Le Soleil de Colombie, vendredi 20 mai 1988 - 5 INFORMATION Merlin l’enchanteur Par Roger Dufrane | ll existe dans toute ville et ses alentours, diverses villes qui se superposent, se mélent, s’effa- cent au détour pour reparaitre et ajouter au charme des randon- nées ou des promenades. L’auto nous grise de vitesse, avec, dans la plaine, un panorama de montagne. Pour moi si j’aime la voiture ou le vélo, je préfére la marche. Elle permet la poésie, et parfois la singuliére rencontre d’un incon- nu, avec qui on échange quelques propos. Sur la vingt-cinquiéme ave- nue, je grimpais la colline qui méne a «Point Grey». Grimpé Sur un tertre, je contemplais la ville. Elle est belle vue de loin. Blanche et rayonnante d’un soleil encore pale. - Site remarquable, me dit un inconnu qui surgissait 1a tout soudain. Vétu d'un blouson de marche, chaussé de bottines de daim vert amande, la barbe bien taillée et le regard percant, il souriait, l’air d'un touriste Cultivé. ~ Je me nomme Merlin, non pas Merlin de Thionville, dont tu ne connais rien, mais |’enchan- teur Merlin, que tu connais pour m’avoir rencontré, ici et la, au fil . des pages des romans de chevalerie, qui te tournent la téte, comme Don Quichotte et ses moulins. Je suis né en un temps immémorial, continuait Merlin. Je portais un capuchon noir et une robe longue et doctorale. Je lisais dans les astres. Je méditais dans les bois. Néd’un esprit nocturne et d’une jolie fille des campagnes, je possédais le don de voir les choses présentes, passées et futures. Au temps des cheva- liers de la Table Ronde, le roi Arthur de Bretagne, le roi Marc de Cornouailles, d’autres enco- re, me consultaient comme leur astrologue. J’ai joué mille tours aleur insu, aux chevaliers de la Table Ronde, Lancelot, Gau- vain, Perceval et pourtant c’est une femme, qui m’aentortillé du plus joli tour du monde. - Asseyons-nous Sur ce talus. Je te conterai |’aventure. Je me promenais dans la forét de Brocéliande, qui, comme tu sais, est située en Bretagne. Je me rendais a une* certaine fontaine magique, bien connue dans le pays. J’ai le don des métamorphoses. Par gout de la fantaisie, je m’étais changé en jeune bachelier et j’allais a la fontaine. Les femmes aiment se rendre a la fontaine, elles y révent et adorent s'y mirer. J’y surpris en effet, sur la margelle de marbre, une ravissante jeune femme. - Je suis l’enchanteur Merlin, dis-je. Cette baguette que je tiens de la main droite est une branche de coudrier, ou, si vous préférez de noisetier. C’est la baguette du sourcier qui aide a découvrir les sources, elle est pareille a la baguette des fées. C’est ma baguette de sorcier. Viviane était jeune et jolie. En robe longue médiévale, elle était coiffée d’un chapel de fleurs. C’était d’usage en ce temps la. Viviane me parlait d’un air attendri. Elle paraissait m’admirer de ses grands yeux bleus. - Mon gentil clerc, disait-elle de sa voix un peu grave. Sans 6tre devineresse, je pressens que vous m’aimez, et moi aussi je vous aime. J’aimerais, par amour pour moi, que vous m/’appreniez de vos tours. - Je vous |’octroie, dis-je a Viviane, que pensez-vous de ceci. Et de ma baguette magique, j’ai tracé sur le sable, un grand cercle. Et soudain de jeunes chevaliers et de gentes dames se mirent a caroler et le refrain s’élevait : Vraiment tous les amoureux Commencent dans la joie Finissent dans la peine... Je me suis levé. J’ai tracé un geste de ma baguette, la foule s'est évanouie. Viviane, seule était assise au bord de la fontaine. - Dame, il me faut partir. Trois rois m’attendent. Je reviendrai dans neuf jours, et je créerai tout prés de cette fontaine, pour vous et notre amour un jardin de roses et un beau chateau. Je suis parti, et revenu, assotté d’amour. Viviane m/at- tendait. Elle _me_ regardait, souriante et mutine. Elle m’a ‘prié de lui enseigner un tour de magie ou de_ nigromance, comme de faire sortir de rien un chateau de cristal. Elle m’enjoi- gnit de m’étendre sur|’herbe. De son écharpe elle décrivit quelques arabesques. Je me suis trouvé dans une chambre de verre d’ou je voyais les fleurs et les oiseaux ou j’ai séjourné 1a des jours et des mois, souvent visité par mon amie. Voila mon aventure. Merlin étendait le bras vers la ville: - Combien de Francophones? demande-t-i]. Et pour parler comme tes politiciens: - Combien de minorités visi- bles et invisibles? Expression idiote! Sache que moi, Merlin l’Enchanteur, doué de seconde vue, je puis seul percevoir toutes choses visibles_ et invisibles. Les jeunes vont au Frangais et la Francophonie rayonnera. Toi et tes amis, vous avez beaucoup’ d’ennemis. Sais-tu qu’un notable Canadien Anglais de l'Ouest tient les Canadiens Francais de |’Quest comme des gens incapables de s’exprimer en bon Francais? Qu’en sait-il ce minable, et ce Monsieur Daniel Latouche, un Canadien Frangais, qui jadis venu a Vancouver, ne savait rien de rien sur le Frangais. II n’est d'ailleurs resté la que quelques ~ jours. Merlin m/’observait, debout dans la lumiére. Il ajoutait: - Sais-tu qu’ils ne sont: pas d’accord sur les accords du Lac Meech? et, sur cette parole sybilline, il disparut. Je me retrouvais seul. Une baguette de coudrier trainait dans la poussiére. Je |’ai ramassée, et j'ai fouetté l’air en marchant dans Ia nature. N’attendez pas 20 de plus! Mettez du Soleil dans votre vie dés aujourd’hui. I Ca, ga fait du bien! - ms} _ DES CADEAUX / EDUCATIFS POUR LES ENFANTS DE TOUS AGES ~Ew~~ ee Neue Bost & ogg e- A V8V 3P6 VOW 4G4 905, Hecate Nanaimo (B.C.) VOR 4K7 1752, 1st Street Prince George (B.C.) V2L 1E7 Librairie Francaise de Campbell River 550 B, 11e Ave. a River (B.C.) Librairie Francaise de Nanaimo Librairie Francaise de Prince George Education Unlimited 13555, King George Hwy Surrey (B.C.) V3T 2V1 Librairie Francaise de Vancouver 731, 16e West Vancouver (B.C.) V5Z 188 Librairie Francaise de Victoria 1027, Pandora e Victoria (B.C.) . ans st lin tha tom a ee