“4 SLe Soleil de Colombie, vendredi :8mai 1981 La chanson dans le choeur La chanson harmonisée pour choeur, un phéno- méne qui existe depuis le 16e siécle, mais qui a une vie propre, des caracté- ristiques nouvelles au 20e siécle. Voici ce qu’en dit l'un des. instructeurs du Mouvement: “Une des marques de commerce des Canadiens- Francais a toujours été cette fuculté [ pour ne- pas dire: cette facilité] de s‘exprimer par la chanson, qu'elle qu’en soit linspiration: folklo- rique, religieuse ou na- tionaliste. Cette carac- téristique exerce depuis longtemps une attirance Jfuscinante sur les touris- tes anglo-saxons d origi- ne canadienne ou améri- cains. Une fois mis a part élément de-curiosité sus- cité par le fait francais en Amérique du Nord, il reste que cette longue Jidélité & la chanson sim- ple, inspirée des tradi- tions paysannes, a de quoi étonner. Cette chanson populaire, trés mélodique, facile a apprendre, émouvante ou humoristique, a mar- qué mon enfance, par exemple. Et si je prends la petne d'évoquer quelques souvenirs personnels, c’est qu'ils me semblent exemplaires et donc sus- ceptibles d'éclairer le réle capital que la chanson a pu jouer dans la vie cho- rale au Canada frangais et, en particulier, au Qué- bec, foyer de la vie frangaise en Amérique. Ce fut la chorale familia- le qui, la premiére, me permit de pénétrer le monde enchanteur de la musique. En effet, trés tét, je fus bercé de séré- nades @ trois, quatre ou méme cing voix, presque toujours improvisées, Jusqu’au jour ou je pus, a mon tour, “‘tenir ma partie’ dans cette chorale authentique, sans _ chef. Sur un air joli, autour du- quel on faisait vite le con- sensus, on inventait des VOIX. Bien stir, cette chorale familialen‘avait — rien d'une génération sponta- née. Elle ne faisait que transplanter au foyer les expériences des groupes scolaires ou paroissiaux auxquels appartenait cha- cun des membres de la famille. Mais elle permet- tait de multiples expérien- ces musicales, toutes faites d’imagination, de Jerveur et de joliesse, ex- périences reprises immé- diatement hors les murs, dans les groupes d'a- mis qui faisaient souvent office de chorales, sans en porter le nom. Ces moments musicaux de jadis, ainsi que je le soulignais plus haut, ne sont pus propres a mon enfance, @ mon en- tourage immédiat. Dans toutes les régions du Québec et dans les autres provinces canadiennes ou il m'a été donné de tra- vailler a@ la chant choral, j'ai retrou- vé toujours le souvenir, souvent des traces, parfois méme la perpé- tuation de ces traditions fumiliales et _ locales. Quel plaisir pour moi, par exemple, d'entendre les Acadiens des provinces maritimes improviser @ quatre et cing voix sur ‘Partons la mer est bel- le’ pour se reposer d'une journée harassante’ de stage, occupée a déchif- frer cette ‘‘horible musi- que écrite’’... Quelle frai- cheur, quelle jeunesse, quelle spontanéité dans cette expression libre, pas encore tenue en laisse !"’ cause du. chant choral tels: L'A.C.C. est invitée a participer aux grands événements internationaux du les Choralies A “gre . France, Coeur Joie de Vaison-la-Romaine en événement .t segs 5 ‘triennal participe depuis 1965, un important ef- fectif canadien. auquel Le répertoire Chaque chorale a son répertoire propre, puisé chez des centaines de maisons_ d’édition blies dans le monde en- tier. L’Alliance chorale canadienne peut déja offrir aux chefs un servi- ce de documentation et de comptoir musical de mieux en mieux nourri et apte a répondre aux be- soins les plus divers. Mais une autre des ori- ginalités du Mouvement choral canadien, c’est son ~répertoire commun. Voici ce qu’en disait |’un des pionniers de |]’Allian- ce: “LE REPERTOIRE COM- MUN, C'EST UN PEU LE SANG DE L'ALLIANCE. Hl circule plus qu'on le croit et déborde large- ment le cadre des Rallyes | éta-: et Choralies pour lesquels il est d'abord fait. Avec les années, il a dail- leurs fini par constituer ce ‘“‘répertoire commun traditionnel”’ qui rappro- che les voix et les coeurs chaque fois que deux ou plusieurs chorales du Mouvement se rencon- trent. C'est ainsi qu'en Fran- ce et en Europe, les cho- rales A Coeur Joie se