6 Le Soleil de Colombie-Britannique, vendredi 3 mai 1996 Un vannier francais au musée canadien de |’artisanat “Je tisserai mes vers comme au fond des villages Sous les hangars humides et bas, les vieuxvanniers Mélent les osiers bruns et blancs de leurs paniers, En dessins nets pris a l’émail des carrelages.” Emile Verhaeren, poéte flamand (1855-1916) PAR MARIE-AGNES MICHAUD Lionel Demandre habite la Colombie-Britannique depuis 1982, mais il est né 4 Paris, et c’est dans le sud de la France, a Biot, qu’il aappris son métier de vannier. A lorigine, un vannier était un fabricant de vans, ces grands pa- niers plats dans lesquels on secouait et faisait sauterles grains de blé dans le vent pour les débarrasser de leur poussiére, brins de paille ou autres déchets... on vannait le blé dans le vent. Si aujourd’hui cet art a pres- 5 que disparu au Canada, il existe en = France, selon Demandre, deux grands © centres de vannerie. Le premier a4 Villaines les > Rochers, une coopérative de 70 S vanniers qui travaillent soit en ate- | lier, soit chez eux, 4 fabriquer des 5 paniers utilitaires pour les boulange- & ries, les présentoirs de produits des grands magasins, les étalages dans les marchés, etc. Le second centre, a Fayl-Billlot, (Haute-Marne) dans l’est de la France, posséde une petite école;]’ Ecole nationale de vannerie, d’oi sortent une dizaine de vanniers haud ari lors de la poussée des dents. Un hochet européen traditionnel tressé par le vannier Lionel Demandre. Son origine remonte au I7e siécle en France. Fabriqué de sept tiges d’osier, ce jouet était offert a la future maman pour protéger son nouveau bébé contre les sept péchés capitaux: l’orgueil, la colére, Vavarice, la luxure, Venvie, la gourmandise et la paresse. Selon l’artisan, l’osier (saule) contientun salicylate (aspirine) naturel qui aide bébé chaque année. Pour Demandre, les paniers ont toujours fait partie de sa vie et il les regrette. “Quand j’étais petit, on voyaitdes paniers partout.A lapéche, avec grand-pére, on apportait un pa- nier pour lanourriture, un autre pour les agrés de péche, et un pour les poissons. Aujourd hui le beau panier d’osier solide et durable a étédétroné par le grand sac en plastique noir. Quelle horrible fin pour le noble sau- ra donner un coup de pouce. Le commerce a I'étranger implique un engagement a long terme. Vous savez que pour réussir, il vous faut un personnel qualifié. Des gens possédant une bonne formation et préts a travailler dans le développement, la présentation, le marketing ou le service aprés-vente du produit. Mais avez-vous les moyens d'embaucher ce personnel avant d'avoir conclu les ventes? Nous pouvons vous Les bons contacts, c'est notre affaire. =VOUS sur [univers Le Programme d'emploi en commerce international de DEO peut vous aider a défrayer les cofits associés au recrutement de personnes récemment dipl6mées pour une période maximum de trois ans. Vous pourrez alors recruter le personnel requis pour faire croitre votre entreprise, ouvrir de nouveaux marchés et engendrer de nouvelles ventes a l'exportation. N'hésitez pas a nous appeler. Nous sommes 1a pour relier votre entreprise au monde entier. # DEO a Vancouver « 666-6256 Sans frais en C. - B. + 1-800-663-2008 Site Internet » http://www.myriadgate.net/wd/ ied Canada mon!” Cet artisan, qui adore cons- truire, a d’abord étudiél’ architecture qu’ila délaissée aprés avoir constaté “qu’un architecte était avant tout un homme a’ affaires plut6t qu’un artis- te! Mais c’est un projet de livre pour enfants sur les baleines qui 1’a conduiten Colombie-Britannique, ot il y a rencontré et épousé une Cana- dienne. Ils se sont installés 4 Grand Forks (C.