CS COA AUTOMNE, 1985 — 11 Pour une fois, les jeunes... eLa Loi 88 néo-brunswickoise Un enonce d egalite a actualis Le 17 juillet 1981, rAssemblée législative du Nouveau-Brunswick adoptait a l'unanimité un projet de loi affir- mant l’égalité de statut et ’égalité des droits et priviléges des deux (2) communautés _ linguis- tiques anglophone et francophone de la province. Ainsi donc, en plus d’assurer l’éga- lité des langues et la disponibilité de servi- ‘ces dans les deux lan- : développement gues officielles — re- connues en 1969 par ladoption de la Loi sur les langues offi- cielles —_le gouverne- ment s’engageait a respecter le droit de chaque communauté a posséder des institu- tions distinctes et a encourager, par des mesures positives, le cultu- rel, économique, édu- cationnel et social des communautés linguis- tiques officielles. Sur le champ, le parti. provincial au pouvoir depuis 1970, les conservateurs de Richard Hatfield — avec comme lieutenant francophone, Jean- Maurice Simard, par- rain de la loi 88, _simule, essentiellement a des fins électorales, une actualisation par- cellaire de cette toute nouvelle égalité. Indéniablement, le premier ministre prend initiative, et ce sur la scéne nationale. Cette initiative se matérialise par Tinclusion a la Charte des droits du Canada_ des articles 16(2) a 20(2) spécifi- ques au Nouveau- Brunswick. Ces arti- cles, entrés en vigueur dés avril 1982, établis— sent le francais et l’an- glais comme langues officielles avec un sta- tut et des droits et pri- viléges égaux quant a Jeur usage dans les ins- titutions du gouver- nement de la province. Lema smart - 1982 Honorable Richard Hatfield rend le rap- port du comité diétude PCS public. “Vers l’égalité des langues offi- cielles”, a présent fort mieux connu sour la rubrique populaire “Rapport Bastarache- Poirier’, fait un constat de la situation et propose en quatre- pas -treize (93) recom- mand seth s_des -amé- Soe CTS, “ . province snes publique liorations majeures, dont le bilinguisme pacifique et la dualité comme changements structurels les plus significatifs, Or justement, en dévoilant au grand jour les résultats de Panalyse,. le premier ministre se prononce catégoriquement a lencontre de la dualité y ¢tant prénée, qui pourtant est quasi explicitement recon- nue dans la loi 8&8 adoptée a lunanimité a peine un (1) an aupa- ravant. Certes, la saison estivale de 1982 fut pour les communautés acadiennes franco- phones du Nouveau- . Brunswick la plus lon- gue campagne électo- rale inédite de tous les temps. En effet, les conservateurs de Richard Hatfield et quelque peu soit-il de Jean-Maurice Simard _. pour les francophones, courtisent fébrilement les communautés aca- diennes pendant tout Pété 1982. Cet élan sans précé- dent des conservateurs se conclut, a la veille de l’'appel aux urnes en octobre par Richard Hatfield, par le Grand Ralliement de Shippa- gan. A toute chose pres, l’Honorable Richard Hatfield promettait aux Aca- diens francophones de sa province d’amorcer, dés la formalité de Pélection d’entreprendre une réforme en profondeur des institutions de la afin juste- ment d’assurer en réa- lité belle et bien concréte que celles-ci -reflétent a leur juste valeur. les deux (2) -communautés _ linguis- tiques de la province. Conséquemment, la campagne illustre de septembre 1982 emprunte, chez _ les conservateurs, une voix dualiste. C’est-a- dire qu’auprés des francophones de la province, en plus de promettre les bonbons populaires, tels des maternellées, les conservateurs promet- tent des régions admi- nistratives garantes, entre autres, dune place au soleil pour les francophones dans la 2 Pe 2 A A, we LAS, =e ce a terminée, “proportions « ne L’appat attira un nombre sans précédent d’électeurs acadiens du cété des conservateurs etces derniers rempor- térent la plus grande majorité de leur his- toire sous la gouverne de Richard Hatfield. Depuis, c’est littéra- lement la stagnation totale. Ainsi, par exemple, le profil lin- guistique de la fonc- tion publique provin- ciale -de lannée 1982-83 nous révéle que les fonctionnaires francophones détien- nent seulement 16,8% des postes dits de haute direction, pour- tant seulement 2,2% des 2713 fonction- naires francophones _ étaient unilingues tan- dis que chez les 6 331 fonctionnaires anglo- phones seulement 8.8% étaient bilingues. D’ailleurs, dans semble de la fonction publique de vince, les franco- phones ne détenaient alors que 30,4% postes. Encore plus alarmant aux bureaux centraux de la capitale provinciale — Fredé- ricton — ow les fran- cophones ne comptent que pour 17,9% de la fonction publique y oeuvrant. Parallélement, dans l'ensemble de la popu- lation, la disparité per- siste. Ainsi donc, tan- dis que 22,5% de la population anglo- phone posséde moins d’une 9e année de sco- larité, le pourcentage chez les francophones est de 39%. Ces don- nées. annoncées” en 1984 révélent aussi qu’en moyenne, les francophones ne gagnent que 85% des revenus des anglo- phones et de surcroit quils subissent un taux de chémage de 17.5% . dans leurs " régions © comparative- ment a seulement 10.8% dans celles anglophones. a Or, cette usure tem- porelle dont les Aca- diens du Nouveau Brunswick sont vic- times aux mains du gouvernement provin- cial du Nouveau- Brunswick prend des alar- mantes lorsque. s'attarde moindrement a son évolution mographique. tes ale Pen- ~ la. pro-- des © Ton: . *" SS ered FAN COUR S Eh oui, la revanche des berceaux du début du 20e siécle s’effrite rapidement. Le recen- sement