retrouvent spontanément’ sur “La belle aurore’’, “Le bateau qui-s'endort”’, “Le chant des marais"’, “Viens chanter avec nous”, *‘Pavane”’ et tant d'autres. _ Chez-nous, nous AVONS maintenant “Feuille de gui’, *‘Le vo- yage’’, “J’at pour toi un lac’, “J'ai cueilli la belle rose’’. Ces deux séries de chants communs se Le chef, l‘animateur indispensable On dit souvent qu’il n’y aurait pas de chorales s’il n’y avait pas de chef de choeur. Ou _ encore: qu’il y a autant de chora- les qu'il y a de chefs. Ou encore, de facgon moins flatteuse: qu’il n’y a pas de mauvaises chorales mais “qu'il n’y a que de mauvais chefs. Ou encore, ainsi va le chef, ainsi va la chorale. Quoi qu’il en soit, de tous ces clichés, les chefs de choeur constituent une denrée rare en nombre, et exceptionnelle en quali- té. Des étres qui ont a as- sumer un role de ‘‘soli- taire’’ au milieu dun groupe, a prendre souvent seuls sur leurs épaules le poids de tous les problé- mes de sélection des voix, de choix de répertoire, d’apprentissage, de fonc- tionnement collectif, de répétitions, ete...Bref, ils ont a assumer un leader- ship particulier et exi- geant, fait de connaissan- ces techniques,d’habilités professionnelles et de qualités humaines, pour lesquelles. les possibi- lités et les occasions de ressourcement n’exis- tent guére. _ Un bon chef de choeur est un chef bien documenté * Quel est le chef de choeur qui née connait pas, en chaque début de saison, les angoisses du *“choix’’ d’un programme pour l'année? En géné- ral, il médite longuement sur une bibliothéque mu- sicale réduite, et ne par- vient pas a élaborer un projet de concert cohé- rent, par manque de ma- tiére. Il est vrai que la situation n’est pas aisée: pour retenir un titre, il faut en lire beaucoup, feuilleter, fureter,: s’arré- ter, relire, jouer au piano, mesurer ]’intérét du texte, etc... sans parler du ju- gement qu’il faut porter sur la difficulté selon les possibilités de la chorale! Toujours est-il- que le chef qui se plaint n’est pas aussi innocent qu’il veut bien le faire enten- dre: ; - d'abord IJ’aspect lui- méme d’un imprimé est plus ou moins _attirant. Et il n’est pas rare de repousser telle page de musique; par ailleurs fort belle, simplement parce que le papier, le graphisme ou la dispo- sition générale n’est pas flatteuse; - ensuite, il est tout aussi vrai que le chef ne jette le plus souvent qu’un regard trés superficiel sur des recueils ou des partitions qu’il -posséde depuis longtemps sans avoir jamais pris sérieu- sement le temps de les sonder; - enfin, la lumiére ne vient que de_ l’abondance. Et le chef manque, dans la plupart des cas, de matié- re premiére, de musique. retrouvent un peu partout maintenant dans T'Alli- ance et constituent un répertoire commun qui grossit d’année en an- née, Le répertoire commun, cest un peu le sang de VAlliance. Ce que tout choriste, de toute prove- nance et de tout Age, peut chanter, a !’occasion, spontanément et joyeuse- ment, constitue ce réper- toire qui unit les coeurs et les fait vibrer au méme diapason. Avez-vous dé- ja entendu 6000 choristes chanter “J'ai cueilli la rose’’ au Grand Théatre de Vaison-la-Romaine? Moment sublime qui ca- ractérise l’esprit de ce Mouvement et J’idéal qu‘il poursuit. Les résultats de ces circonstances sont fa- chcux, a plusieurs titres; pour le chef Jui-méme, bien entendu, qui n’é- prouve qu’une_ satisfac- tion limitée devant un repertoire qu’il aurait sou- haité plus vivant, plus recherché, plus intéres- Sant, en un mot. Pour les ehanteurs, aussi, qui as- ‘pirent a exécuter des pié- ces. que Il’on ne chante pas dans toutes les autres chorales. Et, c’est le plus grave, pour le public de nos concerts, a qui l’on inflige trop fréquemment des soirées décousues, faites d’un amalgame plus ou moins réussi de quel- ques Renaissance, suivi ~de quelques populaires, enchainés a quelques chansons modernes, le tout couronné de quelques canons... toutes — musi- ques qui ne prennent de sens que dans la composi- tion ‘‘ recherchée’’ d’un programme de spectacle musical, ° Une bonne documentation n'est jamais inutile! + > rarer Ces textes sont commandités par le Secrétariat d'Etat