-B.), dans une région parti- culiérement riche en osiers sauvages, et il a eu envie de fabriquer des pa- niers. “Jeconnaissais déjaunpeula vannerie depuis des années, alors, en 1985, jesuis retourné parfaire cet art avec Edmond Ghiglionne et son fils René, des vanniers de Biot. Les Ghiglionne sont probablement les derniers a travailler l’osier brut, c’est-a-direnonpelé.” L’osier est un saule de petite taille, aux rameaux flexibles. Ses petites branches sont tressées pourla confection de liens et d’ouvrages de vannerie. Commeilexiste plus de250 espéces de saules en Amérique du Nord, le vannier doit apprendre dis- cemer les espéces qui conviennentle mieux aux objets qu’il désire fabri- quer. Lesaule-pleureur, par exemple, nese préte pas bien a la confection de paniers. On recherche, selon Lionel, des tiges trés droites comme celles que 1’on voit au bord des routes, car — ellessont coupées réguliérement. En France, l’osier est cultivé dans les oseraies afin demieuxen contrdlerla qualité et les coloris de rouge, jaune et vert, bien que la majorité des vanniers en France utilisent de1’osier blanc (écorcé). Les osiers sont dépouillés de leur écorce pour les rendre plus rigi- des et surtout plus durables, car alors, ils ne risquent pas d’étre détruits par les petits vers se logeant sous ’écor- ce. Lionel Demandre cultive une petite quantité d’osiers, mais la plu- part sont des osiers sauvages qu’il récolte Iui-méme dans la vallée Silmilkameen (Okanagan), ow il en pousse une trés belle variété. Quanta l’osier blanc (pelé) qu’il utilise, il le rapporte de France. Pére de cinq enfants, Lionel Demandrea di travailler pendant des années comme planteurd’arbres pour subvenir aux besoins de sa famille. Aujourd’hui, il vend ses paniers sur les marchés de 1|’fle Saltspring et il offre des ateliers de vannerie, quand il ne vogue passurles eaux entre lesiles, a bord deson voilier. Anoter également dans cette exposition, quisetiendra jusqu’au 18 juin au Canadian Craft Museum (639 rue Hornby), le macramé extraordi- naire de la Suissesse, Anita Huitfeldt et les oeuvres en cuir bouilli de !’Ontarien Rex Lingwood.Q Hollywood: un «gay» centenaire The celluloid coset “PAR MATTHIEU MASSIP Un film de Rob 49, Epstein etJeffrey _ peg, Friedman. Avec & Tony Curtis, ey Whoopi a Goldberg, Tom Hanks, Susan Sarandon, etc. Les cinéphiles sesouviennent de Marléne Dietrich, qui dans Morocco(1930, Josef Von Sternberg) a la fin d’un numéro de cabaret, em- brassait une spectatricesous le regard éploré deson beau légionnaire, Gary Cooper. Ou de Tony Curtis et Jack Lemmon travestis dans Certains Vaiment chaud (Some like it hot, Billy Wilder, 1959)... Autant d’allu- sions Claires 4 ce que Hollywood a longtemps considéré comme une per- version criminelle ou, au mieux, com- me.un ressort comique: |l’”homosexua- lité. Qui eut cru pourtant que le Ben- Hur de William Wyler, Johnny Guitar (Nicholas Ray, 1954) ouméme certains Laurel et Hardy renfermaient ~ desallusions plus ou moins déguisées a l’amour interdit? C’est 1a que le film documentaire The celluloid closet, tiré du livre de Vito Russo atteint brillammentson objectif: nous ouvrir les yeux sur la représentation des personnages homosexuels par les films grands publics hollywoodiens. «Des «folles» aux vampires lesbien- nes, des «tantes» aux tueurs sadiques (...) lecinéma acent ans et les person- nages homosexuels sont avec nous depuis le tout début» rappelle le com- mentaire. Et les images le prouvent avec cette bobine de Thomas Edison montrant deux hommes en train de danser, en 1895. En plus d’une centai- ne d’extraits de films célébres et des entrevues avecscénaristes, acteurs et metteurs en scéne fameux, The Marléne Dietrich dans Morocco de Josef Von Sternberg, femme fatale et ambigué. celluloid closet \ibére |’enfant mal aimé du placard... Plus intéressante est, parado- _ xalement, la période ot la censureest . la plus forte, aprés I’adoption par les producteurs, a la fin des années 20 du code d’auto-censure proposé par le sénateur Hays, interdisantnotamment les allusions toute «perversion sexuelle».Mais|’on sait que la censu- ren’a jamais empéché des’exprimer queles auteurs sans imagination. L’un des maitres 4 ce petit jeu de tout dire sans le direse révéle Alfred Hitchcock qui dans son premier film en Améri- que, Rebecca(1940) suggére en quel- ques regards et effleurements le lesbianisme du personnage interprété par]’inquiétante Judith Anderson, ou dans Lacorde (The rope, 1948) relate unmeurtre commis par deux étudiants homosexuels. En contrepartie pour- tant, le réalisateur est alors obligé de réserverune fin horrible tout person- (Voir “Hollywood” en page 10)