VOYAGES Le Soleil de Colombie, vendredi.26 mai 1989 - 11 Par Jean-Claude Boyer Stuttgart (s.-o. de l’Allema- gne), dimanche 30 septembre 1984. Je me léve au point du jour. Encore un beau ciel sans nuage. Je quitte |’AJ sans bruit, comme un voleur, pour me rendre a la gare ol j’apprends qu’il me faut reculer ma montre d’une heure. «Cest /a fin de l'été>, me _ dit-on. Attente patiente du prochain train pour Heidelberg, cette ville pittores- que queje me suis promis de ne pas manquer en ce deuxiéme tour d’Europe. Peu apres le départ, je sens mes paupiéres s’alourdir, mon esprit glisser rapidement dans le sommeil. Mes yeux se rouvrent sur d’immenses vigno- bles, loin de Stuttgart. Et nous arrivons dans la vallée du Neckar (affluent du Rhin) ot apparait Heidelberg la magnifi- que, dominée par son célébre chateau. ll est 4 peine 9hO0. La ville semble encore endormie. Je deviens méme le premier client du... McDonald. En retournant dans les rues presque désertes, j'entends soudain une explo- sion de joie de vivre. A la terrasse d'un café, une vingtai- ne de bons vivants se lancent dans une chanson entrainante, marquant, a mon insu, le début de grandes rejouissances col- lectives qui rendront mon dimanche a Heidelberg palpi- tant, débordant de vie, comme aux heures les plus heureuses de mon adolescence. Attiré par une vieille rue piétonne ot les gens marchent tous dans la méme direction, je me retrouve vite sur une place pavée dite «du marché aux grains», plongé en_ opleine festivités médiévales, appareil- photo en main. Une foule grossissante a vue d’oeil circule en tous sens. Que niai-je des yeux tout autour de la téte! Pour tenter de recréer cette atmosphére de kermesse, je devrai, a la maniére d’un peintre moderne, donner de rapides coups de pinceaux. Nombreux kiosques, tentes, étalages sous toits sommaires. De joyeux trouba- dours se proménent au hasard, voix chaude, sourire facile. Jongleurs, crieurs publics, fous du roi portant bonnets a clochettes, chevaliers acotte de maille. Une trompette démesu- rément longue, symbole du jugement dernier, répond a un corde chasse al’autre bout dela place. Mon oeil accroche le décolleté affriolant d’une da- moiselle. Un Guillaume Tell, plume blanche au chapeau, s’appréte a décocher son tir, l'oeil pergant. J’accumule ner- veusement notes et photos, comme un reporter parachuté pour quelques heures dans une tribu africaine. La foule se fait dense. Sur une scéne recouverte d’une toile jaune, récital de musique ancienne: cromorne, musette, cornet, pipeau, tambourin et je nesais quoi. J’aime ces grandes capes en velours vert que Récit d’un tour du monde Féte foraine a Heidelberg portent les musiciens, enveloppant de majesté. Je ~ remets ensuite a_ circuler librement. Que les enfants sont smignons! Un vielleur tourne sa manivelle nonchalamment.Plus loin, un beau «violeur», cette fois, fait vibrer sa viole d’amour sous les regards langoureux de jeunes filles attendries. Je multiplie les «clic!». Une jouvencelle confectionne un chapeau de feutre gris ala mode d’autrefois: eau savonneuse dans seau de bois, planche a laver sur table grossiére, foulage de la laine a ta main... J’observe un jeune homme tailler une inscription dans la pierre, le morceau bien fixé dans une vieille boite; il frappe sur le ciseau a l'aide d’un cylindre en bois. Un autre, pourpoint rose a manches beiges, sculpte de petites rondelles de bois. Ici, un moustachu fabrique un hamac devant un assortiment de toutes teintes; la, un barbu entrelace des brins d’osier prés d’un amoncellement de paniers de toutes formes. La liste des «attractions» s’allonge. Un pére et son fiston, en long tablier de cuir, transpirent autour d’un feu de forge, tandis qu’une mére - au collet de fourrure franchement. ridicule - et safille, toutes deux rougeaudes et plantureuses, débitent des conseils (sans doute) derriére une table remplie de racines et d’herbes médicinales. Je me plais a écouter un ménestrel qui exécute avec une parfaite... courtoisie ce que je crois étre une chanson de geste teutoni- que, puis, a n’en pas douter, une ballade exaltant subtile- ment l’amour. Au fond d'un petit atelier, on dirait Quasimodo penché, le dos rond, au-dessus de quelque breloque, sa laideur faisant ressortir l’air «damoi- seau» de son compagnon, debout derriére un échantillon- nage 6étincelant de_ bijoux