VOLUME 9 - 4° EDITION- ISSN 1704 - 9970 EMILE NELLIGAN (1879-1941) Emile Nelligan, écrivain remarquable du tournant du siécle, est le poéte le plus aimé et le plus admiré du Canada frangais. Figure romantique a la carriére littéraire tragiquement écourtée, c'est lui qui a fait passer la poé- sie canadienne-francaise dans I'ére moderne. Emile Nelligan est né 4 Montréal la veille de Noél, en 1879. Ses parents, dont le mariage battait de I'aile, incarnaient les deux solitudes du Canada. Son pére, David Nelligan, était un immigrant irlandais peu sensible a la langue ou 4a la culture canadienne-frangaise. Son travail d'inspecteur des Postes I'éloignait fréquemment de la maison. Sa mére, Emilie-Amanda Hu- don Nelligan, était une canadienne-frangaise douée pour la musique, fiére de sa culture et de son patrimoine, et dévote catholique. Sauf pour des vacances d'été avec sa famille dans le village de Cacouna, dans la péninsule gaspé- sienne, et un court voyage en Europe, Nelligan a passé toute sa vie 4 Mon- tréal. Ses études furent sans éclat. En 1896, 4 17 ans, il est entré au Col- lége Sainte-Marie, ov il s'est révélé un étudiant médiocre, préférant se plon- ger dans l'étude et I'écriture de la poésie. En 1897, contre la volonté de ses parents, il a abandonné ses études pour se consacrer a la poésie. Trés occupé a composer des vers, il ne pouvait envisager de devenir autre chose que poéte. C'est en 1896 qu'il a rencontré son mentor et futur éditeur, le prétre Eugéne Seers (plus tard appelé Louis Dantin), et Joseph Melangon qui I'a introduit aux cercles littéraires de Montréal. Sous le pseudonyme d'Emile Kovar, Nelligan a publié son premier poéme, « Réve fantastique », dans Le Samedi (13 juin 1896). En septembre de la méme année, huit autres de ses poémes avaient été publiés dans les journaux locaux et d'autres publications tels que Le Monde illustré et l'Alliance nationale. Les poémes de Nelligan démontraient une sensibilité remarquable au pouvoir des mots et a la mélo- die de la langue; ils étaient empreints de mélancolie et de nostalgie. En 1897, il a publié ses poémes sous son vrai nom pour la premiére fois dans Le Monae illustré et La Patrie, méme s'il l'épelait parfois « Nellighan » ou « Nelighan ». En 1897, Nelligan a été invité par son ami Arthur de Bussiéres a se joindre a I'Ecole littéraire de Montréal, un cercle de jeunes écrivains et intel- lectuels qui se réunissaient chaque semaine pour discuter des arts.