LA BATAILLE

La scene se fixe a New York,
dans le gratte-ciel des Nations
unies.

Elle est étrange et grandiose.

Coupés du monde, presque com-
plétement privés de la lumiére du
jour (ils siégent au premier sous-
sol), les délégués d’une centaine de
pays s’installent dans la piéce ré-
servée 4 la commission budgétaire.

I] régne une atmosphére insolite
de combat singulier.

On entame la discussion des cré-
dits nécessaires au secrétariat de
1’O.N.U., lorsque la France et tren-
te-cing autres pays demandent que
le francais soit utilisé, a égalité
avec l’anglais, non seulement en
séance publique, c’est déja le cas,
mais dans les travaux intérieurs,
en particulier pour la rédaction
des documents politiques,. économi-
ques, culturels, techniques et admi-
nistratifs. Proposition explosive
méme le secrétaire général, le Bir-
man U Thant, qui représente pour-
tant un Etat neutraliste, accepte
le monopole de fait de l’anglais et
n’utilise que cette langue. Propo-
sition révolutionnaire : si elle est
acceptée, ’O.N.U. devra engager a
tous les échelons des fonctionnai-
res bilingues capables de réciter
Ronsard sur les bords de Il’East
River. ;

Le vote sé déroule dans un si-
lence total. Chacun mesure len-
jeu : la planéte se partagera de-
main en quatre ou cing grandes
civilisations fondées sur une unité
de langue et c’est la premiére
d’une longue série de batailles qui
se livre.

pAciaws survient l’événement : la
proposition est adoptée a la majo-
rité écrasante de 73 voix contre 9,
dont les Etats-Unis, et 26 absten-
tions, dont celle de la Grande-
Bretagne.

Stupeur chez les Anglo- -Saxons.
Stupeur chez ceux qui comme eux
ont dit non, Australie, Nouvelle-
Zélande, Malte, Danemark, Suéde,
Norvége, Finlande, Pays-Bas, ou
se sont abstenus, notamment Inde,
Japon, Malaisie, Thailande, Birma-
nie, Ethiopie, Autriche, Italie.

Dans le camp des vainqueurs,
72 visages se tournent vers le dé-
légué de la France. Les plus émus
sont ceux des représentants de
PAfrique francophone 14 pays
pour lesquels le francais constitue
un facteur d’unité au milieu des
dialectes de tant de tribus rivales ;
14 pays reconnaissants d’avoir été
conduits sans révolte ni guerre a
Vindépendance et au progrés (Cé6-
te-d’Ivoire, Cameroun, Congo Braz-
zaville, Dahomey, Gabon, Haute-
Volta, Madagascar, Mali, Tchad,
Togo). Le Tunisien, le Cambodgien,
le Marocain, le Roumain, le Mexi-
cain, VArgentin, tous ceux qui
ayant leur propre langue ont ce-
pendant voté pour la ‘France par
hommage a sa culture, laissent
éclater leur joie.

Le lendemain, le gouvernement
d’Ottawa décide d’introduire le bi-
linguisme sur toute l’étendue du
Canada.

Avinst coup sur coup, deux vic-
toires et les plus émouvantes qui
soient car elles ne doivent rien 4
la force des armes. Elles viennent
soutenir 4 point la renaissance de
la langue francaise qui est la pre-
miére langue enseignée aux Etats-
Unis depuis 1961. Dans la plupart
des pays latino-américains, ou l’en-
seignement de l’anglais est obliga-
toire, 90 % des éléves chiliens choi-
sissent le francais comme deuxié-
me langue. Le frangais est la pre-
miére langue étrangére étudiée en
’ Angleterre, en Espagne, au Por-
tugal et en Italie —_le francais est.
deuxieme langue en Roumanie, en

DU FRANCAIS

Bulgarie et en Pologne aprés le
russe. On estime qu’a ce jour qua-
tre-vingt-dix millions d’étres hu-
mains sont francophenes. Le fran-
cais reste une sorie de seconde
langue officielle, aprés arabe, en
Tunisie, en Algérie et au Maroc.
L’ Association des universités, créée
sur une initiative canadienne en
1960, avec comme secrétaire géné-
ral Jean-Mare Léger, joue puis-
samment un réle de pool. des infor-
mations et échanges universitaires :

des pays aussi divers que Haiti, le
Sud-Vietnam, le Liban et le Maroc
y ont des représentants actifs.

En 1946, Vassemblée générale
des Nations unies n’avait accepté
le francais comme langue de tra-
vail qu’a une voix de majorité. La
France semblait affaiblie pour
longtemps ; son rayonnement po-
litique et intellectuel en souffrait.
Pourtant lorsque Marco Polo com-
menca en 1296 le récit de son
voyage en Chine, il Vécrivit en
francais. C’était un _ témoignage
rendu a une suprématie qui devait
se maintenir pendant plus de six
siécles puisque c’est dans notre
langue que Guillaume II corres-
pondait avec le pape Léon XIII.

