NR ne eS ee Ee aE i he a a a oe ere See re caesar. eS Proposition de refonte de la F.F.C. Le Pour un Conseil de la Francophonie Colombienne Roméo Paquette Suite C'est donc l’effet cumulatit de deux formes d’aliénation qui créa le phenoméne d’ur- banisation. D’une part, |’'in- vasion des foyers par la télévision d’inspiration amé- ricaine et commerciale dé- truisait l’esprit de famille et le sens de la communauté traditionnelle, et réduisait les groupes issus de cultures et de langues autres que celles dont la télévision fai- sait la promotion: la culture anglo-américaine et la langue anglaise. D’autre part, tout le sens global de la commu- nauté qu’avait véhiculé |’E- glise jusque la, ne correspon- dait plus avec le genre de brouillage qui émanait du message télévisé. La nouvelle vocation que se découvrait l'église, a partir de la décennie des années 1960-70, celle de se limiter aux choses de |’Ame, pouvait €tre justifiable dans. d'autres contextes. Chez nous, ce fut la eréation du vide institutionnel pour les Francophones, et un défi lancé a la Fédération morce- lée que cette derniére n’a pas été capable de relever. La raison pour laquelle elle n’a pas été capable de le relever, cest quelle a tenté de récupérer autant que possi- ble les piéces détachées, et elle a perdu un temps pré- cieux a se faire accepter, alors qu'il fallait reprendre la question face aux nouvelles ‘réalités. Nouv avons voulu _ préserver I’énorme actif pa: roissial que nous avions créé, _mais nous aurions dfi nous _ “rendre compte, immédiate. — ment, que tout cet actif était la propriété fonciére d’une corporation dont les seuls actionnaires légaux sont l’ar- chevéque de Vancouver et l’évéque de Victoria. Aucours des deux dernié- res décennies, la Fédération a charché a se donner la mission de compter dans son sein tous les éléments franco- _ phones de la Colombie Bri- tannique. Pour y arriver, elle a tenté d’établir des structures de représentation qui pouvaient justifier sa présomption. Par exemple, en recrutant un organisme, une association, une institu- tion, et en lui donnant le titre de membre, elle pouvait prétendre représenter tous les membres. de ces divers corps. D’autre part, en créant une formule d’adhé- sion individuelle, elle pouvait recruter des personnes iso- ° - Iées. En recourant a la formule du Plan de Sécurité Familiale, elle pouvait assu- rer une certaine continuité et donner un service concret. Cette derniére formule con- duisit 4 l’option “Membres Collectifs”, sorte de gymnas- tique qui pouvait recréer lancienne formule des cer- cles"s=" sé. Durant ce temps, cette méme Fédération tentait de faire le travail qui lui reve- nait; c’est-a-dire représenter la Francophonie colombienne aux divers-paliers gouverne- mentaux et sociaux; prépa- rer et présenter mémoires et autres interventions auprés _des commissions ou autres agences poursuivant des en- quétes ou ayant des mandats _ susceptibles de résoudre cer- taines des injustices ou pro- blémes infligés a la collecti- vité culturelle francophone; négocier des ententes en matiéres publiques diverses afin que la communauté francophone puisse y trouver la place qui lui revient de droit; participer au dialogue, aux études et aux consulta- tions qui se poursuivent au niveau national et interpro- vincial, de méme qu’entre les organismes francophones; organiser rencontres, collo- ques, réunions administrati- ves, assemblées statuaires, etc.. entre et parmi les organismes et individus fran- cophones de cette province; mettre sur pied des pro- grammes et des_ services d’animation, de coordination, d’éducation, etc.., la od le besoin ou la demande existe, . dans un but de promotion de la communauté culturelle francophone; appuyer et se- conder tout effort apte a relever le niveau social, cul- turel et économique de la francophonie colombienne. ~ Tlest évident, maintenant, avec la sagesse du recul, qu’il s'agissait 14 d’une course “aprés deux liévres a la fois”. Nous courons encore et nous n’avons pas encore réussi a en attraper un. LE VICE STRUCTUREL Une société incorporée en vertu de la “Loi des Sociétés” en Colombie Britannique, comme ailleurs, ne peut prétendre parler qu’au nom de ses membres, et n’a de compte a rendre qu’a ceux-ci. . La Fédération, elle, a voulu se donner un réle de substi- tution de l’encadrement poli- tique qui nous manque, en tant que citoyens dont la