|LE REVERBERE | REVERBERE 2018 infirmiéres et elles rejoindront finalement leur port d’arrivée, Fort Victoria le 5 juin 1858. Mais dés leur entrée dans le port de Victoria, les voyageurs se rendent compte que la situation n’est pas telle que décrite par Demers a peine quelques mois plus tot: ce nest pas 150 canayens qui vivent a Fort Victoria et aux alentours dans des maisons éparses... c’est plus de vingt mille hommes, la plupart dans des abris de fortunes, certains dans des maisons érigées a la hate. Qui sont tous ces hommes? Que viennent-ils faire au Fort Victoria? Tous, sans exception, sont ici pour laméme raison : tenter de devenir riche grace a la premiere des trente-trois ruées vers l’or des trois colonies. Ils sont prospecteurs, mais aussi marchands, tenanciers de bars et de maisons closes, filles de joie, charpentiers- menuisiers; ils viennent de partout : de Californie, d’Europe, de Chine, de Russie, d’Amérique du Sud... Et maintenant, les francophones sont une trés petite minorité dans cette tour de Babel, alors qu’auparavant, ils représentaient plus de 60% de la population non indigéne al'lle. Le travail auquel feront face les religieuses qui ont relevé le défi sera de taille. D’abord le voyage fut long : six semaines. Et puis, la maison de Léon Morel est en bien pietre état. Les soeurs se retrousseront les manches pour réparer et aménager tant bien que mal les lieux. Et c’est la qu’elles enseigneront dés le surlendemain de leur arrivée. D’abord aux enfants Métis, aux noirs et aux Premiéres Nations. Puis, aux enfants de la classe 22 dirigeante. Elles aménagent une portion du grenier qui leur sert de dortoir pour accommoder les orphelines laissées en leurs bons soins. Les Sceurs recoivent de plus en plus de demandes et elles manquent de place; elles font donc construire une petite annexe et une chapelle a l’ancienne maison de Léon Morel, annexe terminée en novembre de leur année d’arrivée. La charge de travail des sceurs est trés lourde : elles cuisinent, nettoient, enseignent a des étudiants ayant des habiletés bien différentes et des besoins variés, prennent soin de leurs pensionnaires tout en continuant a prier et a se plier aux obligations de leur robe. Et comme Demers l’a demandé, elles soignent et veillent les malades. Et, pendant un temps, elles ont méme délégué Marie Mainville, la laique du groupe qui leur sert de servante, qui fait leurs emplettes et s’occupe des plus jeunes, pour faire le ménage et cuisiner chez |’Evéque... En octobre 1859, deux autres sceurs viennent se joindre a elles: Soeur Mary Providence dont la connaissance de la langue anglaise sera plus qu’utile, et qui devient de ce fait, Mére Supérieure, et Sceur Marie de Bonsecours. En décembre 1859, les Sceurs louent un édifice sur Broad Street. En 1871, commengait la construction de l’‘Académie Sainte-Anne, sur son emplacement actuel; au fil des années, elle bénéficiera de plusieurs ajouts. Les Sceurs de Sainte-Anne se sont démarquées dés le début par leur philosophie : elles voulaient donner aux jeunes filles, non seulement une éducation