a ae 4 Lés noces de la mer par Roger Dufrene L’université sous la pluie. Hors les gazons d’un vert intense, le campus paraft gris. Les étudiants, leurs parapluies ouverts et leurs bouquins dans des sacs en matiére plastique, chemi- nent d’un batiment 4 1’au- tre. ‘Les allées s’assom- brissent, avec leurs arbres qui courent, noirs et bar- belés, vers la mer. Sur le promontoire oi je m’accou- de, le drapeau 4 feuille d’érable frissonne. La ro- seraie languit sous ses ron- ces. La mer s’entrevoit, 1a- bas, derriére un rideau de sapins. On l’imagine, sur la gréve, battant de ses flots le sable sale, charriant des troncs d’arbres et des dé- bris, épaves sans nom bar- dées de coquillages. Les fureurs de la mer ont de tout temps hanté les ima- ginations des hommes. On les retrouve dans les my- thes des villes englouties et les récits de la mer et des marins. Pierre Loti, officier de marine, a ex- cellé dans l’évocation des tempétes. I] faut relire son Pécheur d’Islande, livre in- justement oublié, pour sai- sir l’affabulation d’un my- the universel, celui de la mer ensorceleuse qui reprend dans ses bras glauques ceux qui s’étaient donnés A elles. Gaud Mével aime Yann, pé- cheur d’Islande. Celui-ci ne songe guére au mariage :‘‘ Je. ferai mes noces avec la mer !’’ dit-il par bravade. Or, plus tard, il épouse Gaud la jeune pimpolaise. Les jeu-. nes mariés vivent une se- maine d’idylle dans leur chaumiére bretonne. Puis Yann repart pour 1’Islande. Il ne reviendra plus. Lamer jalouse,1’a repris. Ce roman, d’une juste psy- ‘chologie par sa peinture de l’4me bretonne, apparaft, en sa forme, tout baigné de_ poésie. Tournés vers l’océan re- doutable, les marins d’Is-' lande étaient profondément religieux. Chaque année, ils = s’embarquaient, avec la bé-. nédiction du clergé, et ils entonnaient sur le pont de leur goeélette les cantiques de ‘*Marie étoile de la mer’’. En leur absence, les femmes priaient dans les chapelles. _La mer anime de sa gran-- deur le roman de Pierre Loti. Elle aveugle les yeux des hommes et trempe de larmes ceux des femmes. Elle chavire les bateaux. Elle s’infiltre avec la bru-. ' me jusque dans les maisons de la cdte. C’est ce voisi- nage sournois, cette immen- se fatalité épiant les hu- mains, qui insuffle 4 Pé- cheur d’Islande son ame. A chaque page, dans les hom- mes, dans les plantes, dans les maisons basses des pé- cheurs, se percoit la han- tise de cet ‘‘ailleurs’’ re- doutable... La péche hauturiére existe toujours en Bretagne. Les chalutiers ont remplacé les goélettes. Ilsfréquentent | peut-étre moins qu’autre- fois les bancs d’Islande et de Terre-Neuve. Ils se di- rigent davantage vers les pays du Sud. Les marins de Paimpol et de Saint-Ma- . €quipés, ‘La-bas encore, le flaneur -ttaine de navire. Notre ba- lo, de Plougastel ou ailleurs, ne sont plus superstitieu comme leurs péres. Mieux}. ils savent mieux tenir en respect la mer hou- leuse... Une pluie précipitée s’abat soudain sur la pointe grise ot je révais. De la Breta- gne, 4 l’Extréme ouest du continent européen, nous voila rejetés sur la cdte extréme ouest de 1’Amé- rique du Nord. La-bas, com- me ici, le pays est pluvieux]_ et l’air salin ; la-bas aussi la vue porte sur un océan. qui affronte la bourrasque peut €voquer les tragiques épousailles de la mer. Rentrons chez nous. A l’abri derriére les vitres rayées d’eau, nous pourrons nous imaginer quelque capi- teau, Dieu merci, est loin de se perdre. Un bon feu flambe dans la cheminée. Les batches crépitent. Et si nous n’avons pas sous la main, pour le.relire, le cé- lébre roman de Pierre Loti, nous lirons,; 4 la place quel- que magnifique description de tempéte par Michelet ou Chateaubriant. Ou bien nous nous contenterons de feuil- leter quelque histoire illus- trée de la marine. Nous y verrons l’homme 4 travers les’ Ages, défendre sur les mers son pays, y chercher sa pitance, ou tout bonne- ment l’aventure, que ce soit} sur les fins voiliers d’autre- fois, ou sur les merveilleux engins, équipés de radars, de notre monde moderne. La couleur Vill, LE SQLEIL, 25 FEVRIER 1972 Depuis quelques années, nombre de Canadiens s’in- téressant 4 la couleur, que ce soit sur le plan industriel, artistique ou scientifique, insistent sur la nécessité de créer un organisme qui leur permettrait de se réu- nir et de discuter entre eux des problémes touchant la couleur. Ce genre d’orga- nismes existent déjA dans d’autres pays od ils ont ren- du de grands services aux ingénieurs, artistes, hom- mes d’affaires et scientifi- ques intéressés par cette ‘question. Un comité de direction ad hoc travaille actuellement a la création d’une société canadienne de la couleur pour les arts, 1l’industrie et les sciences. Cet orga- nisme donnera aux artistes, psychologues, ingénieurs et scientifiques canadiens 1’oc- casion de se rencontrer et de faire bénéficier les au- tres de l’expérience qu’ils ont acquise dans leurs do- maines respectifs. Cette soci té canadienne prévoit d’organiser des ren- contres réguliéres quirevé-. tiront la forme de collo- ques, de séminaires et de’ tables rondes ou d’ ‘‘ate- liers’’ dans différentes par- ties du Canada, contribuant ainsi A une meilleure com- préhension des problémes liés A la couleur et A leur solution. Le comité directeur espére | étre en mesure d’inviter tous les intéressés 4 se joindre 4 lanouvelle société au cours. du printemps 1972. Des dispositions sont ac- tuellement prises par le Conseil national de recher- ches pour organiser un col- loque au mois de mai ou au début du mois de juin 1972 4 Ottawa. C’est 4 la faveur de ce colloque que la so-' ciété canadienne de la cou- leur sera créée. ‘Les personnes intéressees ont invitées A entrer en ontact avec le président du | omité directeur : Dr Gunter Wyszecki, i - Jonseil national de ers thes, Ottawa, Ontario. __ 4 PAUL HORN, l’inimitable flatiste, est présentement au Gassy Jack’s Place, 8 rue Alexander A Gastown. Son | spectacle est des plus inté- flressants, car il réussit a harmoniser une perfection) de technique avec des ele- ments de surprise, ce qui] laisse une impression de communication personnelle ‘avec chacun de ses auditeurs|