particularité est reconnue officiellement au palier na- tional. : D’une part, la Fédération n’a réussi 4 recruter qu’un nombre infime de membres que l’on pourrait qualifier authentiquement du mot “actifs”. Depuis la mort des “clubs” ou “cercles”, qui se cétisaient au per capita pour la Fédération Canadienne- francaise de la Colombie / Britannique, la F.F.C. ne — peut pas prétendre 4 une adhésion franche d’aucun des groupes qu'elle dit représen- ter. Les sociétaires d’une caisse populaire, par exem- ple, ne posent aucun geste ni ne sont consultés pour savoir siils désirent ou croient qu'il serait opportun ou naturel qu'une txe d’entrée leur soit- percue pour l’adhésion collec- tivealaF.F.C. La Cotisation de cette claisse populaire est payée ala F.F.C., non pas au pro-rata des sociétaires, mais de la méme fagon que !’on procéde pour payer un abon- nement a une société bienfai- trice quelconque. En prati- que, ce quia été acheté, c’est un droit d’envoyer un repré- sentant a l’assemblée annu- elle de la F.F.C. La méme chose se répéte s'il s’agit de Yadhésion d’un club d’age -d’or, de |’Association des Scouts et Guides, duSoleil de Colombie, d’une paroisse, ou des organismes dits régio- naux qui réclament ce qu’ils appellent avec euphémisme, la “décentralisation de la _ Fédération”. Ce qu’il faut reconnaitre, immédiatement, c’est que tous ces participants et inter- venants, a qui l’on fait appel pour meubler les réunions officielles de la Fédération, n’ont pas, comme intérét premier, le bien de la Fédé- ration. Ils sont d’abord préoccupés par des situa- tions locales et viennetn, généralement, pour solliciter des avantages pour leur type particuler d’activités. preuve de cet énoncé- peut se La, faire 4 longueur d’année 4 partir du type de commen- taires et de requétes qui sont adressés 4 la Fédération depuis des années et des attitudes des régions et des particuliers par rapport a la méme Fédération et au sujet de ses principaux anima- teurs. La question souvent entendue est la suivante: “Que fait la Fédération pour NOUS... pour notre région... pour mon groupe...? ou encore, la “Fédération c’est loin de nous...c’est Vancou- ver!” Il y a quelques années, lorsque le secrétariat géné- ral était 4 Maillardville, la Fédération, c’était “Maillard- ville”. Aujourd’hui, j’en- tends des gens de Maillard- ville dire: “La Fédération c'est 4 Vancouver”. Autrement dit, la Fédéra- tion voudrait étre l’associa- tion de tous les Franco- phones de la Colombie Bri- tannique, et elle ne |’est pas, et ne le sera jamais, 4 moins de devenir une sorte d’antité politique a4 laquelle les ci- toyens francophones _ se- raient obligés de payer un impot. Comme, par exemple, une commission scolaire, qui réclame sa part de la taxe fonciére et fait élire ses membres par les contribu- ables. Cette solution n’est pas pour nous. D’autre part, la Fédéra- tion ne peut pas continuer 4 aceréditer toutes ces per- sonnes qui arrivent, chaque année, aux congrés, et qui influencent les décisions sans s'étre, tout d’abord, engagés et avoir pris une certaine expérience dans le milieu. Nous faisons face 4 l’inven- tion de la roue chaque année. Depuis ving ans, au moins, de nouvelles figures proposent aux assemblées générales, salles de réunions, centres culturels, spectacles et un meilleur accueil aux arri- vants...alors que, depuis longtemps, il aurait fallu dépasser le niveau du folklo- re et de la nostalgie de ce qui a été laissé derriére, et passer a des réalisations concrétes. POUR UN CONSEIL DE LA FRANCOPHONIE CO— LOMBIENNE Tlest évident qu’iln’y a pas une volonté fondamentale, de la part de la population francophone, en général, ni des groupes organisés, de chercher des solutions d’é- chelle collective 4 l’absence de bases communautaires. Cet objectif, reconnu et par- tagé par un nombre restreint de personnes sensibilisées, nest jamais sérieusement discuté par les assemblées générales, ni méme par les membres du conseil général ou du comité exécutif. Les ordres du jour sont saturés de préoccupations générales qui prennent tout le temps des réunions. Ce qui se produit, en effet, c’est que les priorités et les projets d’inté- rét particulier sont avanta- gés, et il ne reste plus de temps -pour passer a des dossiers qui devraient rele- CONTES | FRANCO-FAUNES nneffistoire de la F.F.F. Résumé des panes précédents : Grande querelle sous la tente directorale de