Creek, au coeur méme de la ville; et ils ne s‘embarrassaient pas de mesures anti-pollution, pas encore inven- tées, d’ailleurs. Cela sentait trés mauvais. Les ouvriers - tous des hommes - étaient mal payés pour de longues heures dans une ambiance infernale, de chaleur, de bruit, d’odeur. Et il fallait trés peu de vent pour que Point Grey, Dunbar et Mount Pleasant aient, eux aussi, droit au bruit, a lodeur.. Qu’on ne me parle pas an bon vieux temps a Vancouver. Il y avait beaucoup moins d’arbres dans infiniment moins de rues; les poubelles publiques étaient rares; tout le monde fumait, et jetait son détritus par terre. Le quartier _— dit “Gastown” était un des pires taudis du Canada, ot de sales enfants jouaient dans la rue... les FORMATION CONSULTATION INFORMATION Votre voie vers la réussite en affaires En tant que société de la Couronne, notre mandat est de favoriser la réussite des petites et moyennes entre- prises. 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Leurs moteurs étaient déja bien, bien bruyants; et lorsque le wattman appliquait ses freins, cela s’entendait a des kilométres a la ronde! Vancouver devait avoir en 1947 quelques 500 000 habitants, le tiers d’aujourd’hui. Qui s’en- nuyaient! Les paroisses, les cours du soir, et quelques restaurants essayaient, en vain, de combler la lacune. La grande affaire c’était d’aller, le samedi soir, au cinéma. L’on me dit que la Galerie d’art existait déja, a cette époque. Mais je ne pense pas qu'elle fat, ou connue, ou propriétaire de nombreux tableaux! Le théatre? Vancouver Little Theatre, une fois par an. Et quelques anciens théatres, rue Granville, cinémas alors, qui se reconvertissaient le temps d’une tournée. Je me rappelle fort bien d’avoir vu Bousille et les justes de Gratien Gélinas, dans les années cinquan- te, dans le vieux Dominion en face de la Baie. C’était en francais, et a la surprise générale le théatre était plein! La musique? Quelques concerts d’amateurs, une VSO naissante connue d’une petite élite, la radio... ah, qu’on aimait la radio!! Cela se passait quelque part dans les entrailles de l’hétel Vancouver. (CJOR était a l’hétel Devonshire, et une nouvelle station CHOM s’établissait, bien sar, a l’hdtel Sylvia.) La radio nous apportait la musique, le théatre, et le monde. Ou trouver Le Soleil? Le Soleil de Colombie se trouve maintenant en vente dans ces différentes locations: ¢ La Madrague, .boucherie francaise du Marché Granville sur lile Granville © La Librairie frangaise, 795 - 16éme avenue ouest @ Manhattan Books Store, 1089, rue Robson © European News, 1136, rue Robson © Universal News, 132, East Hastings © Piccadilly, tabagze de l’hétel Vancouver © Mayfair News, 1535 Broad- way ouest e VIP, News and Gift Store, 2440, rue Granville © La Mouette, librairie fran- cophone, 3451 rue Chatham, Richmond © Dans les trains Via Rail en partance de Vancouver -Le monde parce que, il y a trente et quarante ans, Vancou- ver était bien, bien plus coupé du monde qu'il ne ]’est maintenant! Il y avait déja l’aéroport et Air Canada qui desservent Vancou- ver depuis les années vingt. Mais pour commencer il fallait aller a Sea Island. Quel voyage! Trois tramways, et une navette fort incertaine. Sur le terrain - l’on disait “field” - vous attendait, probablement, un DC 3, ow il fallait grimper par un escalier branlant, résigné 4 un voyage sans confort de douze heures jusqu’a Montréal... si l’on avait l’'argent. Donc, on prenait le train. Ily en avait beaucoup; quatre par jour du CP, qui allait a]’Okanagan, et a Princeton, aussi bien qu’a Winnipeg et vers l'Est. Cinq jours et quatre nuits pour atteindre Montréal... mais, a portée de toutes les bourses. En argent constant, un employé de banque de 1987 gagne quatre fois plus qu’il y a quarante ans. Une serveuse, sept fois plus. Un enseignant, cing fois plus. Une vendeuse de magasin, neuf fois plus. Le cott de la vie était la moitié d’aujourd’hui. L’on com- . prend donc que la pauvreté était courante... Nous autres, bien que cela surprendra certains, nous vivions dans le quartier Dunbar, dans une maison qui, pourtant toujours 1a, semble s’étre beaucoup rétrécie depuis qua- rante ans. Et l’€norme colline qui menait a notre grand jardin est devenue, combien étrange, une pente douce vers de gentils petits jardins... Il est vrai qu’a l’époque javais 7 ou 8 ans! Mais la surprise vient du fait que nous n’étions pas écossais. Mére est née en Irlande; mon papa, de descendance frangaise, avait abandonné son Ontario six semaines aprés ma_ naissance. Nous avions des excuses; Mére enseignait dans un collége privé, St.George’s School, qui lui proposait une petite maison appartenant a l’école comme logement de fonction. Mais dans le quartier, tout le monde était écossais, sauf bien sir le commergant. chinois du coin. Mére passait de longues heures 4 jaser avec son €pouse, dans En 1912, a Vangie Pender et Carrall larriére-boutique, mais cela faisait des émois parmi les voisines; comment, elle était amie avec une Chinoise? Et puis, d’abord, pourquoi est-ce que cette dame que je trouvais sympathique ne vivait-elle par a Chinatown, avec les autres? Comme les Anglais a Kerrisdale, Shaughnessy ou British Proper- - ties; les Allemands et autres Hongrois sur la rue Robson; les Irlandais a Kitsilano, etc... Les enfants acceptent leur monde, sans poser de question. Et le mot “raciste”, sil était prononcé, voulait dire les méchants “Etats”. Pas nous. Pas nous autres Canadiens, qui nous méfions tant des DPs d’aprés-guerre. “Dzspla- ced Persons - météques, ‘dagoes’, racaille, ‘them’. Sales, pauvres, dérangeants. Aprés tout, nous nous étions déja débarrassés des Japonais, n’est-ce pas? Et c’étatt vratment une honte qu’eux a Ottawa voulatent nous enlever déja, certaines propriétés confts- . quées...” PAISIBLE, BELLEET VERTE Non, le bon vieux temps a Vancouver n’a jamais existé. Ou alors, au début, avant 1914... mais déja, le Sun de cette époque- la regrettait le bon temps d’avant - 1900. L’on pense 4 Alexandre Dumas, quis’appréte a conquérir le Paris des années 1840, a qui lon a dit qu’il aurait da voir Paris de l'autre siécle... Et maintenant? Maintenant, chers nostalgiques, j’habite la plus belle ville du monde. Rio de Janeiro et ses taudis, Hong Kong et ses taudis flottants parmi les gratte-ciel - non, il n’y a qu'un Vancouver. Une ville tolérante, multicolore, pittoresque, gaie; une ville de concerts gratuits, de théatres multiples et createurs, une ville sans tandis ni pollution industrielle, une ville paisible et belle, verte - ot !’on entend méme parler francais}! Dr. Kent Barbour, un des premeers collaborateurs du Soleil’ est venu s‘%nstaller a Victoria en 1939. En 1943 il est venu a ~ Vancouver. Ancien professeur d'histoire de France, il s'attaque aux nostalgiques d’un passé wrréel... - : os il