La mode ~ Paris? Capitale de la mode féminine. Londres? Marché junior in- comparable. L'Italie? Centre de l'élegance masculine et du Prét-a- porter de luxe. L’Allemagne? Royaume du sportswear. La_ Scandinavie? Chef-lieu _ d'une mode tres jeune. Autant de définitions que sa- vent donner tous les ache- teurs des boutiques et grands magasins. Ceux qui, avant vous, découvrent les secrets de la mode et choisissent les vétements et accessoires que lion trouve sur le marché. Attention! Leur métier, bien sir, les améne & voya- ger deux, trois, quatre mois pas année. Mais cela n’est pas une sinécure... ‘“C’est un métier a ulcéres. Les res- ponsabilité sont grandes et la tension aussi: l’acheteur ne connait jamais a l’avance la réaction de sa_clientcle face a telle tendance de la mode ou a tel gadget’’. _D’abord un bon vendeur Notre -interlocuteur, M. Jean-Pierre Allemandest acheteur et gérant de la bou- tique Adam et de l’Ensemble Shop chez Eaton a Montréal. Egalement acheteur pour cing autres Ensemble Shop a travers le Canada, il est ap- pelé a voyager en Europe plusieurs mois par année. Il insiste sur un_ point: “L’acheteur doit d’abord de- venir un bon vendeur, puis- -quil est généralement res- ponsable des ventes de son |département ou de sa .bouti- ‘que, On juge d’ailleurs de sa valeur d’aprés le résultat des ventes.” S’il est positif, c’est ‘que l'acheteur a su détecter |les gotits de ses clients. S’il est neégatif, c'est qu'il n’a pas reussi a comprendre leurs besoins. La direction de Ventreprise le tient responsa- _ble de ce resultat. “L’acheteur est donc relati: vement libre dans le choix de ses achats. Il n’oublie pas de respecter son budget, et de demeurer dans sa catégo- rie de véte ments (robes, manteaux ou pantalons). ss 5 ad “S'il a Je devoir d’acheter du trés nouveau, il évite par contre de se laisser tenter, par. des créations invenda- bles; car il lui faut ensuite vendre a profit et non a perte. Il est donc libre dans les limites du bon sens’’, ‘Avoir du gout Mais au fait. quelles quali- tés doit posséder une _per- sonne qui réve de devenir acheteur? Premiere réponse, et qui revient resuliérement a travers les meétiers de la mode: ‘“Avoir du gout. Une chose innée, instinctive. Et puis. posséder un esprit alerte. flexible... Un esprit capable de découvrir la der- niére nouveauté sans étre dée- rangé par une multitude dii- dées préconcues (‘‘moi, je n’aime pas le midi’ ou “les pantalons ne se portent qu‘a la. campagne’’).”” Trés important aussi de penser en terme de clienitéle. Pour cela, Jacheteur doit vivre un peu comme ses clients, sortir beaucoup. voir comment les gens s‘habillent. Et puisque Ja mode évolue a un rythme incroyabie, il faut lire tout ce que l'on peut trouver sur le sujet (magazi- nes, journaux) pour se tenir au courant des nouvelles ten- dances, des nouveaux fabri- cants, Le sens des affaires “Les gens intéressants qut débutent dans Je métier ne viennent pas chercher les acheteurs; ils Jes laissent venir. C'est donc a ceux-ci de découvrir avant leurs compétiteurs les couturiers ef. manufacturiers pro me t- teurs’’. A ces qualités personnelles, il faut ajouter une aptitude technique: Je sens des affai- res. Au départ, l’achetcur se voit confier un budget bisn défini; a lui, ensuite, de limi- ter ses achats pour dépenser plus d’argent qu’il n’en possede. Mais avant d’en arriver a ce point, le debutant apprend a connaitre a fond les techni- ques de vente: ce que désire la clientéle, comment la trai- ter. M.. Allemand souligne que les jeunes sont promus beaucoup plus rapidement aujourd’hui. La persone qui a quelques aptitudes d’ache- teur se voit d’abord confier une section -(foulards, . gants ou. autres) ou devient assis- tante-acheteuse, avant de prendre charge des achats et ventes d’un rayon complet. Un plan d‘achats Lorsqu’un vendeur se pre- pare & un voyage, il dresse un plan d’achats établissant son brdget, le genre de msr- chandise quil desire, les pays quil parcourra ct les fabricants qui visitera. Selon la philosophie du ma- gasin pour lequel il travaille, il partage son budget entre les différents éléments-mode. Il Je tiendra, a jour au cours des semaines a venir. ne pas. teopae Of tee ORe 'tesaag Steaes *Seeey, ee Ye ‘tag & $$ En se présentant chez un fabricant, il demande a voir la ligne de