originaux. Mon oeil est sans cesse attiré par de nouveaux détails, mais il est temps que je m’asseye. Je choisis les marches d’une fontaine ot coule, au pied d’une Vierge et | Enfant, un filet d’eau fraiche. Je comble ensuite ma faim de loup avec de simples... chien- nes chaudes. Que dire de la grande bouffe qui s’offre 4 ma vue? Je ne note dans mon journal que la «virtuosité» avec laquelle on étale la pate a crépe, et cette cinquantaine de steaks 6pais grillant tous a la fois sur un immense plateau circulaire suspendu au-dessus d’un feu bien nourri. Je ne verrai sdrement rien de semblable au Bengladesh. ; Et la chasse aux images recommemce. Une roue «d’in- fortune» veillée par un «geolier» tout de noir vétu (on ne lui voit que les mains et les yeux) condamne souvent |’amateur a de longues minutes de pseudo- supplice, téte et mains prison- niéres dans une plaque de bois. Pour. recouvrer sa_ liberté, celui-ci’ doit attendre qu’un autre joueur fasse arréter la fléche atel endroit précis. Cene sont que plaisanteries aux sons gutturaux, éclats de rire et prises de photos. J’en prends une moi-méme avec, en premier plan, une grosse hache grise horriblement plantée dans une bdche de décapitation. Une Allemande aux allures de gitane, vendeuse de bibelots en forme de champignons, mord a belles dents dans un morceau de pizza. Clic! Elle me dévisage, rieuse. Fabrication de potiches en terre cuite. Soufflage du verre. Découpage et assembla- ge de menus objets utilitaires en bois. Les artisans portent tous des costumes médiévaux, bien entendu. Je croise un personnage mystérieux vétu, lui aussi, comme au Moyen Age. Figure ascétiqueé, longue barbe brune, baton noueux ala main, ce Juif errant semble pénétré d'une profonde sagesse. Et le bal continue. Jouez, hautbois, résonnez, musettes! Un jeune accordéoniste, grelots aux pieds, étire son instrument avec entrain sous le regard amusé d’un- angelot aux cheveux ébouriffés. Un beau couple en costume national accepte volontiers que je les photographie; il me rappelle le baron et labaronne Van Trap de «La mélodie du bonheur. Quatre longues rangées de gros sacs d’épices en jute dégagent une symphonie d’odeurs. Un spécialiste de la calligraphie, costumé a la Goethe, démontre son savoir faire, plume d’oie ala main, le regard érudit. Un fileur a son rouet, chapeau de feutre enfoncé, joue de la pédale prés d’une grosse boite de laine emmélée. J’apercois, dans un méme coup droeil, trois motards aux biceps tatoués bien apparents, pouces dans les poches ou a la ceinture, la physionomie peu angélique (ils se sont sGrement trompés de «party»), et des jeunes gens portant avec fierté les tradition- nelles culottes de _ peau, élégamment fleuries. J’y pense: il me faut prendre le temps de bien visiter le grand chateau sur le flanc de la montagne et, si possible, quelques curiosités dans le vieux Heidelberg. Je quittedonc cette féte foraine en pleine exubérance pour monter vers le prestigieux monument de pierre et remonter une fois de plus le cours de I’histoire. Mieux vaut prévenir que guérir: mettez de la santé dans votre assiette La Société canadienne du cancer vous rappelle qu'une alimentation équilibrée, variée et modérée peut réduire les? risques de cancer. idées rafraichissantes. Quand Elmer MacDonald lan¢a sa créme glacée et son yogourt sur le marché, son entreprise laitiére, la Health Pasturized Milk, connut une forte croissance. Mais ce n’était une surprise pour personne. En effet, M. MacDonald avait eu la sagesse, avant de lancer ses nouveaux produits, de commander une étude de marché au service de consultation CASE de la Banque fédérale de développement. Et les résultats de l’étude étaient concluants: son marché était mir pour une vague de froid... En plus d’assurer des services de consultation, la Banque fédérale de développement vient en aide aux entreprises prometteuses en leur accordant le financement nécessaire 4 la concrétisation de leurs projets. Nos services de préts, de capital de risque, d’information, de planification et de formation offerts aux PME dans votre localité viennent s’ajouter a ceux du secteur privé. Pour plus de renseignements, communiquez avec le personnel de la succursale la plus prés de chez vous ou téléphonez sans frais au 1 800 361-2126. Banque fédérale Federal Business de développement Development Bank Canada