Les textes de Daniéle Valiée sont des scénes de la vie quotidienne, des tranches de la réalité urbaine et de notre milieu social. Ce sont de courts récits qui exploitent le quotidien tout en faisant une place de choix a l'imaginaire d'une auteure déja encline 4 ce genre littéraire, celui du conte en particulier dans lequel elle s'est distinguée et confir- mée dans des publications antérieures chez David et au Vermillon. Conteuse, dramaturge, nouvelliste et romanciére, Daniéle Vallée transforme, ici en particulier, les scenes banales du quotidien en ta- bleaux qui dépeignent un milieu social urbain dans un style véridique et cruel. Le ton cavalier et I'humour caustique de sa plume ne ména- gent aucun personnage dont elle fait le portrait, méme pas son narra- teur au féminin dans sa robe jaune que !'on pourrait identifier comme étant une sosie de l'auteure. Tous les faits se passent a bord de l'au- tobus numéro 2 qui fait la navette entre I'est et l'ouest de Ia ville d'Ot- tawa en passant par le parlement, Les habitués de ce transport en commun sont de simples citoyens qui font le trajet quotidiennement pour se rendre au travail le matin et rentrer chez eux en fin de jour- née. Des fonctionnaires pour la plupart et des travailleurs du secteur privé au service de ces fonctionnaires. L'observation critique de la scéne théatrale et l'excellente critique du théatre contemporain sont des exercices qui lui sont familiers pour les avoir souvent abordés dans les médias écrits, L'auteure critique se révéle dans ce livre une portraitiste dramatique de talent. Et l'on re- grette qu'elle n'ait pas songé a en faire une piéce de théatre et la monter sur la scéne du Nouveau Théatre a Ottawa. Son esprit molié- resque, inoffensif aprés tout, malgré qu'il semble parfois prendre |'al- lure méchante a la maniére de Voltaire qui n' hésitait pas a lancer des fleches empoisonnées a ses victimes ne pourrait que l'encourager a faire les premiers pas en direction de |'écriture dramatique. En quelques mots, il faudra signaler hélas la négligence de la langue dans ce livre. Un texte qui me parait loin derriére ses autres livres en matiére de style et dans la structure linguistique. Y avait-il une inten- tion cachée de l'auteure, celle du langage parlé et vivant sur la scéne? je l'espére et c'est pour cela que |'on souhaiterait pouvoir as- sister un jour a une adaptation sur scene de ce beau livre. Le D2ux, texte de Daniéle Vallée, tableaux de Christian Quesnel. Ottawa. Editions David. 112 pages. 29 $. Simon Henchiri 24