—- Arts et Spectacles 13 Chronique du livre La Coree enfin disponible en francais Depuis la guerre de 1950- 53, la Corée est un pays divisé. Pour les écrivains coréens, nul besoin d’aller chercher ailleurs V’inspiration: la di- vision est le théme sous-jacent a toute emtreprise d’écri- ture. La littéra- ture coréenne n’est accessible au lecteur franco- phone que depuis peu. A vrai dire, les premiers récits d’écrivains con- temporains sont apparus en tra- duction l’année derniére (si 1’on excepte deux recueils de nouvel- les publiés en 1981)! Les éditions Actes Sud ont donc décidé de combler cette lacune et de créer une collection «Lettres coréen- nes» dirigée par les traducteurs Ch’oe Yun et Patrick Maurus. Saluons cette initiative qui nous permet de découvrir la prose envoutante des plus grands au- teurs du pays du matin calme. Siladivision et ses dérivés (larecherche d’une identité, d’un passé; la dictature politique, mili- taire...) est un theme commun aux auteurs sud-coréens, ces derniers partagent aussi une tendance vers le récit court, souvent de moins de cent pages. Cette briéveté per- met au profane d’entrer immé- diatement dans l’univers de 1’écri- vain. Ainsi, dans L’ autre cété d un souvenir obscur, Yi Kyunyong offre le spectacle trés réel d’un homme que l’histoire a figé dans samémoire. Au lendemain d’une beuverie, cet homme s’éveille dans un hotel minable aux cétés d’une femme dont il ignore tout. La disparition de sa serviette conte- nant des papiers importants l’oblige a tenter de remettre en place les événements de la nuit. On assiste a une quéte qui aménera notre héros beaucoup plus loin qu’il ne l’avait imaginé. Il en résulte un jeu d’ombre et de lumiére que ]’onretrouve aussi dans L’ ile d’Io de Yi Ch’ongjun. De plus, le rythme magique du récit, teinté d’un érotisme envoitant, souli- — gne l’absence de limite claire entre présent et passé, légende et réali- tc: Des paraboles impitoyables Le chef de file (et le plus lu) des écrivains sud-coréens est sans doute Yi Munyol. Quatre titres ont déja été traduits de cet auteur dont le prénom de nais- sance signifie «passion de la litté- rature». Révélé au public coréen en 1978 avec Chant sous une for- teresse, Yi Munyol est un person- nage étonnant. Autodidacte dans un pays ot le dipl6me est roi, il ne dit pas avoir de patrie: «Nous vivons dans une moitié de pays, je ne peux pas l’admettre, je vis dans un pays qui n’ existe pas» (*). Fa- rouchement anti-militariste, ses brefs romans sont autant de parabo- les dénongant avec une impitoyable simplicité les vices de la tyrannie poli- tique et militaire (Notre héros défi- guré). Son cété poétique, voire spi- ~ YTituel, transparait dans un récit de voyage, L’hiver cette année-la et dans L’oiseau aux ailes a’ or ot 1’ Orient et 1’Oc- cident avouent leur fascination réciproque. En découvrant sa littéra- ture, il nous est maintenant possi- ble de mieux saisir une parcelle . de l’4me du peuple coréen. Au- dela du miracle économique (un autre?), la réunification des deux Corées semble étre au coeur de l’imaginaire des jeunes Coréens. Ce peuple attachant, surnommé «les latins d’ Asie», réve en secret de voir son pays a la fois indépen- dant et entier, ce qui ne s’est jamais produit depuis prés d’un siécle. Marc Fournier Libraire (*) Libération, jeudi 24 octobre 1991. La saison des prix Novembre rime avec pluie, mais marque aussi le début de la saison des prix littéraires. Les deux plus prestigieux, le Goncourt et le Renaudot, ont ouvert le ban. Le Goncourt 91. PIERRE COMBESCOT, LES FILLES DU CALVAIRE (Grasset) "Grandeur et décadence de Madame Maude, tenancitre du Café des trapézistes, face au Cirque d'Hiver. Opéra populiste et livre d'ima- ges". Unroman épatant qui démarre a la verticale: précis, drdle, entre flicaille pourrie et artistes de la piste ou du plumard. Le prix Goncourt a été crée en 1903 suivant le testament de Edmond de Goncourt, Atrribué par des écrivains a un roman-récompense, en principe, un jeune auteur. Prix: 50 francs. Le Renaudot 91 DAN FRANK, LA SEPARATION (Seuil) "Un couple de parisiens parmi tant d'autres. La femme aime ailleurs. Le ménage se fissure. Comme un macon, le mari pose des témoins sur les fissures Et puis, tous les témoins se brisent... En parlant si bien du temps qui court, qui use, Dan Frank parle pour tout le monde”. Le prix Renaudot a été crée en 1926 par Gaston Picard. Attribué par des journalistes a un roman, selon le critére du talent, voire de Voriginalité. Prix: un déjeuner. presents JOELLE RABU Web. Nov. 27 © 7:00PM $35” Dinner & Show Gliding effortlessly between waltzes, high-stepping cabaret numbers and haunting torch songs, Rabu takes her audience on an eclectic musical trek which also embraces elements of pop and rock - - Vancouver Sun CAFE DJANGO CAFE DJANGO ON ENGLISH BAY Thurs.