a | | | : | 4 Le Soleil de Colombie, vendredi le 13 février 1981 Carnet d’un voyageur Roger DUFRANE Dimanche 17 aoat Je me demande parfois sila religion en usage dans le > pays ou ils sont nés marque de son influence le comporte- ment des gens. Il est clair que la Hollande protestante est moins gaie par exemple que la Belgique catholique. Et les religions elles-mémes ne sont elles pas influencées, sans que s’en rendent compte par le climat ot elles éclosent? Le ntil christianisme de St- Francois d’Assise, qui sou- riait aux fleurs des champs et nourrissait les colombes ne pouvait éclore que dans les douces plaineees et les har- monieux paysages de l’omb- rie. Le sérieux des Hollan- dais, leur goit de la vie de famille émane certaienement du climat septentrional de leur pays. Dans les pays méditerranéens, on vit plus volontiers dans les rues. Dans les pays o2 le froit régne plus ou moins de septembre a avril, on aime se ealfeutrer embellir son inté- rieur, et féter en famille la St-Nicolas et les rois, scéne familiéres- aux: peintres hollandais. Voila pourquoi, sans doute, la rue ot je séjourne reste général de Gaulle. déserte ce matin malgré le soleil. Sortons. Ce matin bleu et or rappelle le voisinage de la mer. Je flane a travers les rues et ruelles 4 peu de chose prés désertes, de Mid- dleburg. Dans la cour du cloitre, qui date des 12éme, 14éme et 15éme siécles, on repense aux Ages de foi austére. Des hommes, fati- gués du monde et de ses rumeurs, parfois d’anciens guerriers de terre et de mer, se retiraient ici pour se faire pénitence avant la vie future. De loups dévorants, et sous Vinfluence des moines de longue vocation, ils deve- naient de paisibles brebis. Au retour de ma promena- de, je longe des ruelles aux portails cintrés et aux anti- ques portillons de bois flan- qués de loquet rustiques. Imaginons-nous un instant pélerins du Moyen age reve-* nant de Terre Sainte. Voila. cing ans que nous sommes partis. Nous avons long- temps trimballés par les routes de l’Espagne, sous les arides soleils. Qu’il fera bon retrouver la maisonnée dans la maison fraiche au carrela- ge noir et blanc! Mais tréve ae de balivernes! Rentrons dé- jeuner. Lundi 18 aoftt Je sors avec Marc dans Middleburg. Il doit y avoir ici peu d’industries. Les habi- tants n'ont nullement I’air de se presser, non plus du reste que les touristes. D’ancien- nes demeures bordent les rues. Leur date de naissance s’étale en fer forgé sur les facades: 1570... 1750... Le réglement municipal interdit absolument d’altérer le style de ces maisons. II est toute- fois permis de modifier les intérieurs. De sorte qu’on voit telle maison de brique au toit anguleux réceler dans ses murs salles de bains, cuisines et autres commodi- tés modernes toutes clin- quantes de céramiques et de chromes. Malgré le sérieux des habitants, il y a quelque chose de riant dans cette petite ville,dti au gott des Hollandais pour les fleurs. On en voit partout, sur les trottoirs, sur les appuis de fenétres, a la créte des murs. Admirons le miracle hollan- dais: d’un pays plat ancien fond de mer, les bataves ont L'Observateur Engagé volontaire dans I’infanterie devait aprés la débacle Londres et joindre les forces francaises libres du Griévement blessé lors du débarquement de Normandie par une mine allemande qui lui arracha le pied gauche et une partie du visge, il perdit usage total de la parole. Par Paul-Ferdinand Seguain J’entends de dréles de bruits qui viennent de ce que depuis quelques années on appelle la “francophonie”. J’avais pourtant l'impres- sion que des pas de géant avaient été accomplis.... que se passe-t-il donc soudain?? _J’ai encore a l’esprit les crises du passé; l'état déplo- rable des