ke Torigine ethnicque rest ni britan-. Pourquoi veut-on nous forcer a parler francais? Article rédigé par le Premier ministre du Canada, Elliott Trudeau, Ala demande de la Presse canadienne et publié le 15 juillet 1969, C'est la question que se posent certains Canadiens de langue anglaise, préoccupés par la poli- tique du gouvernement fédéral en matiére de bilinguisme et par la Loi sur les langues officielles que le Parlement vient d’adop- ter. Chez un grand nombre de Canadiens, il y a, A lorigine de cette question, malentendu sur la signification de }n politique du bilinguisme. I] ne s’agit décidé- ment pas d’obliger tout le mon- de, au Canada, a parler frangais; et pas davantage d’obliger tout le monde a parler anglais. On peut vivre dans certaines régions du Quéhec et ne jamais devoir parler anglais. Dans plu- sieurs régions du pays. on n’en- tend jamais parler francais. Ain- si, la plupart des citoyens qui traitent avec ]’administration fé- dérale ne parlent qu’une langue. C’est justement parce qu’on ne considére pas que chacun, dans notre pays, doive parler les deux langues, et puisse jamais étre contraint de le faire. que l’Etat fédéral doit étre en mesure de s’adresser aux Canadiens, en francais ou en anglais, la ot le nombre des francophones ou anglophones le justifie. Rien n'est plus important pour l'homme que de comprendre et d’étre compris. Ft c’est la langue qui est le véhicule ordinaire, en méme temps que le plus efficace, de cette compr¢hension. Il est inévitable qu’une décision gou- vernementale touchant un do- maine aussi important de la vie quotidienne, suscite quelque controverse. 3 Ne nous laissons toutefois pas entrafher a amplifier le probleé- me. Un des éléments de la grandeur de notre pays réside dans l’esprit de compréhension et de tolérance réciproque qui anime ses citovens.. Je suis convaincu que Ja grande majori- té de nos compatriotes acceptent et respectent les différences qui les caractérisent et qui existent entre eux: différences non seule- ment de langue, mais aussi de religion, de race et d’origine ethnique. Il reste que divers malenten- dus se sont certainement pro- duits; je suis reconnaissant a la Presse canadienne et aux quoti- diens du Canada de me fournir ici l'occasion d’en dissiper quel- ques-uns, Par exemple, certains préten- dent que la I.oi sur Jes langues officielles entrafhera des inégali- tés de traitement. A l’égard de ceux dont la langue maternelle n’est ni l’anglais ni le francais. C’est la l'une des erreurs les plus répandves et les plus paten- tes. La Loi elle-méme garantit en effet le maintien intégral des droits et priviléges consentis par la loi ou la coutume 4a toute langue autre que J’anglais et le francais. Ainsi, on préservera le droit de ceux qui ne compren- nent nil’anglais ni Je francais, de comparaitre devant. un tribunal assistés d'un interprate. La reconnaissance de deux - langues officielles ne modifie en rien le statut des citoyens dont Pierre’ nique ni francaise En effet, cette Loi n’a rien a voir avec Yorigine ethnique ou culturelle. Les Canadiens savent que la diversité de leurs origines cultu- relles constitue une des principa- les richesses du pays: que toute notre société s’est enrichie de Yapport d’un grand nombre de nos concitoyens dont les ancé- tres sont venus d’Allemagne et d’Italie, de Pologne et d’Ukraine, de Chine et du Japon, des. Philippines et des Antilles, et de toutes les parties du monde. Le Canada encourage. de diverses _ maniéres, et notamment par des subventions aux manifestations et aux organismes culturels, ses citoyens de toutes origines a préserver I’héritage et les tradi- tions que leur ont laissés leurs ancétres. De toute évidence, il serait impossible d’exiger du gouver- nement fédéral qu'il’ mette ses services 4 la disposition du public dans toutes les langues parlées av Canada. Pour des raisons pratiques, les langues de travail dans ]’administration doi- vent étre celles des deux princi- paux groupes lingnistiques de notre pays, qui constituent 4 eux deux la majorité de la popula- tion. C’est pourquoi