AFKO, Vol 27, N° 4 — hiver 2012-13 Nouvelles de la Francophonie DES MOTS EN VEDETTE: QUE CELUI QUI N’A JAMAIS DIT LE MOT POGNER...JETTE LA PREMIERE PIERRE! Y a-t-il des Québécois francophones qui n'utilisent pas le verbe pogner? Peut-étre! Mais ils doivent étre plutét rares. Ce mot fait partie de notre paysage linguistique, tout comme mitaine ou abrier. Par contre, si l'on demande a un Québécois d'énumérer les emplois du verbe po- gner, il nous répondra probablement spontanément quelque chose comme: «On peut pogner une balle. On peut pogner un poisson a la péche. La chicane peut pogner.» Et c'est 4 peu prés tout. Pourtant, on peut pogner encore bien d'autres choses... Le verbe pogner est un québécisme, c'est-a-dire qu'il ne fait pas partie du vocabu- laire des Frangais; on ne le retrouve ni dans le Petit Robert, ni dans le Petit La- rousse, ni dans les autres dictionnaires faits en France. De 1a probablement la difficulté d'en énumérer tous les emplois En fait, ces derniers sont trés nombreux. Nous en avons recensé une soixantaine, dans notre mémoire de maitrise, que l'on peut regrouper par grandes catégories de sens: «prendre avec la main» (pogner une balle, pogner la main a quelqu'un); «surprendre» (se faire pogner a voler, se faire pogner par la pluie); «éussir a monter a bord d'un véhicule» (pogner I'autobus); «saisir par l'esprit» (pogner une blague); «s'approprier» (pogner le pouvoir, pogner le controle); «trouver, rencon- trer, obtenir par hasard» (pogner le gros lot, pogner une job)... Mais, la grande question qui se pose alors est la suivante: est-ce que prendre l'autobus signifie la méme chose que pogner /'autobus? En attendant une pro- chaine chronique, dans laquelle nous tenterons notamment de répondre a cette question, nous vous invitons a réfléchir a la différence que l'on fait, au Québec, entre les mots froid et fret... SOURCE: Nathalie Bacon, TLFQ, Université Laval