16— Le Soleil de Colombie, vendredi 4 mai 1984 Le choc culture de Michel Trembla Suite de la page 1 Enfin, y a-t-il des rences pour tot entre aller faire une tournée a Paris et venir en fatre une -a Vancouver? Oui il y en a. Jai beau- coup plus a lutter a Paris quiici. Il y a sept ou huit ans que vous me connaissez a Vancouver. Alors qu’a Paris, . jy vais depuis dix ans et peu me connaissent. A Paris je n’ai pas été demblée accepté parce qu’ils doivent se forcer pour lire ce que j'écris. Mais dans l’abso- lu, il est évident que Paris est une ouverture plus grande sur le monde. Je crois n’insulter personne en le disant. Finalement, quelle que. soit diffé- la mé€tropole, le trac reste toujours le méme. Je vais lire tout a l'heure, comme j'ai lu précédemment a Nanaimo ou. a Campbell River, et je suis aussi nerveux que si j’étais a Paris. Je lirai ce soir ce que: déja j'ai lu 4 Beaubourg en 1979 et le trac était le méme C’était la méme abominable chose qu’il faut avoir. Ne pas avoir le trac voudrait aussi’ dire ne plus étre intéressé dans ce que l’on fait (...). Parler a 1 200 personnes c’est abomi- nable : tu ne vois personne dans les yeux. Je préfére alors les plus petits groupes. Mais le trac est toujours 1a. Propos recueillis par Daniel Sans-Cartier Note de lecture On sera surpris de lire en anglais «Thérése and Pierrette and tthe Little Hanging Angel». Quoique l’on puisse au départ étre suspect ou hésitant, on se rend vite compte que le pittoresque de . ses oeuvres, sous l’effet de la traduction, ait le méme. La traduction est fidéle et rend parfaitement toutes les conno- tations ‘sociales, typiques au monde de Michel Tremblay. Le caractére des personnages qu'il peint, celui des insti- tutions et la thématique origi- nale de l’oeuvre restent irré- médiablement le méme miroir des quartiers de l’est de Montréal. Aussi le style de ]’€crivain demeure essentiellement | le méme. L’anglais de descrip- tion choisi n’est pas celui de la haute . norme des conver- sations anglaises. I] est plutét naturel et coloré. Il est celui qu'utiliseraient Thérése, Pierrette et Angel si elles provenaient de quelque quar- tier analogue aux villes de Toronto ou de Vancouver. DSC Yves Bajard congédié Suite de la page 1 Ce choix illustre bien le. contentieux existant depuis plusieurs semaines entre le comité et Yves Bajard. A la suite des entrevues pour trou- ver le consultant responsable, Corinne Lemarchand était arrivée en deuxiéme position derriére Yves Bajard, que le comité avait engagé dans la mesure ow il prenait Corinne Lemarchand (architecte. et a des problémes ‘immobilier) comme assis- tante. Les relations entre les deux consultants se sont mal et le comité reproche a ves Bajard d’avoir tenu. Corinne Lemarchand.a |’écart. Le comité reproche d’autre part 4 Yves Bajard de ne pas Pavoir réellement consulté sur le contenu du questionnaire. Pour Pierre Lapointe, un des quatre membres du comité, «le taux de réponse aurait peut- étre été meilleur si les ques- tions avaient été mieux posées» . Le questionnaire, il est vrai, est apparu bien compliqué a beaucoup. Cependant, Yves Bajard et son équipe ne sont pas totalement responsables 2, du retard. Il est trés diffi- cile de faire réagir la-;commu- nauté francophone et l'idée du Centre communautaire a de plus beaucoup souffert des hésitations du Secrétariat d’Etat. Certaines associations de Vancouver (Maison d’accueil de North Vancouver, Maillardville ...) n'ont. pas répondu parce qu’elles craignaientque toutes les subventions 4 venir du Secrétariat d’Etat ne soient consacrées, 4 leur dépens, a la construction du Centre. Le comité n’a pas voulu tenir compte de ces éléments qui, s'ils n’excusent pas le retard, permettent du moins d de l’expliquer. Les quatre patrons de l'étude ont adopté cette attitude tout simple- ment parce qu’ils ne faisaient plus confiance a Yves Bajard. Ils l’estimaient «trop occupé» (Pierre Lapointe, sic) par ses multiples activités pour mener a bien l'étude dans les délais. Ainsi, méme si cet aspect n’est probablement “pas entré en compte dans la décision du comité, on ne peut oublier qu’Yves Bajard est le porte parole du groupe de réflexion de Vancouver, qui récemment remis en cause la Fédération des Franco-Colombiens dont Marc Roy, un des quatre membres du comité, est le président. Quoiqu’il en soit, Yves Bajard estime qu'il n’ap- partient pas a un comité lié par un contrat de le rompre sur