la saison sui- vante. On lui montre alors sur cintre’ ou sur mannequin les vétements de la collec- tion. Son choix se fixe selon plu- sieurs criteres: tailles, colo- ris, prix, délais de livraison, -ventes a des compétiteurs. “Il faut savoir dire “non” poliment, sans se laisser monter sur le dos lorsqu’on ,désire limiter ses achats. © Evidemment, on voit chaque jour des modéles extraordi- naires; pour respecter .le budget, il faut resister.” Les groupements d‘achats ' Si les responsabilites sont énormes pour Tacheteur du grand magasin, elles le sont autant, d’une autre facon, pour cclui de la petite boutique... “On jouc dans ce cas avec de lVargent. per- sonnel. Et si Je volume d‘a- chats est moindre, les res- ponsabilités ne Je sont pas: cest souvent Ja vie de la boutique qui est en jeu.” Comment fait-il pour _pren- dre rendez-vous avec les cou- luricrs ef manufscturiers? Sil _représenie une trop pe- — lite boutique, personne ne sera intcressé a le recevoir. “Quantite de bovtiques se reunissent cn groupement dachats: un messin mont. realais Sassocis, par exen- pie. avee un macasin he ston- . Seg ‘gasins de M. Jean-Pierre Allemand nais ou florontois qui ne lui fait pas concurrence. Lersque Vagent qui le represenic se rend chez un fabricant. ce- lui-ci. se montre plus inté- ressé par Je volume de ven- tes en perspective.” Les bureaux d‘achats ' Les grandes maisons posse- dent leur prepre bureru d’a- chats dans les villes impor- jantes du monde et contient de plus en plus au meme acheteur les rayons de plu- sicurs de leurs magasins. Par: ailleurs; certains ma- moindre impor- tance s’associent a des bu- reaux d’achats diriges par des personnes sur place (un Parisien a Paris, un Londo- nien a Londres). Leur agent montréalais fait lui-meme ses achats a Tétranger, mais confie au bureau d'achats le soin de trouver tes fabri- cants, de soccuper de la li- vraison, cic... L’acheteur est done obligé de se donner entierement a son travail, dcire toujours a laffut de la nouveaute. M. Allemand Je compare a “une espece de couturier frustre qui trouve sa récompense, sa dans je fait quune marchandise se vend bien ct quelle est bien por- satisfaction (ee”. Pour adultes Dans cette revue, les parents seront vus par des enfants. Mais les enfants aussi seront “yus” par des parents, puis- que lauditoire sera majori- tairement adulte. Au cas ou les vues des jeunes estoma- queraient les vieux, les désar- conneraient, ils pourront at- terrir dans les bras accueil- lants des trois hotesses es- pagnoles. Lucia Carmen, Ma- ria Telliero, et Teresa Lind- sé. Car il s‘agit, bien sir, de l'Association espagnole et de sd sympathique ‘succursale la “Casanous’, coin Aylmer et Sherbrooke. Le spectacle? “Les parents...qu'yssont drd- les, joué par une douzaine de bambins sous la direction du comédien Guy Lamontagne et d'une ex-lieutenante du FLF, Odette Lacasse. _ C'est sans doute a cette mi- litante vigoureuse que l'on doit le concept ‘d'autogestion” du spectacle: les textes et la mu- sique ont ete composés par les enfants. Le talent ne manque pes dans cette bande, parait- d’autant plus que le céle- bre et artistique Pierrot “le fou” Léger a prété ses deux Z rejetons a la directrice La- casse et a son adjoint Uamon- tagne. Le spectacle, sous la residence d'honneur de don edro Rubio et de M. Pierre Lampron, prendra_ l’affiche ce samedi 4 décembre a 14 heures, et se poursuivra pen- dant six samedis consécutifs, avec poss ibilité de reprise. Je note donc que la revue couvrira la période de Noél, mais il y aura, comme on le comprend, relache le 25 de- cembre, a cause de ce phe- nomene mondial mystérieux, qui fait qu’a tous les vingt- cing décembre les enfants sont occupés _ ailleurs. Néan- moins, il convient de rappeler cette promesse solennelle des administrateurs: le 24 au soir, le caissier-en-chef Pierre Le- ger, ex-journaliste, et le gé- rant don Pedro, offriront un coquetel a la Casanous en Vhonneur des artistes-maison (dont le duo Gagnon-Tremblay. Mouffe-Charlebois, Plume- Landry et Quinchamali) et des journalistes, puis un repas de réveillon @ la Casa Pedro. en Ihonneur des journalistes et artistes toujours. On répéte ‘‘Les parents...qu’yssont drdéles’’, sous la stricte Surveillance de madame Lacasse, cachée parmi ces‘enfants. ) LE SOLEIL, 17 DECEMBRE 1971, XI