institutions quand exemple la Fédération it faillite. Elle ne dat cette fois-l4 son salut qu’a des bonnes volontés bénévo- les, des Doug Brown, Solan- ge Goulet, Jean Riou, Nestor Therrien, Jacques Baillaut, Régine Bérubé et bien d’au- tres dont j’ai oublié les noms. Ils ne faisaient que repren- dre le flambeau aprés les André Piolat, les Coulombe, les Paquette, les Goulet et autres visionnaires qui a travers les fondations de paroisses, de fédérations, de caisses populaires avaiet foi dans l'avenir des Canadiens- francais. J'ai suivi avec intérét puis regretté, les naissances, gloi- res et disparitions de la Troupe Moliére, du groupe francophone et l’Atelier de la tue Main et de l’Appel. J'ai observé les débuts chan- cellants du Soleil de Colom- bie, de la Troupe de la 16éme, du Centre Culturel et de la Société Historique. Voici ee temps la Caisse Bop ire St-Sacrement me faisait trembler. Cependant je me disais, il y a des écoles qui naissent, la radio, la télévision, le foyer Maillard, la Coopérative Demers, la Caisse de Maillardville, les choses ne vont pas si mal et la Fédération est 1a pour aider a en faire davantage. Je pensais méme qu’elles Bien que vivant en reclus dans la région de Vancouver allaient trés bien, surtout depuis qu’on avait surmonté cette crise bizarre amenée par cette dame de Kelowna (j'ai oublié son nom) a propos de sa double présidence alors qu'elle semblait vouloir se couper en deux et mettre Monsieur Jean Riou a la poste pour s'emparer du comité culturel dont on n’entend plus parler du tout malgré les animateurs quis'y succédent et ne semblent pas. arriver 4 grand chose. Le secrétariat d’E. tat:deux cas,deux mesures Premier cas: La Fédération. Les membres de la Fédéra- tion s’étaient élu un exécutif éduqué qui sous la sage présidence du docteur Char- les Bouton était capable de -s’occuper activement et avec dignité des intérets des fran- co-colombiens. Le directeur général -avait fait ses preu- ves, il était respecté et connu pour étre un _travailleur acharné et un administra- teur intégre. Quand le Conseil général siégeait il était en mesure d’accepter ou de rejeter les ‘initiatives de l’exécutif selon les régles dela démocratie. Il aurait pu demander la démission de son exécutif si celui-ci avait outrepassé ses droits. Au lieu de cela, le conseil général s’est lancé dans une triste farce dont j'ai bien du mal a suivre les rebondisse- ments bizarres. fait quelque chhose de riant. N’oublions pas que ces co-- quettes maisons roses, ces jardinets verdoyants de lé- gumes, ces venelles aux pavés moussus, fleurissent sept métres au-dessous du niveau de la mer! Et ces créations horticoles et archi- tecturales de ce pays singu- lier sont protégées des flots par de robustes digues. Chose paradoxale, le main- — tien 4 Middleburg d’un pitto- resque vétuste et fort profi- - La nouvelle apparence de la T1 Spéciale Sept Canadiens sur dix trouveront table pour l'industrie touris- encore plus facile de produire leur tique est df a l’impécuniosité déclaration d’imp6ét cette année de la ville au lendemain de la grace a la déclaration T1 Spéciale deuxiéme guerre mondiale. Goes, ville voisine moins illustrée et 4 son Guide. Les cases du Guide Spécial de 3 démunie, a démolj pour mo- pages expliquent comment utili- derniser. Les belles maisons aux toits pointus ont été ser la déclaration et son Guide, indiquent qui ne peut pas utiliser la Tl Spéciale, décrivent remplacées par d’autres aux comment produire la déclaration toits carrés et sans caracteé- re. Plus tard, lorsque Middle- burg redevenue prospére a pu faire peau neuve. Les édiles se sont dit: “Laissons notre joyau de ville tel quel. Les touristes y viendront. Mais ne nous privons