Changements causés par la traite des fourrures Les échanges en tant que tels étaient accompagnés de cérémonies assez compliquées. Quand les « Indiens de Hautes- Terres » se rendaient au poste de traite, en juin et en juillet, ils s’arrétaient a quelque distance en amont pour faire une pause, puis arrivaient au fort dans une pétarade de coups de feu. Des discours étaient prononcés, des présents échangés. Ensuite, les autochtones se retiraient dans leurs cabanes ou, pendant deux ou trois jours, ils fraternisaient et festoyaient. Une fois commencée la séance des échanges, on passait les fourrures par le guichet du poste de traite et les articles obtenus en retour étaient soigneusement examinés par le chef. Chaque peau se voyait attribuer une valeur; la mesure étalon était la peau de castor. Une peau d’ours pouvait valoir deux peaux de castor; huit peaux de rat musqué en valaient une. Les articles de consommation aussi étaient évalués en monnaie de castor : un fusil, par exemple, valait six castors. Finalement, quand tout était terminé, on pronongait Tout un cérémonial encore quelques discours, on échangeait encore des cadeaux, aprés quoi les autochtones repartaient dans leurs territoires pour y passer I’hiver. Dans les échanges, les armes a feu, les couteaux, les bouilloires, les haches et les tissus avaient la faveur des Ameérindiens. Mais il afrivait aussi qu’ils troquent des fourrures contre des articles de luxe tels que de la verroterie, de l’alcool, du tabac. L’alcool fut de tout temps un sujet de controverse. Les autorités de la Nouvelle-France affectérent d’en vouloir bannir I’usage, mais, en réalité, il était de notoriété publique que les Francais avaient les idées assez libérales sur le sujet, et pour cause, puisque les clients des comptoirs de la baie d’Hudson préféraient le cognac des Frangais a celui des Anglais, qui n’était qu’une méchante mixture de gin et de mélasse. Les autochotones de |’est du Canada ont été les premiers a rencontrer les explorateurs et les trappeurs venus d’Europe. Les explorateurs sont retournés en Europe en rapportant de nom- breuses histoires sur ces peuples et ce pays nouveau. Ils ont rap- porté aussi de nouveaux aliments que les Européens n’avaient ja- maismangés auparavant. Le mais, les féves, le potiron et le tabac étaient des plantes originaires de 1’ Amérique du Nord. Les autoch- tones ont servi de guides aux explorateurs. Ils leur ont ensei- gné leurs connaissances. Ils leur ont montré comment voyager en canot, chausser les mocassins ou les raquettes et tirer les tobog- gans. Des marchands sont venus chercher des fourrures dans les nouveaux territoires. Ils ont éta- bli des comptoirs aux endroits ou les autochtones pouvaient appor- ter leurs fourrures. La traite des fourrures est ainsi entrée sans difficulté dans la vie des autoch- tones. Ceux-ci avaient toujours Vol. 4 no 3 LE COURRIER DE LA SOCIETE D'HISTOIRE, Octobre 1991