-Sun.-Nov. 21-24 PAT COLEMAN & OLIVER GANNON Mon. Nov. 25 JIM BYRNES & JOE CHAPPEL Thurs. - Sun. Nov. 28-Dec. 1 MILES BLACK TRIO 1184 Denman St. © (at Davie) Reservations 689-1184 Ample Parking At Denman Place Mall (1 block north) | SUGGESTIONS | Vers LE SUD DE JOHANNE JARRY Récits et conversations ryth- ment la succession des scénes qui composent ce premier roman ov ’héroine n’a qu’une ambition: vi- vre. Confrontée a elle-méme, a sans cesse ses limites, Susie fait son chemin avec cequ’ellea: des livres, un homme et la vie. (Editions du remue-ménage. 15,95$). LE NEVEU CHRONIQUE bE JEAN-Pierre OsTENDE Comme dans son précédent roman, Le mur aux tessons, |’intro- duction d’un élément étranger vient rompre |’équilibre d’un univers confiné et le conduire a |’implo- sion. I] s’agit en l’occurence d’un dératiseur appelé pour venir a bout de rongeurs établis dans le sous-sol d’une villa tranquille habitée par un employé d’assurances et ses deux tantes. (L’Arpenteur. 21,95 $). Lamour DU PAUVRE DE JEAN LAROSE Cet ouvrage rassemble une douzaine d’essais ayant pour objet - Ou pour prétexte - des écrits, des films, des idées regues ou méme des théories scientifiques. II y est aussi amplement question du Qué- bec, de sa «culture», de ses rapports avec la France, de sa vulnérabilité particulitre. Par l’originalité des apercus qu’ il offre, par l’actualité et A la page Voici quelques unes des derniéres parutions disponibles chez Manhattan Books l'amour et au monde qui impose - l’ampleur de son propos, L’ amour du pauvre est |’oeuvre d’un essayiste de premiére force. (Boréal. 22,50 $) LE MEDIANOCHE AMOUREUX DE MicHeL TourNiER Sur le thtme du banquet, l’auteur nous présente des couples en vingt souvenirs/légendes qui décideront de |’issue sentimentale desinvités d’honneur.(Folio9,50$). Crueite ZELANDE pE Jacaues SERGUINE Chaud et humide. Le temps sur la Nouvelle-Zélande n’est point trop cruel. Sa douceur irrésistible fait méme naftre de suaves moi- teurs. Les glissements progressifs vers le plaisir d’une jeune Anglaise bien élevée en sont ici la preuve ir- réfutable! Notre jeune Britannique tombe aux mains des Maoris, gens frustres, mais ignorant toute frus- tration sexuelle.Presses Pocket. 6,50$. Essais SUR L INDIVIDUALISME pe Lous Dumont L’idéologie moderne se caractérise par la subordination de la totalité sociale a l’individu en tant qu’étre moral, indépendant et autonome. Cette idéologie distin- gue les sociétés occidentales des autres, qui, au contraire, valorisent la totalité sociale et lui subordon- nent individu. Mais pourquoi et comment sommes-nous devenus si différents des autres?(Points Essais. 12,95 $). De I'auteur de Jean de Florette ef Manon des Sources "MAGNIFIQUE! ..UN CADEAU POUR LES CINEPHILES" ; Richard Corliss, TIME MAGAZINE "SANS CONTREDIT GENIAL _ AVEC ENTHOUSIASME" <4 -SISKEL & EBERT 99 (HIGHEST RATING) — Jami Bernard,NEW YORK POST Sd 3440 CAMBIE. 876-2747 1915 et 21h30 PARK Explorations dans les Arts Explorations offre des subventions de projet pour soutenir des démarches artistiques innovatrices et assurer le dé- veloppement et le renouveau dans les arts. Les subventions sont destinées a la création de nouvelles oeuvres dans toutes les disciplines artistiques issues de quelque tradition culturelle que ce soit. Elles peuvent servir aux diverses tapes d‘un projet : recherche, développe- ment, création, production et(ou) pré- sentation. Sontadmissibles es artistes de la re- léve, les nouveaux organismes artisti- ques et les artistes établis qui changent de discipline. Marche 4 suivre : Au moins un mois avant la date limite du concours, sou- mettre une bréve description du projet et un curriculum vitae de la personne responsable. Les organismes doivent aussi joindre un resumé de leurs activi- tés passées. Des formulaires de de- mande seront envoyés aux candidats potentiels. Dates limites : 15 septembre r Evaluation: Par desjurys multidiscipli- naires regionaux composés d’artistes professionnels. Les résultats sont annon- cés environ quatre mois apres la date limite. Renseignements : Programme Expio- rations, Conseil des Arts du Canada, C.P. 1047, Ottawa (Ontario) KIP 5V8. Télécopieur : (613) 598-4408. 15 janvier, 15 mai et Conseil des Arts du Canada The Canada Council Le Soleil de Colombie Vendredi 15 novembre 1991