pas chez nous, dans notre intérieur, des bienfaits de la technique moderne.” A suivre. si le contribuable ne réclame que le crédit d’imp6t pour enfants et expliquent comment compléter chaque ligne de la déclaration. Le brouillon de la déclaration T1 Spéciale est aussi différent cette année. A |’aide d’ illustrations, il vous méne a chaque numéro du Guide et a la ligne appropriée de la déclaration. Encore cette année, la T1 Spé- ciale est une version amincie de la * déclaration T1 Générale. Elle a depuis trente ans, Paul-Ferdinand Seguain n’a jamais cessé de se passionner pour les luttes engagées par les Canadiens francais dans la défense de leurs droits. Ce sont ses observations sur le monde qui I’entoure que le “Soleil de Colombie” a accepté de publier de temps a autre. Un monde qu'il peut voir et entendre mais auquel il ne peut parler en raison de son infirmité. Ce que je ne comprends pas c’est que désirant le renvoi de monsieur Riou pour des motifs inexpliqués, il a ren- voyé l’exécutif pour garder monsieur Riou, pour ensuite fermer son bureau avant (selon les nouvelles de dimanche a la radio) le mettre a la porte en conser- -vant les employés qui s’étaient révoltés (je ne sais pas s’ils sont syndiqués, mais ils étaient sans doute dans les confidences du comité révolutionnaire) qui d’aprés ce que je vois a la télévision n’a pas trop l'air de savoir ce qu'il fait. En attendant que la situa- tion se rétablisse le secréta- riat d’état a coupé les vivres (premiére mesure) dont on ne peut pas le bldmer. Ce gachis déplorable semble étre l’oeuvre d’une bande dilluminés qui n’a pas su apporter intelligemment les réformes sans doute néces- saires au meilleur fonction- nement d’un organisme qui, aprés tout, a fait gagner beaucoup aux communautés francophones. _Deuxiéme cas: le Centre Culturel colombien,. C’est dans des murs vides qu'il y a cing ans renaissait le centre culturel colombien. Il héritait de 8 000 dollars de -dettes laissées derriére lui par un caissier qui avait filé au Mexique (avec la caisse) et de plusieurs actions en cour de justice. Depuis il est devenu une réussite culturelle reconnue dans le pays tout entier, un << Mémoires courtes et vues basses >> erédit pour ses exécutifs successifs et pour sa directri- ce Mme Baillaut et ses vaillantes équipes qui ont investi de longues journées et parfois des nuits pour mener 4a bien leur oeuvre. Un crédit également au compte du secrétariat d’état pour qui le centre est un exemple rare de réussite de ses politiques d'aide aux minorités francophones. La premiére_bibliothéque pour enfants de Vancouver est née au centre qui offre des cours, des expositions , des spectacles et dont les initiatives ont servi d’inspi- ration dans d’autres centre de la province. Il n’est pas 14 question de scandales, de disputes ou de luttes fratricides. Le seul probléme est un manque d'argent. Si certains programmes fonctionnent a merveille, d'autres, comme les -spectacles, entrainent des déficits dus en grande partie au manque de partici- pation des francophones. Les temps sont durs et le secrétariat sans pitié; il n’accorde aucune augmenta- tion de budget et refuse un arrangement 4 court terme — qui, en aidant le centre, a emprunter les argents néces- saires 4 surmonter ses diffi- dultés. : C’est la deuxiéme mesure, cette fois elles semble déplo- rable. Le centre ferme ses . portes et licencie son person- nel. Le festival en prépara- tion depuis des mois est annulé et le salon du livre été congue pour les contribuables qui ont des revenus et des déduc- tions relativement peu comple- xes. La plupart des annexes et plusieurs lignes de la déclaration ont été éliminées. La T1 Spéciale est expédiée par la noste