6 Le Soleil-de Colombie-Britannique, vendredi Ter novembre 1996 La loi du salaire minimum fait-elle perdre des emplois? PAR DAVID E. BOND La pauvreté sera toujours de ce monde. L’ona beau étre plein de bonnes intentions, comme ce minis- tre del’ Agriculture qui aurait souhai- té que chaque personne ait un revenu égal ousupérieura lamoyenne (ce qui en soi constitue un concept pour le moins... intéressant), |’assistance aux personnes 4 faible revenu ne pourra étre efficace si ]’on met en place un vaste programme de mesures concourantes. L’une des mesures les plus simples auxquelles onteu recours les autorités gouvemementales 4 cet égard a consisté 4 instaurer des régle- ments sur le salaire minimum. Les tenants de cette mesure estimaient qu’en imposant des normes dans ce domaine]’on pourrait éviter]’exploi- tation des plus démunis. Ils croyaient également que cette mesure, en assu- rantun revenude «subsistance», aurait pour effet de normaliser les condi- tions du marché en permettant aux travailleurs de préserver leur dignité et en empéchant les entreprises d’adopter des pratiques antisociales. L’imposition de normes rela- tives a la rémunération ne regoit pas l’assentiment de tous. Chaque fois que le gouvernement envisage de hausser le salaire minimum, |’on a droit 4 de grands débats. S’il faut en croire les tenants de la théorie écono- miquetraditionnelle, toute hausse de cotit, qu’elle s’applique 4 une mar- chandise ou a la main-d’ oeuvre, en- trainera une baisse de la demande. Une augmentation du salaire mini- mum, plutdt que d’aider les tra- vailleurs, aurait donc poureffet d’ac- croitre le nombre des sans-emploi. Des recherches récentes ef- fectuées aux Etats-Unis, dont l’une des plus intéressantes a été menée par deux économistes de la Princeton University, jettent cependant un dou- te surla justesse de ce dogme. Ceux- ci ont constitué un échantillon d’en- treprises et ont étudié les effets de la hausse du salaire minimum sur le nombre de personnes employées par ces entreprises. Ils sontarrivés 4 des conclusions étonnantes : les pertes d’emploi n’ont pas augmenté. Le nombre des employés travaillant au salaire minimum n’avait pas baissé de facgon significative au plan statis- tique. Trois explications ont été avancées pour justifier ce phénomé- ne qui va 4 |’encontre de ce que la plupart des économistes considérent comme leur «évangile économique». La formation d’un nouvel employé entraine des coiits. Le fait d’imposerun salaire minimum, c’est- Pour vous, a-dire d’assurer]a subsistance deceux qui sont au bas del’échelle salariale, aurait poureffet de réduire le taux de roulement des employés. Les gains ainsi réalisés compenseraient les coiits associés 4 cette mesure et les entreprises perdraient toute incitation a diminuer leurs effectifs. Le recrutement représente également un probléme. Un em- ployeur qui compte 4 son service un nombre important de travailleurs payés a trés bas salaire hésitera a combler les postes vacants. Pource faire, il lui faudrait vraisemblable- ment offrir des salaires plus élevés et i] devrait alors augmenter ceux des travailleurs déja en place. Cet obs- tacle disparaitsi la rémunération des bas salariés atteint déja un certain niveau, grace a]’imposition d’unsa- laire minimum relativement élevé. Il faut également tenir comp- tedu fait que, dans certaines entrepri- ses, les sommes versées aux em- ployés a salaire minimum ne repré- sentent qu’une proportion trés faible et-relativement fixe des dépenses totales, lesquelles peuventcompren- dre des coiits importants imputables au matériel et 4 une main-d’oeuvre plus coiiteuse. Dans de tels cas, une modification du salaire minimum n’aurait quepeud’effetsurl’ensem- ble des coits. Le fait qu’une ou méme plu- sieurs études réfutent les théories traditionnelles sur le salaire mini- mum ne nous permet