2 - Le Solel, VENDRED! 18 FEvRIER 1994 Le Billet Contrebande C’estfinalement effectif, le Québeca décidé de supprimer les taxes sur le tabac afin d’enrayer la contrebande. La cartouche de cigarettes tombe de 34 $au prix modique de 23 $ soit une baisse substantielle de 11$. Au Québec, c’est bien connu, la meilleure fagon d’acheter des cigarettes 4 des prix défiant toute concurrence, c’étaitdes’arréter a une échoppe mobile, dans une réserve Depuis des décennies, a la barbe des autorités, les autochtones du Québec importent des cigarettes des Etats-Unis et font de la contrebande. Par tolérance ou pardiplomatie, le gouvernement atoujours fermé les yeux sur ces pratiques illicites. Mais, suite aux événements d’Oka, en 1990, il avait décidé de renforcer la présence policiére dans les réserves: Sachant les indiens armés jusqu’aux dents, il a toujours été difficile d’aller au- dela des limites de la diplomatie sans risquer de provoquer une confrontation, voire un bain de sang, la référence restera le caporal Lemay. Sabrer les taxes provinciales est la seule idée trouvée par le gouvernement du Québec. Cette décision, plus que controversée, certains la qualifient de poltronne, enrayera sans doute ce processus de contrebande. Une ombre au tableau, cependant, les taxes sur le tabac avaient été instaurées pour limiter la consommation de celui-ci, financer les soins médicaux des fumeurs malades, mais surtout, pour éviter que les jeunes ne commencent a fumer, leprix des cigarettes étant élevé. Il est trés honorable de faire respecter les lois, mais qu’en est-il de la santé de nos enfants ? Il est vrai que les finances publiques pourront ainsi récupérer quelques millions mais, la santé et l’air pur n’ont- ils pas un prix ? D’autre part, comment ne pas tenir compte des autres provinces dans lesquelles la cartouche ne baissera pas, en V’occurrence la Colombie- Britannique ot elle cofite autour de 44 dollars. Cette situation pourrait créer une nouvelle forme de contrebande, cettefois, a P’intérieur du pays. En effet, pourquoi ne pas imaginer des réseaux organisés qui achéteraient les cigarettes au Québec, a prix légal, et les revendraient dans les autres provinces, faisant - de monstrueux profits et créant ainsi une contrebande interprovinciale plusintolérable encore. La réduction des taxes ne supprimera pas le probléme de la contrebande, elle ne fait que le déplacer. Pierre Longnus —NFormaATION Les francophones du Nord A la recherche d’une identite Cette semaine, Ie Soleil propose une analyse de la franco- phonte dansles Territolres du Nord-Ouest, parl’ex-coopé- rant du journal V’ Aquilon de Yellowknife. Yellowknife. C’est un francophone, Laurent Leroux, qui fut le premier Blanc 4a visiter le Grand lac des Esclaves, en 1784. Cette année-1a, il fonda un poste de traite des fourrures sur la rive sud- est du Grand lac, le fort Résolution (Deninu Kué, communauté chipewyan). Par la suite, les francophones ont joué un réle important dans le développement du Nord, habité depuis des milliers d’années, jusque 1a par les peuples Déné et Inuit . Il n’est pas un document d’archives, au musée de Yellowknife, qui n’évoque les Soeurs Grises ou les Oblats de Marie-Immaculée. Ce sont eux qui ont développé des structures sociales, qu’il s’agisse d’hépitaux, d’écoles, ou d’églises é€videmment. Les Oblats ont documenté la vie des Déné et 1’on trouve encore, au diocése de Yellowknife, des textes éloquents. ; : En 1993, les francophones installés, le plus longtemps, dans les T.N.-O. étaient les Oblats. Is connaissent sans doute mieux la communauté déné que la communauté franco-ténoise. Cette deriére est trés diverse et il est facile, au sens politique, de la définir a travers de la Fédération Franco-Ténoise (FFT) et de ses associations. La FFT est considérée comme l’organe politique des francophones du Nord. Son siége est 4 Yellowknife ot vivent 500 francophones sur une population de 15 000 habitants. Il y a ceux que l’on voit toujours, bénévoles acharnés qui s’investissent dans l’Association franco-culturelle, l’Association des parents francophones ou encore la garderie Plein Soleil, seule garderie francaise a Yellowknife, établie il y a un peu plus d’un an. Une franco-ténoise a méme eu ce qualificatif :les“TLM”, autrement dit, “Toujours Les Mémes”. Des TLM que!’on devrait d@’ ailleurs conjuguer au féminin tant les femmes francophones s’investissent davantage que les hommes. Il y a également ceux que l’onvoit ponctuellement, ala cabane a sucre, au carnaval du caribou au printemps, ou a l’épluchette de blé