de 1981 dévoile que Veffet démogra- phique de la pyramide inversée est aussi en cours au sein de la communauté aca- dienne francophone du Nouveau-Brunswick. En effet, alors que les francophones de la tranche d’age de 25-29 comptent pour 36,5% du total dans cette tranche, chez les 20- 24, le taux tombe dun . peu plus de 1% .a 35.4%... Il en est. de méme pour les. 15-19 et 10-14 qui ne repré- sentent respectivemenl que 34,2% et 32.6% de ensemble de leur groupe au sein du Nouveau-Brunswick. Et comme en _ ces temps modernes de la communication et de information, ces jeunes acadiens ont les mémes attentes que leurs confréres anglo- phones, naturellement peu dis- posés a tolérer passi- vement, c’est-a-dire par souci de bonne entente, la continuité des disparités impo- sées a leurs ainés: Le monde étant de plus en plus petit, ils n’hési- teront’ point a se déplacer ailleurs afin de .rencontrer leurs atterntes si le Nouveau- Brunswick leur en refuse la possibilité systématiquement. Le ils sont tout renouvellement de la population acadienne est donc en jeu. Par ce fait méme, la communauté dienne francophone du Nouveau-Brunswick n'a d'autres choix que d’actualiser pleinement et rapidement la loi provinciale d’égalité des deux (2) commu- aca-. nautés. linguistiques francophone et anglo- phone de la province. En dépend, non seu- lement la sauvegarde de ses acquis, mais davantage lessort de sa spécifité en Améri- que du Nord. Ghislain Michaud Directeur général Activités-Jeunesse (1980) Inc. e La jeunesse acadienne francophone néo-brunswickoise. ~ Une génération en primeur Bo recensement wae 1981 dénombra~= au sein de la communauté * acadienne franco- phone du Nouveau- Brunswick 47390 jeunes agés entre 15 et 24 ans. Ce total repré- sentait, alors 20,25% des 234030 acadiens et acadiennes habitant la province. Certes, c’est un pourcentage non négligeable. Evidemment, autant ici qu’ailleurs, les jeunes embrassent tant bien que mal les visées de leurs ainés a leur égard. Parallélement, les ainés désapprou- vent souvent limpa- tience de leurs reje- tons. Conséquement, ils font tout pour sau- vegarder leurs cadets des mésaventures simi- laires a celles quils ont eues a surmonter il y a quelques décennies. Drailleurs, ce genre de protectionnisme idé- ologique, présent davantage dans une société dite minori- taire, apparait souvent aux jeunes comme une vieille rengaine d’aieux. : En ce qui a trait plus particuliérement aux jeunes acadiens - francophones contem- porains du Nouveau- Brunswick, leur atti- ‘tude envers la question Se aaa différe see SUS A jeunes de quelques décennies’ passées. Cest évidemment a ces divergences aux- quélles nous osons espérer pouvoir initier les lecteurs. Dans un premier temps, il est de mise de nuancer la différence d’attitude de cette génération par rapport aux précédentes. Certes, elle est de loin moins virulente envers les symboles_ folklori- ques que ne le fut par exemple la génération des années soixante et soixante-dix. En effet, nous sommes de I’avis qu’une motion de dénonciation des signes patriotiques traditionnels telle que celle adoptée en pleé- niére du Ralliement de la jeunesse acadienne de 1966 serait fort peu probable de nos jours, tout simplement parce quelle serait jugée superflue. Cette motion. se lisait comme suit: «Attendu que les signes extérieurs de notre nationalisme n'ont plus de valeur didentité et d'épa- nouissement, Attendu que nous vivons dans une société pluraliste, Attendu que nous vou- lons que notre natio- nalisme soit ouvert a ~ nationalisme ne Pe SES ARERR RIRON, quel que soit crédo, Attendu qu’a l'heure actuelle, la foi et le sont pas liés l'un a lautre, Attendu que nous vou- lons respecter et la nature de la foi et la nature du nationalisme, L'assemblée recom- mande que les signes ‘ patriotiques tels que le drapeau, I’hymne, la patronne, la _ féte nationale soient conservés dans la richesse folklorique de l’Acadie mais ne soient pas invoqués comme signes didentité nationale.» (Extrait du document inédit et confidentiel, « Historique du projet R.J.A.», de Jacques Beaulieu. Malheureusement, chez les chefs de file acadiens de la _ pro- vince, on ne semble pas encore avoir saisi que lorsqu’il y. a_pro- testation des jeunes vis-a-vis une institu- tion, dont ils assument la direction, ces pro- testations ne sont aucunement dirigées envers les racines his- toriques ou folklori- ques de l’organisme en question, mais bel et bien a l’encontre de sa médiocrité ou inaction de l'instant méme. Or, inévitablement réhen: leur- - conduit a de la répres- sion sévére, réagit en sauveur du _ patri- moine. L’exemple le plus frappant de cette attitude c’est les réac- tions de la direction de Université de Monc- ton face aux contesta-— tions périodiques des étudiants du campus de Moncton a propos surtout des hausses des frais de scolarité. Ainsi, suite aux occu- pations les plus notoires de 1969, 1979 et 1982, les dirigeants étudiants chefs de file de ces manifestations furent systématique- ment évincés du cam- car on chevalier pus. En 1969, on fit alors appel a des injonctions, tandis qu’en 1979 et 1982, on a émis des décrets de non-réadmission, dont certains de chaque année demeurent encore en vigueur de nos jours. Deux démarcations prédominantes _ diffé- rencient, a notre avis, la présente génération de jeunes acadiens francophones du Nouveau-Brunswick des précédentes. Certes, la plus signifi- cative, c'est celle de l'atténuation des dis- parités régionales, du moins en ce qui a trait soccer Ue REE ZD