des jugements de valeur, sans attendre les résultats». Le Centre en question Justement les membres du comité. ont jugé par avance que ces résultats seraient mau- vais. «Le comité n’est pas un organisme démocratique, pré- cise Pierre Lapointe, nous sommes responsables des 20 000 dollars donnés par le Secrétariat d’Etat pour cette étude et nous avons décidé de limiter les pertes au plus tét». Un -décision vraissemblable- ment difficile 4 prendre, et en tout cas*riche en conséquen- ces pour le Centre commu- nautaire. Les fameux rapports sont maintenant préts (depuis le 18 avril) , mais Yves Bajard ne les fournira au comité que si ce dernier revient sur sa déci- sion. Il ne semble pas en étre question et Geneviéve Lamarchand, la nouvelle con- sultante, devra repartir de zéro, €laborer un nouveau questionnaire et aller le sou- mettre a la communauté. Yves Bajard a déja eu du mal avec- le premier, comment imaginer que Corinne Lemarchand sera mieux recue avec le second? Dans I’hypo- thése ow elle le serait, le rapport final d’étude est tou- jours du au Secrétariat d’Etat pour le ler mai. A l'heure au nous imprimons, il est déja en retard ... ; De plus, si Yves Bajard disposait de 15 000 dollars pour son travail, “Corinne: Lemarchand n’en aura que 12 000. Le comité avait versé 3.000 dollars d’accompte a Yves Bajard et il parait peu probable qu'il les lui restitue. Dans la mesure ot la stra- tégie (officieuse) du Secrétariat d’Etat était de lancer le Centre communau- taire le plus vite pe avant les élections fédérales, comprend toute l’importance de cette décision qui ne porte pas tort au seul Yves Bajard. Cueilleurs de l’Okanagan Par Annie Grange: a si grandement améliorées. Un comité de vie, ca presse! We les incidents de eat été, les conditions de vie des tra urs agricoles de la vallée de Sergei ae ne se sont entaire sur minorités visibles vient de rendre son rapport intitulé presse!»; un est consacré aux aD ; paragraphe beh. veh és ces ouvriers immigrants et itinérants. Le comité sur les minorités visibles a été formé par le parlement canadien aprés de nombreuses études dont le sondage CROP mené par le Secrétariat d’Etat et certaines constatations sur le racisme au Canada. Plusieurs ont en effet affirmé que le racisme au Canada est aussi courant que le sont les joutes de hockey. Ce comité, composé de quatre’ libéraux, d’un néo-démocra- te, et de deux conservateurs, a donc sillonné pendant deux a trois semaines les provinces pour écouter des’ témoignages et parmi ceux-ci,ceux de Ma- rio Lanthier et Daniel Reid, francophones du _ regroupe- ment des travailleurs agrico- les de ‘Okanagan. Ces reven- dications portaient sur les conditions de travail, sur cel- les du logement, sur la santé et la sécurité de cés ouvriers immigrants et itinérants dont un bon pourcentage vient du Québec Vous vous souvenez certaine- ment, a la méme €poque de ces incidents au cours desquels une famille d’ouvriers québé- cois © était attaquée, un sondage juillet dernier sous la coupe de la Fédération des franco- colombiens avait souligné le manque d installations sani- taires et d’hébergement et avait noté la discrimination qui régnait dans cette région de Colombie britannique. ‘Le comité parlementaire a tout d’abord retenu que les travailleurs agricoles - sont exclus dans la réglementation visant le salaire minimum, les heures de travail et les heu- res supplémentaires. Aux ter- mes de la loi sur l’assurance- chémage, souligne le comité —_les ouvriers agricoles doi- vent travailler au moins sept jours pour le méme emplo- yeur afin d’avoir droit a des prestations alors que dans tous effectué en. les autres domaines il ne faut qu'un minimum de quinze heures de travail ou un salaire hebdomadaire de 85.$. Le comité note dans ‘son rapport «L’Egalité, ¢a presse» que l'insalubrité est présente. La «Health Act» n’étant pas appliquée strictement, cer- tains ouvriers sont logés dans des locaux insalubres. Les dispositions relatives a la santé et ala sécurité contenues dans le Worker’s Compensation Act ne visent pas les ouvriers agricoles. Malgré tout, le comité reconnait qu'un bon nombre de ceux qui emploient des ouvriers agri- coles assurent des conditions de travail humaines a tous leurs employés et les traitent bien. Cependant, ajoute le Comité, le manque général de protection pour les particu- liers-et les familles rend ceux- © ci plus vulnérables au dan- ger physique et a