d’Inde a l’automne. Enfin il y a tous les autres, francophones anonymes, assimilés ou non, mais qui ne sont affiliés 4 aucune association et que l’on ne voit jamais dans les réunions des associations. On les croise parfois par hasard, au détour d’une rue, dans un commerce. Ils travaillent dans le bois, dans les camps de prospection de diamants et ressemblent parfois 4 ces coureurs de bois, ces commergants de fourrure du siécle dernier. Ils “chauffent” le taxi, travaillent dans l’une des deux mines d’or, ils sont médecins ou fonctionnaires. La francophonie ténoise ne se limite pourtant pas aux francophones de Yellowknife. Ilya davantage de francophones (350), ionnellement ala population (3300), a Iqaluit, sur la terre de Baffin, 2000 km plus a l’est. Ces francophones vivent dans un tout autre univers. Ils vivent en terre inuit, 14 ot bientét naitra le territoire du Nunavut. Ils ont leur propre association, 1’ Association francophone d’Iqaluit. Comme a Yellowknife, on les retrouve dans différents secteurs économiques. Ils sont plus proches, géographiquement parlant, du Québec que de Yellowknife. Yellowknife et Iqaluit ne sont pas les deux seules villes ou sont concentrés les francophones. Les communautés de Fort Smith et Hay River, sur la rive sud du Grand lac des Esclaves, ont elles aussi leur association respective. Ilya environ 70 francophones a Fort Smith et 40 a Hay River. Voila pour les principales communautés francophones. D’autres sont dispersées un peu partout a travers ‘Jes Territoires Inuvik, Cape Dorset, etc.). On en trouve beaucoup, environ 150, 41lamine Polaris, dans les régions arctiques, sur la petite fle Cornwallis, ainsi qu’a Nanisivik. Autant dire que la francophonie ténoise est loin d’étre homogéne. Elle est d’autant plus disparate qu’il existe trés peu de familles francophones installées, depuis longtemps, dans les T.N.-O. Encore aujourd’hui, on vient a Yellowknife pour quelques années, par curiosité pour le Nord, par nécessité économique ou par hasard. D’ou la difficulté de rassembler un groupe francophone du Nord dont les racines seraient communes au nord du 60° paralléle. La majorité des francophones viennent du Québec mais les Acadiens, les francophones de 1’Ouest et de 1’Ontario sont également largement représentés. Sur les 1385 francophones que comptaient les Territoires au dernier recensement de Statistique Canada en 1991, combien seront encore 14 dans dix ans ? Ceux qui fondérent les premiéres associations, les Gadoury, Allain St-Cyr et j’en passe, sont partis. Les associations et la FFT sont affectées elles aussi par ce va et vient de population. LaFFT aconnu deux directeurs généraux et une directrice générale en l’espace de 16 mois. Le développement de la francophonie, de sa fédération, de ses associations, est encore récent, a l'image de celui des T.N.-O., et pourtant, les francophones furent parmi les premiers Blancs a découvrir ce vaste territoire. Autre Clin d'oeil™ Oa ~ probléme : comment inciter des familles francophones a s’installer dans les T.N.-O. quand il n’existe, pour |’instant, qu’une seule école francaise, l’école Allain St-Cyr, a Yellowknife ? : La francophonie ténoise existe, et il est indéniable qu’elle prend part a l’histoire des T.N.-O. Elle a seulement un peu de mal a s’enraciner. Emmanuel Carcano LA BONNE NOUVELLE: MOINS DE TAXES SUR a EES CIGARETTES Président-directeur : Jacques Baillaut Rédacteur en chef : Pierre Longnus Infographisme : Suzanne Bélanger Conseiller en publicité : Akin Barillaud Tél : (604) 730-9575. Fax : 730-9576. Ltée. No 0046. - TPS No R 103242624 Dernier hommage Le Corps consulaire de Vancouver organise une messe funébre en ’honneur de l’ancien Consul Général de Vancouver, Monsieur Bernard Ledun. La cérémonie aura lieu le Mardi 22 février a 12h10 en l’église Holy Rosary, 646 Richards, a Vancouver. Membre de [Association de la presse francophone Impr Le seul journal en frangais 4 I'ouest des Rocheuses "SANS PEUR NI FAVEUR" Administration et gestion : Noélle Mathis Correspondant national : Yves Lusignan (Agence de presse francophone) Collaborateurs : Claudine Lavallée, Marielle Croft, Catherine Lannoy Collaborateurs Arts et spectacles : Marie-Louise Bussiéres, Nige! Barbour, Marie Michaud, Marc Fournier, Yvan Brunet, Louis Anctil Ouverture du Journal : 9h a 17h, du lundi au vendredi Toute correspondance doit étre adressée au Soleil. 1645, Same avenue Ouest, Vancouver, C.-B., V6] INS. L'abonnement annuel co(ite 25$ au Canada, 55$ a I'étranger. 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