pas pour autant d’écarter celles-ci du revers de la main. I] faudra auparavant réaliser des études encore plus poussées sur les effets d’une hausse du salaire minimum. Entre-temps, force nous est d’admettre que les arguments avancés par les tenants de l’uneoude l’autre des positions se fondent da- vantage sur ]’intuition que sur les faits. Quelques points méritenttout demémed’étresoulignés. L’opposi- tiona une hausse du salaire minimum n’est pas uniquement le fait d’une armée de Séraphin des temps moder- nes. Le simple fait d’imposer un salaire minimum altére le fonction- nement du marché et constitue une entrave a la liberté d’action des en- treprises. Une telle mesure a égale- ment pour effet de faire augmenter les cotits et donc de pousser|’écono- miea un niveau différent de celui ot elle se situerait dans d’autres cir- constances. Du reste, tant que nous n’aurons pas de certitude absolue en la matiére, rienn’empéche de présu- merqu’une augmentation du salaire minimum peut effectivement rédui- re lenombre des emplois. nous allons PIERRE MARTINEAU En fait, la véritable question que nous devons nous poserestla sui- vante : quel est le niveau d’interven- tion quenous jugeons acceptablede la part de l’Etat en ce qui a trait au fonctionnement de l’économie? Od faut-il s’arréter? Cette question fait d’ailleurs partie du débat qui doit étre maintenu dans toute démocratie. Il faut égalements’interroger a savoir qui sont les travailleurs 4 salaire minimum. Certains observa- teurs américains estiment que ces tra- vailleurs sont, dans la majorité des cas, des adolescents de familles rela- tivement aisées. Les statistiques américaines viennent toutefois con- tredire cette perception. Ainsi, 40 % de toutes les personnes travaillant 4 salaire minimum seraient soutien de famille. Deux tiers des adolescents quiseraient ainsi rémunérés provien- draient de familles disposant de reve- nus plus faibles quela moyenne. L’on pense que la situation est similaire au Canada. La loi surlesalaire minimum n’est pas complétement bonne ou com- plétement mauvaise. En matiére de questions d’intérét public, il faut de toute faconse méfierde toute opinion tranchée. Une augmentation du salai- re minimum ne représente qu’un des aspects de l’ensemble des mesures que pourraient prendre les autorités gouvernementales pour aider les per- sonnes 4 faible revenu. Les lois rela- tives ausalaireminimum nedevraient pas étre examinées hors dece contexte et il conviendrait de consacrer des études approfondies a leurs effets sur les travailleurs a faible revenu.O) Ce Bulletin économique, qui est rédigé par M. David E. Bond, vice- président, affaires gouvernementales et relations publiques, et 6conomiste en chef a la Banque Hongkong du Canada, exprime I’opinion personnel- le de l’auteur sur les demiers événe- ments économiques, laquelle n’est pas nécessairement celle de la Banque Hongkong du Canada et de son con- seil d'administration. Ce Bulletin ne constitue nullement une étude ex- haustive de tous les faits nouveaux ni n'est publié dans l’intention de fournir des conseils financiers. Nous recom- mandons aux lecteurs de communi- quer avec un expert-conseil avant de prendre toute décision que ce soit, fondée sur les commentaires de notre 6conomiste en chef. Cette publication ne peut étre reproduite, en entier ou en partie, sans l’autorisation 6crite de la Banque Hongkong du Canada. OUrS cee (suite de la page 4) OLa production d‘une publicité vidéo et la photographie de la vie d’ani- mauxsauvages. OFaire une fausse chasse. O)Porter une arme 4 feu chargée. La premiére comparution devant la cour aura lieu le 3 décem- bre, 1996, a la Cour Provinciale de Port Hardy. La pénalité maximum pour ces offenses sous la Loi des Réserves Ecologiques estune amende de 2000$ et /ou la condamnation ala prison pour 6 mois. Avec la nouvelle