la FFF, Fédération des Franco-Faunes. Au nom des décurions révoltés, Salomé veut demissionner le grand centurion Jean Baptiste dit" R.I.0.U. (Restons Impassibles, Organisées, Utiles.) Chapitre 2: “Salomé veut la téte de jean-Baptiste”, s‘écrie le Prince Bouton d’Or, grand satrape de la FFF M. MONNE et cuisinier és langues, “Ca jamais”. Et les cing membres de son conseil privé répétent en choeur “Jamais, jamais, jamais, jamais, jamais, appelons-en au grand sanhedrin.” Aussitét les messagers des télécommunications montent sur les collines allumer les feux de Bengalle et faire avec leurs burnous les signaux réglementaires. Sans plus attendre les sages du grand sanhedrin sellent leurs chameaux et prennent les sentiers qui ménent a Temps-Couvert. Quand tous sont accroupis sous la grande toile, les trompettes sonnent, les cymbales s’emballent, les tambours sont battus et la bagarre commence. En.ce temps-la existait au grand sanhedrin un aga de grande tente dénommé “C”. Un aga est quelqu’un de bonne famille qui a bien servi son roi ou son gouverneur dans les cavernes gouvernementales d’héte-a-bois, creusées a l’est ou Levant a plusieurs lunes de marche dans le désert neigeux. Done dés l’ouverture l’Aga “C” se léve, rameute les janissaires qu'il avait infiltrés au premier rang et tous s’écrient: “Nous voulons la téte de Jean-Baptiste”. “Nous préférons démissionner” s’écrient le Prince _ Bouton d’Or, diplémé es-paroles, et ses cing conseillers, et, comme les cing doigts d ela main, prennent leur plume de merle ou de pigeon et démissionnent en paquet. Sitdt les Dapyrus déposés sur les tables de la ~ Loi et satrape avait préparée pour l’attraper l’aga satrape. arcequ'il n’avait pas lu Machiavel, le grand Routan d’Or tombe dans une trappe que lui “C”, aspirant Sans plus attendre, |’Aga “C” se fait hisser sur le pavois par la garde consulaire est programmé: grand satrape de la FFF, Fédération des Franco-Fauves. Puis il mande son eunuque préféré qui, d’un coup de cimeterre, d’un seul, décolle au ras du col et démissionne Jean-Baptiste, dit RIOU. impassibles aux outrages). (Restons — Au moment ot Salomé se voit présenter sur un | plateau en fibre de verre, la téte de Jean-Baptiste, il se fait un grand bruit dans le ciel, les murs de la tente se déchirent et le C.C.C.C. (Comité Central de Culture des Concombres) tombe en banqueroute. Les Franco-Fauves vont-ils dévyorer les placides Franco-Faunes. Un chef va-t-il se lever, déterrer la hache de guerre pour recoller les morceaux brisés du calumet de la paix. Pour le savoir lisez la. semaine prochaine: Résistance a Aga “C” - A suivre aes a ey ver d'un organisme tel que l'association provinciale. Or-. ganisme qui ne devrait pas avoir 4 régler des questions ~ de tournées artitistiques, re- venir constamment sur les problémes de conflits régi- onaux et chercher 4 compo- ser avec des participants qui ne sont intéressés a la Fédération que pour ce qu’ils peuvent en tirer dans le cadre de leurs propres prio- rités. Il faut donc liquider cette Fédération et la remplacer par un organisme, non pas représentatif d'une soi-disan- te communauté franco- colombienne (car telle com- munauté n’existe pas organi- quement), ni d’organismes franco-colombiens (car aucun de ceux qui sont présente- ment regroupés n'ont comme objectif de promouvoir 1’édi- fication d'une collectivité francophone cohérente). Nous l’avons vu plus haut, chacun de ces organismes- membres poursuit des objec- tifs locaux ou limités dans leur envergure. Nous |’avons aussi noté, ces organismes attendent quelque chose de la Fédération alors qu’ils devraient participer 4 un projet global destiné a orien- ter tous ces francophones dispersés vers une réalité pondérable, mesurable, et appelée a relever le défi d’un pays vraiment bilingue, fon- dé sur deux sociétés de plein droit. 