la Loi stipu- le que l'anglais et le frangais sont les langues officielles de l’Etat et du Parlement. J] n’impose par ailleurs aucune limite 4 la prati- que linguistique ou anx activités culturelles des citovens. Un autre malentendu consiste a croire que Ja I.oi empéchera les Canadiens qui ne parlent qu’une seule langue de faire partie de la Fonction publique. des Forces armées ou du personnel des sociétés de Ja Couronne, ou du © moins d’étre promus aux emplois publics importants. Aficun article de la Loi n’a cet effet, méme indirectement. Ce que vise cette Joi. c’est 4 mettre a la disposition du public, lors- que la composition linguistique de la population le justifie, des services dans les deux langues officielles. ; Ceci ne suppose pas que tout le personne] de |’administration doive étre hilingue Dans un grand nombre de régions du pays, et notamment. dans pres- que tout l'Ouest canadien, ainsi que dans une grande partie du Québec, les services de l’Etat ne seront disponibles que dans une langue; par conséquent. les per- sonnes employées par le gouver- nement dans ces régions n’au- ront a parler qu'une seule lan- e. Méme dans les districts bilin- gues, un grand nombre des employés de |’Etat. fédéral ne parleront qu’une langue. A I’in- térieur de ces districts. il s’agit de disposer d’un nombre suffi- sant de fonctionnaires. pouvant traiter avec les francophones et les anglophones de cette région dans leur langue respective. Ces derniéres années, le gou- vernement fédéral a mis sur pied un systéme d’enseignement d'une langue seconde 4 l'usage de ses fonctionnaires. A long terme, on en viendra au point ot l'acquisitior d'une connaissancce pratique d’vne langue seconde fera partie intégrante de la carriére de ceux dont l’emploi exige cette connaissance. D’ici la, nous veillons A ne pas ea he ,.désavantager les persqnnes qui, ° u . “Veeve se trouvant déja a l’emploi du gouvernement fédéral. n’ont pas eu l’occasion d’apprendre une langue seconde. L’administration fédérale doit continuer et continuera a recru- ter son personnel. 4 tous les niveaux d’emploi, dans toutes les régions du Canada PIFRRF-FII JOTT TRUDEAU D’aucuns ont prétendu, parmi ceux qui s’opposent. ¥ cette Loi, que le Commissaire des langues officielles serait investi de pou- voirs illimités qui le rendraient infiniment redoutable. Il suffit d’une lecture rapide pour se rendre compte du ridicu- le d’une telle assertion. En réalité, le Commissaire sera plus ou moins un ombudsman sembla- ble 4 tous ceux que plusieurs provinces ont nommés pour pro- téger les droits individuels de leurs citoyens. J] ne s’agit pas d’un juge de premiére instance, et encore moins d’un inquisiteur. Il a pour tache d’instruire les plaintes formulées au sujet de pratiques injustes., sur le plan linguistique, au sein des ministé- res et des organismes fédéraux ou dans les sociétés de la Couronne. Fn pareils cas, s’il estime que ces plaintes sont justifiées, il lui appartient de recommander aux services en cause un changement d’attitude. Ci ces derniers ne modifient pas leur facon de faire. A la suite de telles recommandations, le Com- missaire est hahilité 4 saisir le Parlement de la question; la décision finale incombe alors au Parlement. I] n’y a rien 1a, assurément, qui puisse donner au Commissaire ou au gouverne- ment des pouvoirs excessifs a Vendroit de quelque Canadien que ce soit. L’objectif en vue est, bien entendu, tout le contraire: on ‘veut que chaque Canadien jouis- se de pouvoirs plus étendus pour faire obstacle aux abus adminis- tratifs. I.a I.oi met. en relief les normes d’exécution prévues pour les ministéres et les orga- nismes fédéraux et indique com- ment remédier 4 toute insuffi- sance éventuelle en la matiére. Elle ne comporte aucune disposi- tion tendant 4 imposer certaines obligations aux simples citoyens, ni a restreindre aucuinement les libertés individuelles des Cana- diens. Certaines personnes, hostiles a cette Loi, ont soutenu qu’elle violait ov modifiait. la Constitu- tion (l’Acte de |’ Amérique du Nord britannique’ et. "par