RECIT AMERINDIEN SUR LA RENCONTRE ENTRE LAPEROUSE ET LES INDIENS TLINGIT (1786) par George T. Emmons (Traduction de G. Buchholtzer) Nous publions ci-aprés la traduction d’un article de George Emmons qui visita les Indiens Tlingit en 1888: "Native Account of the Meeting between La Pérouse and the Tlingit” '! Le grand navigateur francais, Frangois de lLapérouse, fut le premier s Européen a rencontrer les Indiens de cette région au cours de son expédition sur la céte Nord du Pacifique en 1786. Cet article d’Emmons suit celui que nous avions publié dans le dernier numéro du Chronographe au sujet de la rencontre entre Francophones et Ameérindiens dans ces régions du Pacifique Nord. Cette fois-ci encore il est question de la maniére amérindienne de saisir et de se _ rappeler les événements dits historiques dans le contexte d’une société dite "sans écriture". ? Quelques renseignements préliminaires: Les Indiens Tlingit habitent la céte méridionale de Alaska depuis la fin de la derniére glaciation (8000 ans). Les travaux ethnographiques les _ plus significatifs sur ce peuple ont été conduits surtout par Frederica de Laguna ("Under the Mount St Elias") et, aussi, par George Emmons. On doit 4 ce dernier, en plus du présent article, plusieurs ouvrages dont "The basketry of the Tlingit" (A.M.N.H.-American Museum of Natural History, New York 1903), "The Whale House of the Chilkat" (A.M.N.H., New York 1916) et "The Tahltan Indians" (Philadelphia, University Museum, 1911). En ce qui concerne Lapérouse, nous reproduisons cet extrait du Grand _ Dictionnaire Encyclopédique Larousse (1984:Tome 6:6137-8) "LA PEROUSE (Jean Francois de GALAUP, comte de) navigateur francais (chateau de Guo, prés d’Albi, 1741)-lle de Vanikoro, dans le Pacifique, 1788) Embarqué 4 15 ans, La Pérouse est blessé, 4 dix-huit ans, dans un combat prés de Belle-Ile (1759). Il est emmené prisonnier en Grande Bretagne. La paix revenue, il est promu enseigne de vaisseau en 1764. 1 American Anthropologist, n.s., 13, 1911°294-298) Voir Le Chronographe:1986-87(4):9-13 Le Chronographe Printemps-Eté 1987 Volume IV: 1-2 En 1782, il est chargé de ravager les établissements anglais de la baie d’Hudson. Au lendemain du traité de Versailles (1783), Louis XVI rédige lui-méme les instructions pour Ventreprise qui doit parachever l’oeuvre de Cook: La Pérouse dirigera une expédition chargée de reconnaitre les parties septentrionales des rivages américain et asiatique. Des astronomes et naturalistes, ainsi que des artistes peintres seront du voyage. Le ler aofit 1785, les deux frégates de La Pérouse, la Boussole et l’Astrolabe, quittent la rade de Brest. Le cap Horn est franchi en février 1786. L’Ile de Paques est atteinte le 9 avril, puis, aprés une longue traversée vers le nord, La Pérouse fait de la "découverte A l’envers": il s’agit surtout, en effet, de détruire certains mythes cartographiques hérités des anciens navigateurs espagnols: plusieurs terres, qui figuraient sur les cartes vers le tropique du Cancer entre les Sandwich (Hawaii) et la céte américaine, sont rayées des cartes. ? Aprés > Tl s’agit aussi de rendre la France présente dans cette derniére région inconnue des Amériques convoitée par les grandes puissances de l’époque (Espagne, France, Grande Bretagne, Russie et Etats Unis) malgré l’échec subi en 1763 (perte des territoires frangais d’Amérique du Nord a Angleterre. Ceci explique la compétition que continuaient A se livrer ces deux pays. A preuve, par exemple, ce petit extrait du journal du capitaine anglais Portlock "A Voyage round the World, 1785, 1786, 1787, 1788. -A Voyage to the North West Coast of America", Londres 1789): P.2: If Great Britain owe something to France for the discoveries in former times, the French are much indebted, in the present, to the British mariners for laying open the whole globe to human eyes and to human industry. The French king, with a noble emulation, seems to have sent out several officers with suitable accomodations, to follow the tracts of the successive voyages whcih had been so happily atchieved under his Majesty’s auspices, though an English seaman may be allowed to say, that the French navigators failed in their wake at a great distance astern. No sooner were the voyages of Cook, of Clerk, of Gore, and of King accomplished, and their narratives published, than a new expedition was, in 1785, dispatched from France, under the conuct of Messrs. Peyrouse and De Langle, in order to glean on this ample field what the misfortune of Cook had left unattained." Il faut ajouter que l’infortune de Portlock voulut qu’il ne put, semble-t-il, découvrir ces régions cartographiées par Lapérouse, bien que Portlock se trouva dans les parages du Mont St. Elie et du Mont Fairweather quelques semaines 1