3 Un CONSEIL constitué sur le modéle du Conseil de la Vie Francaise en serait le choix le plus oppor- tun au moins d'ici a ce que certaines bases communau- taires appréciables soient établies. Le Conseil de la Vie Fran- caise est formé de Cinquante _ Membres triés sur le volet. Ne devient pas membre duConseil de la Vie Francaise qui veut. I] doit, d’abord, faire l’unanimité dans son propre milieu. Il doit jouir de certaines lettres de créance et avoir donné certaines preuves de la contribution qu’il peut apporter. Aprés avoir été recommandé par les porte-parole de son milieu, il doit faire l’objet d’une proposition en bonne et due forme a une réunion officielle du Conseil, et n’est invité a siéger qu’aprés avoir bénéficié de l’unanimité de - ses houveaux confréres. Le Conseil de la Vie Fran- gaise s’arrange pour avoir des membres de tous les . milieux francophones impor- tants du territoire qu'il cou- vre. Ce territoire, c'est tout le Canada, la Nouvelle An- gleterre et la Louisiane, aux Etats-Unis, et Haiti dans les Caraibes. Or, un organisme du genre en Colombie Britannique, pourrait probablement fonc- tionner a merveille avec moins de 25 membres. Ce nombre ne devrait pas étre atteint avant deux ou trois ans. Au début, il pourrait 8tre constitué d’un comité fondateur, lui-méme choisi parmi des personnes au dessus de tout reproche dont le mandat consisterait a préparer un mandat, des statuts et des buts et objec- tifs clairs. La représentation, sur un tel’ conseil, ne serait pas soumise aux pressions loca- les ou régionales. C’est ce Conseil lui-méme, qui juge- rait si une région ou une communauté devrait, ou non, -8tre représentée. Cette représentation ne serait pas le fruit d’un lobbying de la part des instances locales, mais d'une recherche par le Conseil lui-méme, dans une région donnéd, pour trouver la personne la plus apte a donner une image réelle dune situation donnée et a contribuer 4 concevoir un projet de développement susceptible d’aboutir. Un tel conseil ne serait responsable qu’envers ses propres membres. Son réle 2n serait un de promotion Yune vie francophone et Y’appui a toute initiative qu’il jugerait opportun en vue du jéveloppement d’une com- munauté francophone au- thentique, en Colombie Bri- tannique. C’est lui qui aurait sharge du secrétariat géné- cal qui est présentement administré par la F.F.C.. 0 appointerait son personnel et ses permanents. Ce secré- tariat serait aussi un centre Je ressources humaines ugqi seraient mises au service de ‘a communauté la ou le besoin existe. Il garderait a jour un dossier sur les organismes locaux et régi- onaux. I] serait a leur disposition pour les assister dans la formulation de leurs objectifs, de leurs demandes ou de leurs revendications; mais, il n’durait pas-a leur rendre de comptes. Autrement dit, ce dont on besoin les Francophones et les organismes francophones cest d'une cohérence et d’une convergeance; non pas d'une vache-a-lait ni d'un organisme qui assume leurs responsabilités a leur place. La F.F.C. actuelle tente d’étre tout, a la foi; et elle n’arrive pas a se donner des objectifs précis et réalisa- bles. Elle fait des revendica- tions au nom des groupes et, en méme temps, tente de sensibiliser ces mémes grou- pes a la nécessité d’utiliser les service pour lesquels elle a lutté en leur nom. La F.F.C. a lutté pour l’obten- tion de droits scolaires pour lesFrancophones; ceux-ci préférent envoyer leurs en- fants dans les écoles anglai- ses. Ce sont les qui profitent des PRC. Les qualité de !'enseignement en francais que ne le sont les Francophones. Il est donc évident que la F.F.C. ne représente pas la base. Pourtant, elle ne peut pa sdénoncer, ni critiquer ses propres membres ou les organismes dont elle se ré- clame. Elle est done empri-. sonnée dans une situation sans issue. Un-Conseil de la Franco- phonia Colombienne aurait la iberté de faire des évalua- tions, d’encourager des initi- atives ou de les condamner, au besoin. Il pourrait publier des documents et des dossiers sur |’aliénation ou la mauvaise ou la bonne orien- tation d’institutions aussi in- touchables, dans le passé, que ee Enfin, ce qui est important de tout . aoe ce n’est pas le détail. _L’impor- tant, -c’est de réaliser, a Yoceasion de la crise actuelle, que la F.F.C. n’est plus Yorganisme de représenta- tion qu'il faut aux Franco- Colombiens, parce que ceux- cine sont pas en mesure de se donner un o isme de représentation. Ce qu'il nous faut, c'est un organisme qui tienne compte des carences | actuelles et qui se donne la mission de provoquer une conscience collective de la part d’éléments atomisés, qui n’ont de commun que le fait qu’ils sont des individus issus d’une culture commu- ne, mais sans infrastructure en cette province. Je propose donc aux-Fran- cophones de la Colombie Britannique de liquider la F.F.C. pour donner a un comité de refonte le mandat de mettre sur pied un Conseil de la Francophonie Colom- bienne.