consé- quent, qu’elle outrepassait les pouvoirs du Parlement. Dans le cadre de cet article, je ne tiens pas 4 amorcer un interminable déhat technique sur le droit constitutionnel. Cet- te Loi, effectivement ne porte que sur les ministéres et orga- _nismes du gouvernement . fédé- ‘4 ral. Elle ne traite pas de ques- tions qui, aux termes de la Constitution, relévent de la com- pétence des provinces Elle ne touche a aucun des droits ou priviléges relatifs an frangais ou a l'anglais que garantit déja la Constitution. Ces droits et privi- léges constitutionnels. une fois la Loi entrée en vigueur. seront absolument inchangés. tels que par le passé. I.a Loi ne modifie aucun article de Ja Constitution. Méme si I’on arrive a écarter tout malentendu au sujet de la Loi sur les langues officielles, il se trouvera encore quelques Canadiens qui n’en compren- dront pas le sens ou qui n’accep- teront pas la philosophie dont elle s’inspire. Pour bon nombre de Cana- diens, et tout particuliérement ceux qui habitent une région ot peu de gens parlent. francais, le Canada paraissait étre un pays d’expression anglaise comptant quelques groupes minoritaires de langue étrangére En certains endroits, les colonies de Cana- diens italiens, de Canadiens ukrainiens ou de Canadiens chi- nois, entre autres. sont plus nombreuses que les groupes d’expression francaise. Toutefois, si l’on considére le Canada comme un tout, on constate qu’il existe deux princi- ‘paux groupes linguistiques au pays: les anglophones et les francophones. I] en est ainsi depuis les déhuts de notre nation. I] n’existe pas d’autre groupe majoritaire dans quelque province que ce soit. Aucun autre groupe ne dispose de son propre régime public d’éduca- tion ou de son propre réseau de radiodiffusion-télévision. Aucun autre groupe ne constitue plus qu’un faible pourcentage de no- tre population. Selon les données ‘Le Soleil de Colombie, Vendredi 22 Juillet 1977 5 les plus récentes du recense- ment, les trois groupes linguisti- ques les plus importants dont la langue maternelle n'est ni le francais ni l'anglais sont I'alle- mand, 3.1 p. 100 de la population, Yukrainien, 2 p. 100 et Vitalien, 1.9 p. 100. Sil’on vevt édifier et servir un pays fort et uni, i] faut que les francophones et les anglophones, les uns comme les autres, puis- sent se sentir chez eux ot que ce soit au Canada. et que leurs droits, en tant que membres de nos principavx groupes linguis- tiques, soient respectés par le gouvernement fédéral. Tel est le but visé par Ja Loi sur les langues officielles et par notre politique de hilinguisme. A mon sens, c’est un avantage indéniable pour le Canada de compter deux langues d’usage aussi répandu que les nétres. Un pays ov aussi hien les franco- phones que les anglophones par- ticipent entiérement. aux moin- dres aspects de la vie nationale ne peut que se révéler riche de promesses et de perspectives exaltantes. Fin tant que mem- bres de la communauté mondia- le, nous serons appelés a jouer un role plus marquant et plus efficace dés que nous aurons appris a manier nos deux lan- gues officielles et 4 concilier, sur notre sol, les multiples traditions culturelles qui le caractérisent. Au cours de mes déplace- ments dans tout Je pays, j'ai pu constater que les Canadiens, et notamment les jeunes, admet- taient de plus en plus les avantages du hilinguisme. Si urgent gue puisse éfre l’avéne- ment d’une telle politique — et je suis convaincu que la survivance de notre pays en dépend — il ne faut pas s’attendre A en recueillir tous les bienfaits du jour au lendemain. I] faudra peut-étre des années, voire des généra- tions, pour réaliser en profon- deur le sens et Ia portée de pareille transformation. Mais dans |’évolution de lhistoire du Canada, la I.oi sur les langues officielles constitue un grand pas en avant. Un rendez-vous hebdomadaire au canal 10 LA FRANCOPHONIE .. AND YOU * Mardi a 20h00 7 Victoria, Maillardville, Haney Mission, Mapple Ridge, Pitt Meadows & Mercredi &.22h00 Vancouver * Jeudi a 20h00 f + Nanaimo et Powell River te oa. t oO 6 ‘ —T ~ rest} —_s