Le redressement national et sur-
tout la décolonisation ont effacé le
mauvais souvenir de 1946. Devenus
indépendants, les peuples d’Afri-
que du Nord et d’Indochine ont
proclamé devant toutes les instan-
ces internationales leur attache-
ment a une culture qu ils aimaient
d@autant plus qu’aprés leur avoir
enseigné la liberté elle les avait
aidés a Vobtenir. Dix-neuf Etats
africains stipulent, soit dans leur
constitution (pour la plupart),
soit par accords spéciaux, qu ils
choisissent le frangais - comme
langue officielle. Pour entretenir
avec eux des relations diploma-
tiques, commerciales et culturelles,
les étrangers. ont di intensifier
chez eux l’enseignement du fran-
cais : en neuf ans, la proportion
des étudiants en francais s’est ac-

crue de 136 % aux Etats-Unis. .

L’U.R.S.S. compte aujourd’hui
4000 professeurs soviétiques de
francais pour le seul enseignement
supérieur, le Danemark consacre
a Venseignement de notre langue
1200 de ses maitres, la Hollande
3000, l’Angleterre plus de 100000.
Au total, 94 pays ont rendu 1’étude
du francais- obligatoire.

L. président tunisien Bourguiba
et le président sénégalais Senghor
voudraient couler le monde d’ex-
pression francaise dans des institu-
tions qui en feraient au terme du
processus un ensemble politique.
Mais la France, exception faite de
Vaffaire québecoise, aborde ce pro-
bléme avec prudence, pour he pas
étre taxée de néo-impérialisme. Il
nest pas nécessaire d’enfermer
dans des textes de si prodigieux
mouvements du coeur qui font que
nous retrouvons comme libres par-

tenaires les peuples dont
nous avons fécondé la
terre et l’esprit.

Courtoisie de PARIS MATCH

DES ELECTIONS DANS VANCOU-
VER-SUD.

Vancouver-Sud. - Le 21 mai

prochain aura lieu une e-
lection complementaire
dans Vancouver-Sud afin d'
élire un membre du Parle=
ment provincial. Si tous
les partis présentent un
candidat les citoyens de

cette ville auront 5 choix.

Ps egw avn vs

LEGION ETRANGERE

Vancouver - Les anciens de la Légion Etran-
gere se rencontreront pour la premiere . fois,
a l'occasion d'un diner,le 27 Avril, a ll hrs
A.M.,au Eldorado Motor Hotel, 2330 Kingsway,
cette rencontre ,organisé par M Emile Belog-
grad,qui, lui- meme servit cing ans dans la
Legion Etrangere principalement en Indo-Chi
ne,a pour but de fonder une Association qui
grouperait tous ceux qui servirent dans cet
te armee legendaire

L''ASSOCIATION DES HUISSIERS
Vancouver - L'Association des Huissiers de
.de la Colombie Britannique (B.C. Bailiffs
Association) a tenue sa reunion annuelle a
1'Hotel Astor, a Burnaby. Des délégues repre
sentant la plupart des Compagnies de la C.B.
ont reélu 1'exécutif sortant,président,M.C.
Wellbourne, vice- président M.C Christianson
secréetaire-trésorier M.John McLeod.

PROMOTION
Québec - Le Colonel Pierre Charbonneau a
ete promu au grade de Brigadier - Général
et nomme Principal de la Milice aupres du
Quartier-General de la region du Quebec
et 1'Adjoint au Chef des Réserves: a Ottawa.

HOCKEY .
Montréal- Pour faire suite a son commentai-
re de la semaine derniere, Maurice Richard
a précise qu'il ne demande pas a la direct-
ion d' enlever le poste a Lemaire pour le
céder a son frere Henri. Tout ce que le
Rocket veut,c'est que son frere joue regul-
ierement,soi a l'aile gauche ou a droite.
Ti pretend qu'Henri peut tres bien se défe-
ndre a l'un ou l'autre de ces deux postes.
Maurice tient a souligner qu'il a beaucoup
d'admiration pour Lemaire,qu'il qualifie
‘de trouvaille de 1'annee.

LE VIETMAN

"Les Etats-Unis obtiendront la paix par la
force et l'importance de leurs negotiations
non par la puissance de leurs bombardements.
-L'usage des bombes est une grave erreur de
peychotogte. Le Canada ne pourrait contri-
-buer a’l'arrét des hostilités simplement en
suspendant l'envoi des armes aux Etats-Unis.
Une telle mesure serait de 1'enfantillage."'

(Pierre Elliot Trudeau)

LA CHINE
Le Canada devrait avoir des relations
diplomatiques normales avec la Chine conti-
nental sans rompre ses SS Eas avec la
Chine de Formose.'
(Pierre Elliot Trudeau)

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Québec - Journaliste,essayiste,dramatu
rge,romancier,penseur politique,co-pre
sident de la Commission du Bilinguisme
et du biculturalisme,Andre Laurendeau,
vient d'étre élu membre de 1'Academie
Canadienne-Francaise,il occupera le
siege du regretté Chanoine Lionel Groulx

VST Ve ees Hr aes av ae eee Sete EVE TAA KH TE Tw eH we

VERS SS OAS eee eee PSD OATES eT KS ogee sins

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