directement a prés de huit millions de contribuables d’aprés les données fournies dans leurs déclarations d’impét de 1979. Si vous étes salarié, si vous étes un citoyen agé, un étudiant, un tra- vailleur a temps partiel ou une meére au foyer qui produit une dé- claration dans le seul but de de- mander le crédit d’imp6t pour en- fants, vous avez probablement déja regu le dossier de la T1 Spé- ciale. Mais vous ne recevrez pas la T1 Spéciale si, en 1979, vous avez touché un revenu provenant d’une entreprise, d’un bien de location ou de gains en capital, si vous étiez vendeur 4 commission, si vous avez travaillé 4 votre compte ou Si vous avez demandé a titre de déductions les primes que vous avez versées enregistré d’épargne-retraite a un régime (R.E.E.R.), les contributions a un régime enregistré d’épargne- logement (R.E.E.L.) ou des frais de garde d’enfants, etc. Vous devrez continuer a remplir la déclaration d’impot générale. Si depuis l’an dernier, votre-situa- tion fiscale a changé ou qu’elle est devenue plus complexe, ‘vous ne pourrez pas remplir la T1 Spéciale méme si vous l’avez recue. Avant de remplir la déclaration Spé- ciale, consultez le Guide qui l’ac- compagne pour vous assurer que vous pouvez I’utiliser. Si vous ne pouvez l’utiliser, vous n’avez qu’a vous rendre au bureau de dis- trict d’impot ou a votre bureau de poste pour obtenir la déclaration Générale. Si vous produisez une’ déclaration d’imp6t pour la pre- miére fois, vous devez également utiliser la déclaration Générale. Seuls les contribuables qui rece- vront la déclaration d’impdt Spé- ciale par la poste pourront I’utili- ser. Elle ne sera pas disponible dans les bureaux de poste ni ail- leurs. Alors si vous ne recevez pas la T1 Spéciale, produisez sim- plement la déclaration Générale, comme d’habitude. sévérement menacé. Comme les individus, le Secrétariat d’Etat semble avoir la mémoire courte, un manque total de sensibilité et de vision pour l'enfant quil a contribué a faire naitre. Il est pourtant la seule planche de salut des francophones de Colombie Britannique soit disant égaux mais qui ne peuvent cependant pas se tourner vers les autres gouverne- ments. Il semble que le centre soit puni parce qu’il a osé prendre des initiatives originales pour le développement de la culture francophone en Colombie britannique. C’est ce que j'apercois de chez moi et je trouve cela bien triste. Dans le cas du centre cepen- dant, et c’est la l’espoir. Je vois naitre une grande volon- té dans l’adversité. Au moment méme ot le Secréta- riat d’Etat refuse d’investir un peu de confiance dans Yenthousiasme culturel on fait salle comble au 795 de la 16éme avenue. De plus on parle d’un plan d’action qui permettrait aux francophones d’étre maitres chez eux siils le désirent. J’espére qu'ils sauront profi- ter. de l'occasion. S’ils réus- sissent ils auront prouvé que l’action dynamique de gens sincéres peut accomplir da- vantage que les sondages stériles et les conflits de personnalité dévastateurs. sera compris par les destruc- teurs de la Fédération ainsi que par le Secrétariat d’Etat que j’ose espérer plus humain que le gouvernement provincial pour qui des livrex bien balancés passent avant toute’ autre considération. Merci Monsieur Fox pour la charrue qui nous a aidé a défricher. Nous attendons: maintenant les graines qui feront fleurir nos jardins. SOLUTIONS 12345678 90n1 ViVi Lalo} CMSTA 2 OINIz {e) Ps 3|V 4101s E a aia é 7 8 914iN s 10 a] WHO Elsis Olu 12jPjO[S|s [els ) Le A MEDITER Il yen a qui ne disent rien mais le disent bien; il y en a dautres qui disent beau- coup mais le disent mal. Les pires sont ceux qui ne disent. rien et le disent mal. Giovanni Papini Espérons que ce message