Arts et Spectacles 11 John Moffat L'homme derriere Hosanna Lorsque 1’on pense aux grands acteurs et actrices de notre belle province, le nom de John Moffat vient a l’esprit. Le public vancouvérois a pu l’apprécier il y a quelques années dans «Haunted House Hamlet» de Peter Weiss. «Une expérience théatrale inou- bliable» dit-il. L’action se dérou- lait simultanément dans différen- tes piéces du Heritage Hall sur Main. Les personnages se prome- naient entrainant le public a leurs trousses. Moffat ajoute qu’il aimerait refaire ce style de théa- tre. On a pu le voir dans «The Heidi Chronicles», «Les Liaisons Dangereuses», «The Dining Room», «Blithe Spirit», «Death of a Salesman», «We», «The Undersigned» au Playhouse. L’an dernier pour le Arts Club, il inter- prétait Larry dans «Burn This» pour lequel il a gagné le prix Jes- sie Richardson, remis au meilleur acteur. John Moffat est un grand gars sympathique, simple, cha- leureux, sans prétention. Un petit air moqueur lui fait un pli amu- sant au coin de la bouche. Il te regarde directement dans les yeux. La curiosité, les interrogations, tout 4@, lit clairement sur son vi- sage. Il s’anime en parlant de ce qu’il aime, rit facilement et écoute. Durant |’entrevue, je le sentais intensément présent. Nous nous sommes rencon- trés dans un petit salon du Van- couver Playhouse quelques heu- res avant une représentation de Hosanna, de Michel Tremblay, oi il tient le réle principal. Il arrive souriant, calme, accompagné d’une manucure qui durant |’entretien doit lui refaire ses faux ongles, lui appliquer un rouge vif. Il rit 4 ce propos: «Amazing! It’s time consuming, like shaving». Marie-Louise: Pourquoi avoir choisi le métier d’acteur? John Moffat: Dés le dé- but, le théatre m’a plu. Je n’avais pas peur sur scéne, au contraire je me sentais euphorique. En plus je n’étais pas bon en sport a l’école. M.L.: Est-ce que vous cherchiez une profession spéciale? Moffat: Tout le monde cherche quelque chose de spé- cial. M.L.: Peu le font. Moffat: C’est vrai. Et le théatre n’est pas facile dans ce pays. M.L.: Sur quel critére acceptez-vous de créer un per- sonnage? Moffat: En gros des per- sonnages aux prises avec des préjugés a leur égard. Ils traver- sent personnellement des boule- versements et se sentent a part socialement. Je me sens attiré par eux probablement parce qu’a un certain degré jem’ identifie 4 eux, étant un acteur et en plus homo- sexuel. M.L.: Par ces personna- ges, voulez-vous dire quelque chose a votre public? Moffat: Je veux jouer a un niveau ou les gens peuvent s’iden- tifier, humainement parlant. J’es- pére qu’ils ne seront pas fermés, qu’ils ne jugeront pas mais com- prendront et se montreront tolé- rants. Je sais, avec Hosanna le public accepte difficilement cet univers des travestis qu’il ne connait pas, il peut devenir néga- tif. M.L.: Dans Hosanna, jus- qu’a quel point étes-vous cons- cient des réactions du public? Moffat: Dés les premiéres représentations, j’étais conscient des réactions. Beaucoup n’osent pas rire. Ils sont confus. Les per- sonnages représentent des gens de notre société que l’onn’est pas supposé aimer. Des spectateurs quittent la salle. Je trouve ¢a dif- ficile. Avec ceux quirestent,c’est intense. Assez incroyable qu’une piéce écrite en 1973 genére en- core tant de réactions négatives et positives. MLL.: Que pensiez-vous du personnage Hosanna avant d’ac- cepter de le jouer? Moffat: Je le trouvais in- triguant, trés courageux. A cause du rejet expérimenté au Club, il ne peut plus faire semblant de garder la face. A partir de cet événement, Claude (Hosanna) a le courage de réévaluer sa vie. Finalement, il se découvre et s’ac- cepte. M.L.: Aimez-vous créer ce genre de personnage troublant? Moffat: Avec Hosanna, j’ai découvert que oui! Le fait que je reste sur scéne durant |’entracte permet une plus grande commu- nication. J’observe le public et je suis observé. Ca calme les émo- tions. Puis je ne prends pas sur mes épaules les obsessions cau- sées. Je présente la piéce, le per- sonnage et vous en faites ce que vous voulez. M.L.: Quelle est la diffé- rence entre Hosanna et Larry dans «Burn This»? Moffat: Dans «Bum This», on a affaire 4 une structure diffé- rente. Les personnages, sauf un, répondent aux