campagne “Be Bear Aware”, tous les habitants de Colombie-Britannique sontencou- tagés a faire ce qu’ils peuvent pour combattre le braconnage et la traite des organes d’ours. Quiconquea des preuves d’activités illégales est prié de contacter le Ministére au 1-800- 663-9453.0 La radioactivite a cent ans! Il y a 100 ans, le savant frangais Antoine Henri Becquerel découvrait la radioac- tivité. La Semaine dela technolo- gie des radiations médicales, du4 au 8 novembre 1996, célébrera ce centenaire. Quelques semaines seule- ment aprés que le physicien alle- mand Wilhelm Conrad Roentgen a découvert les rayons X (c’était en novembre 1895), Becquerel s’est intéressé au pro- cessus de production des rayons X et, avantlongtemps, a découvert la radioactivité. “La découverte des rayons X et de la radioactivité a donné lieu a des applications médicales qui ont ouvert la voie a la techno- logie moderne de l’imagerie mé- dicale diagnostique ainsi qu’a Uusage thérapeutique des rayon- nements pour lutter contre le can- cer.”,a déclaré Bill Brodie, prési- dent de!’ Association canadienne des technologues en radiation médicale (ACTRM). Travaillant 4 Paris au dé- but de 1896, Becquerel a amorcé ses études surla possibilité que des rayonnements semblables aux rayons X soient produits par des substances fluorescentes et phos- phorescentes connues. Dés février 1896, il étaiten mesure de démon- trer que les cristaux fluorescents du sulfate d’uranium et de potassium (sel d’uranium) noir- cissaient une plaque photographi- que qui n’était pas exposée a la lumiére. Il en avait déduit que uranium devait émettre sa pro- pre énergie, a laquelle on donna plus tard le nom de radiation. Poursuivant ses expérien- ces, il a démontré qu’un disque d’ uranium produisait des rayon- nements pénétrants plusieurs fois plus intenses que lesel d’uranium utilisé initialement. De nombreu- ses découvertes ontsuivi celles de Becquerel, notamment la décou- verte du radium (par Pierre et Ma- rie Curie) en décembre 1898 et cel- led’ autres éléments radioactifs en 1899. “Aujourd hui, on adminis- tre des isotopes a faible radioacti- vité, appelés des “traceurs”, pour permettre aux technologues enmé- decine nucléaire de produire des images diagnostiques qui indiquent comment fonctionnent le cerveau, le coeur et d’autres organes”, a expliqué M. Brodie. Il yad’ autres applications en médecine nucléai- re, notamment |’estimation de la perte de minéraux osseux chez les patients souffrant d’ostéoporose, de méme que la scintigraphie os- seuse (qui permet de détecter des signes d’une maladie métastatique, autrement dit, la propagation du cancer). Du coté thérapeutique, le recours aux rayonnements a amé- lioré les taux de survie chez les patients souffrantde certains types de cancer. On marquera le centenaire dela découverte de Becquerel dans les services d’imagerie médicale et de radiothérapie des hdpitaux par- tout au pays. La Semaine de la technologie des radiations médica- les, parrainée chaque année par l’ ACTRM, vise a reconnaitre l’ap- portdes technologues en médecine nucléaire, radiothérapeutes et des technologues en radiologie aux soins de la santé au Canada. L’ACTRM est!’ organisme d’agrément national qui représen- te quelque 10 000technologues en radiation médicale. L’ Association offre des programmes d’ éducation permanente et administre un code de déontologie. De plus, elle est un forum pour le maintien de normes et politiques rigoureuses en matié- re de formation et d’ application de procédures spécialisées en imagerie diagnostique et en radiothérapie.Q ce soir Lundi au vendredi 18h30 Enreprisedu lundi au vendredi _ 22h30 Qu’elles soient bonnes ou mauvaises, étonnantes ou prévisibles, les nouvelles de votre région sont importantes pour vous et... pour nous! SRC DE TOUT POUR FAIRE UN MONDE Television Colombie-Britannique