Les enfargés du temps Recueil de poémes de Chantal Motard, publié a titre posthume. Montréalaise de naissance, elle viendra étudier et vivre dans |'Ou- taouais jusqu'a son décés tragique et prématuré. La mort l'avait em- portée alors qu'elle était encore dans sa jeune trentaine, pleine de promesse et d'espoir. «Témoins du destin d'une femme aux prises avec la vie, l'amour et la mort, dira son éditeur, les poeémes de Chantal Motard, ici rassem- blés, manifestent une étonnante invention verbale et une cons- cience aigué de la dynamique des mots.» Le portait brossé dans le premier poéme du recueil semble s'appli- quer étrangement a l'auteure et évoquer son propre destin tragique: Assis sur un banc du parc un enfant I'air infiniment vieux tente sans jamais réussir de ficher d'un seul coup sur sa tige la boule d'un bilboquet et le temps se rit de lui (11). Sa poésie n'est autre chose qu'un cri d'espoir sans lendemain. « Le lecteur du présent recueil, dira le temoignage de Yves Thivierge dans son avant-propos, découvrira un monde intérieur riche, com- plexe, polyvalent » (7). Les poémes de Chantal Motard expriment le désarroi total et se font la voix ultime du cauchemar qu'est devenue la vie pour elle. Une vie qui se meurt et dont l'agonie perdure comme en témoigne la stro- phe suivante: Trop de fant6mes s'élevent et saignent a blanc la vie trop d'images se bousculent et noircissent mon regard trop de mots gisent crévent sur le bord de mes lévres (40). Sa poésie est d'une densité rare. D’une quintessence et une con- centration peu commune qui dégagent une foule d'émotions. De ses 12