l’exploi- tation économique. Il faut absolument que les mécanis- mes de protection de la santé et de la sécurité leur soient étendus, car les risques de blessures et les taux de mala- die liée a l'emploi sont trés élevés dans le secteur agri- De bonnes conditions cole. Le contact avec les insec ticides est particuliérement dangereux pour les ouvriers agricoles et leurs enfants. Le comité recommande d’établir’. des normes mini- males de logement en plus des réglements sur la santé et la sécurité et d’assurer 1’égali- “té d’accés a l'emploi et aux avantages sociaux pour les ouvriers agricoles immigrants ‘et itinérants. En conclusion et dans sa recommandation, le comité sur les minorités visibles demande que le gouverne- ment fédéral réclame instam- ‘ment aux ministéres provin- — ciaux de la main d’oeuvre, aux organismes chargés de lindémnisation des travail- leurs et aux autres services fédéraux et provinciaux com- pétents de se livrer immé- diatement a4 une enquéte que les’ conditions de vie des ouvriers de la_ vallée de l’Okanagan. En attendant, un ministére propre au multiculturalisme pourrait trés bien voir le jour. Actuéllement, n’ayant pas d’administration, ce ministére est chapeauté par le Secré- tariat d'Etat. cme it sh STS 5 EST) el EEG SCA Michel, les cartes en mains Suite de la page 1 nologie avancée, le crayon (électronique, bien sir) et le papier (plastifié évidemment), alliés a la précision et au bon vieux coup d’oeil, sont encore aujourd’hui les _atouts essentiels d’une’ bonne carte. Ainsi, si Michel devait par exemple réaliser le plan de Vancouver, les immeubles qu’il tracerait sur la carte ne devraient pas étre décalés par rap- ports a la réalité de plus d'un dixiéme de millimé- tre, méme pas l’€paisseur d’un ongle. Conclusion, ce métier s'apprend. Michel, origi- naire de Gatineau, a eu la chancede disposer sur place d'un des trois colléges du Canada 4 offrir un ensei- gnement en cartographie. Et puis, aprés ses trois ans d'études, le choix. «Les bons cartographes sont rares. dit-il, donc trés recherchés, j’aurais pu minstaller a peu _ prés n'importe ot au Canada». Michel, 4 21 ans (il en a aujourd’hui 23),-a décidé de venir vivre quelques années a Vancouver.Et pas seulement a cause de la perspective d’une bonne place dans la plus grosse compagnie privée de car- tographie du Canada. Passionné de cinéma, de musique, de sport, de montagnes et de nature ev tout genres, Michel est venu chercher a Vancouver de quoi nourrir lobjectif. de son appareil photo. La péche a été bonne car, depuis son arri- vée.- 4 en Colombie britannique, il a déja gagné quelques accessits dans plusieurs concours nationaux. De plus Michel dessine, autre chose que des cartes. Avec la Socié- té historique francophone, il a trouvé l’occasion de s'exprimer. C’est lui qui a réalisé les illustrations des deux derniers agendas, du chronographe ... Certains de ses dessins ont méme paru dans «Le Soleil». Ainsi, si certains de nos lecteurs n’ont pas aimé notre dernier pére Noél, c’est 4 lui qu’il faut s’adres- ser. Si Michel adore la Colombie britannique et sil aime son métier, il n’entend. passer sa vie ni dans l’un ni dans l’autre. I] compte sen aller de Vancouver aprés Expo 86 et il commence a songer a quitter la cartographie. «J’aime ce que je fais, car jai un peu !'impression de pouvoir voyager sans avoir a me déplacer. Mais j'ai peur pour mes yeux». Michel dessine ses cartes a partir de ce qu'il voit dans des jumelles qui grossissent considérablement les détails de la photographie aérienne. Ce procédé est précis, indispensable méme, mais trés mauvais pour la rétine. Et Michel, peut-étre encore un peu plus que tout le monde, tient a sa rétine comme a la prunelle de ses ... on 4 ~Un nouvel _ Ambassadeur de France Monsieur Jean-Pierre Cabouat a remplacé en février € dernier monsieur Jean Béliar.! & l’Ambassade de France a Ottawa. Entré dans la carriére diplomatique en 1945(aprés” plusieurs années de résistance), il a été Génes, Prague, Bruxelles - CEE et — poser a l’étranger : ecté a différents - ashington. Ambassadeur a Tripoli (Libye) de 1975 a 1979, ila passé deux ans a la téte du service de presse du ministére_ et a été directeur du personnel et de Yadministra- tion centraledu ministére des Relations extérieures de 1981 a 1983. Monsieur Jean-Pierre Cabouat est pére de huit enfants. Officier de la Légion d’Honneur et Commandeur de lOrdre national au Mérite.