critéres accepta- bles de notre société. Et Larry, l’homosexuel, vient d’une classe moyenne, il est drdle, assez sym- pathique. II correspond a ce que l’on pense acceptable d’un ho- mosexuel et comment il doit se comporter. I] est charmant. Avec Hosanna, c’est l’opposé. Le spec- tateur se sent désorienté devant tant d’émotions brutales, le mi- lieu étrange, le travesti. M.L.: Que pensez-vous du metteur en scéne Peter Hinton? Moffat: J’aimerais tra- vailler avec lui n’importe quand. Un jeune metteur en scéne, avec sa vision théatrale puissante, dif- férente, il a pu présenter d’une maniére fascinante des personna- ges excessifs et si peu raffinés. Je n’ai pas sentinon plus qu’il impo- sait sa perception. M.L.: Comment vous fai- sait-il travailler? Moffat: Durant les répéti- tions, je portais un soutien-gorge, des bas de nylon et des talons Suite page 16 Le carnet du melomane Queen E. Tickets 280-3311. Un Barbier de Séville 4 l’Opéra comme vous n’en avez jamais vu: la VOA nous pro- pose un voyage & travers les siécles pour les personnages de Beaumarchais et les voix promettent une excellente soirée, les 26, 29 et 31 janvier, et les 2 et 4 février, 4 20h00 au Avant chaque opéra, le Forum de l’Opé- ra présente la mise en scéne, intrigue, musi- que, tout ce que vous n’avez jamais osé de- mander. C’est au Carré Robson, le dimanche 20 a 14h00, billets a l’entrée. Miriam Meghnagi, mezzo-soprano incroyable, chantera son répertoire italien, hébreu, latino, au Centre Communautaire juif, le 24 4 20h00. Nous n’aurons jamais la chance d’entendre, autrement, ses «Chansons d’Exil». Les amateurs d’opéra voudraient tous aller au Festival View; ony verra, chance rare, Il Segreto di Susanna de Wolfe-Ferrari: le 26 4 midi, le 27 4 18h00, au Théatre Firehall. Il y aura aussi du ballet avec Monique Léger qui animera un atelier et une chorale bulgare. Billets 875-6210. Le VSO présente, aussi bien des pro-. grammes pour les enfants. Info.: 684-9100. Bravissimo! Le flitiste Giorgio Zagoni (photo) aravi les mélomanes dans le dernier concert du festival Italie au Canada. Sa brillance technique, alliée 4 une sensibilité peu commune, ont ému et surpris. Si la premiére partie du programme (Bee- thoven) ne montrait que la virtuosité du jeu de M. Zagoni et d'Alessandro Speechi (piano), la deuxiéme partie (Casella, Poulnec, Bartok) faisait preuve d'un romantisme lyrique et admirablement contrélé. Cinématheque La Cinémathéque a tou- jours eu le bon goiit et l’excel- lente idée de présenter régu- ligrement de trés bons classi- ques du cinéma francais. En ce début d’année 1991, elle continue sur sa lancée en pro- grammant pour janvier, deux films du réalisateur Constan- tin Costa-Gravas. Soirée Costa-Gavras: dimanche 27 et lundi 28 jan- vier. Etat de siége (19h15). Constantin Costa-Gavras, ré- alisateur francais né en Gréce, est un spécialiste des sujets ‘politiques, et plus particulié- rement des atteintes aux droits de I’homme. En les*abordant par l’intermédiaire d’une his- rencontré un bon accueil du public. Réalisé en 1973, Etat de siége nous entraine en Uruguay od un agent de la CIA - interprété par Yves Montand, acteur fétiche de Costa-Gavras - est kidnappé et jugé par les Tupamaro, guerillos d’extréme-gauche. Pour |’anecdote, le film a été Le Soleil de Colombie Costa-Gavras a I'affiche toire 4 suspens, il a toujours. tourné au Chili... a l’époque de la présidence Allende. L’aveu (21h30). On quitte les dictatures d’extréme- droite sud-américaine pour se plonger dans l’Europe de l’Est staliniste des années 50, et en l’occurence la Tchécoslova- quie. C’est 1’époque des pur- ges sanglantes avec des hauts dignitaires communistes for- cés d’avouer des crimes ima- ginaires. On retrouve le trio gagnant: Costa-Gavras a la ré- alisation, Yves Montand comme acteur principal (Simone Signoret joue le réle de son épouse) et Jorge Sem- prun, qui avait déja écrit les scénarios de Z et d’Etat de siége. Pacific Cinematheque, 1131 Howe Street. Francois Limoge Sa naan See emacs Dans le cadre du festi- val "Women in View", la piéce de théatre "Le Tailleur" sera présentée en francais auFire- hall Studio le jeudi 24 janvier 4 18h15, le vendredi 25 jan- vier 4 18h30 et le samedi 264 13h00. Tél.: 875-6210. Vendredi 18 janvier 1991