page 10 L’APPEL Avril 1968 pliqua un jour en francais joual. Pour lui le francais démontrait ses pauvres origines, son manque d’éducation. Par contre lorsqu’il par- lait anglais, personne ne pouvait soupconner qu’il venait.des bas-fonds de la basse-ville et il pouvait coudoyer la “noblesse’’ anglaise avec dignité et assurance. Pouvez-vous le blaémer réellement? Celui-la, j’ai bien sympathisé avec lui. S’il ne pouvait pas aider la cause francaise (il lui-aurait méme nui) il vallait mieux qu’il traverse la ligne et qu’il supporte les frangais avee-son ascendance et son nom seulement: la seule contribution qu’il pouvait faire 4 notre cause, notre cause qui était la sienne de coeur mais. non. de potentiel. Envers les franeais de France la bataille ‘semble maintenant gagnée mais elle ne l’a pas toujours été. Les Franeais (avec un grand F) ont souvent refusé l’association avec les fran- gais :(petit f) et afin de gagner la sympathie anglaise ont souvent accusé leurs cousins cana- diens d’ignorance et de mauvais langage. In- justement ils comparaient le meilleur francais de_France avec le pire du Canada! II était évi- dent qu’ils ne voulaient pas partager le poids des notres et éviter ainsi les divergences na- tionales au-dessus desquelles ils voulaient s’é- lever. Cette supériorité de leur part, psycho- logiquement, les mettaient au niveau des an- glais avec lesquels ils pouvaient discerter, d’u- ne position indépendante, comme francais d’outre-mer. - Quelle tristesse de voir ceux de la mére- patrie nous regarder de haut comme des pau- vres cousins et se réclamer de race différente de ceux de leur sang que seul, l’Atlantique devrait diviser. Aprés tout, qui est le plus frangais du grand “F” et du petit “f’? En Australie une charmante hdtesse francaise d’Air France assura un groupe d’officiers que j’étais plus francais que les francais eux- mémes. Elle voulait parler de charme, d’élé- gance, dé maniéres que j’avais “au coton’’ aprés quelques petits verres de vin, qualités © qui n’étaient que passagéres. Pourtant je m’ac- corde avec elle 4100 pour cent au sujet de la race francaise. Nous, Canadiens, sommes plus francais que les francais eux-mémes. Leurs millions ont trop apprécié les beautés espagno- les, italiennes, allemandes, européennes, enfin et aujourd’hui la race frangaise est diluée de sang continental. Par contre, les francais d’ici ont jalousement bécoté les filles locales avec le résultat que vous avez un “pedigree’’ d’une rare pureté. Scrutinez Varbre ancestral de votre canadien errant et il vous conduira di- rectement en Normandie, des deux cdtés des branches jusqu’aux jours de Guillaume le Con- quérant. Cet arbre vous prouvera que mon ancétre combattit pour la cause francaise sur un sol anglo-saxon, comme j’éclabousse pour me tenir la téte au-dessus de l’eau dans la mer anglo-saxonne de la Colombie Britannique. Puis-je conclure cet argument interne en di- sant que je ne suis qu’un parmi les millions de frangais qui partagent mon sort au Canada. Plus tard, dans une autre partie, je discerterai sur la question de la langue et de certaines justices et injustices concues dans la compa- raison de notre moyen d’expression commune. Pourtant, oui pourtant, comment peut-on bla- mer les anglais de leur attitude supérieure lorsque nos propres cousins nous renient.. . parfois. Cette attitude de francais avec (ou contre) francais m’a personnellement causé un contre- choc, et, souvent je me suis révolté contre telle attitude ridicule. Combien de fois ai-je, par contradiction probablement, protégé, aidé, poussé en avant mes confréres de langue com- mune. Au début de ma carriére j’ai di, main- tes fois, traduire pour des matelots qui n’a- vaient pas encore appris l’anglais. Je me sou- viens de cas particuliers ou des matelots de ma race étaient dans la lignée des “Captain’s defaulters” et quand le Capitaine demandait les raisons ou excuses-de leur muavaise con- duite, je traduisais les réponses parfois idiotes de ces matelots vec ma propre interprétation, en exagérant les bons points et diminuant les admissions stupides, moi qui connaissais 4 fond les lois martiales, les punitions 4 1’échelle, les conséquences sévéres que subiraient ces sou- vent braves, mais trop honnétes matelots qui ignoraient la cupidité, la mesquinerie et la ruse. “Mea culpa, mea maxima culpa’’. Je sa- vais ce.que je faisais, je m’en accuse mais j’avais une hantise de la justice et je savais que si je traduisais mot pour. mot ces jeunes fous recevraient. une punition beaucoup plus sévére qu’ils ne le méritaient. Afin de com- penser, ironiquement, il me fallait étre mal- honnéte par excés d’honnéteté. Que d’officiers j’ai “fourré” de cette facon! Connaissant leur étroitesse, la sévérité de leur jugement. envers ces francais, i] me fallait combattre un excés par un autre exeés afin d’arriver & un juste milieu, 4 la justice que ces frangais méritaient 4 1’égal de leurs compa- triotes anglais. En avais-je le droit? “Jus est ars boni et aequi”. “Le droit est l’art du bien et du juste”..- 4 suivre SOIREE DE PAQUES | | % organisée par La Fédération Canadienne Francaise de la Colombie Samedi le 20 avril 1968 4 8h.30 p.m. VENEZ TOUS! Auditorium Notre-Dame de Lourdes Rue Hammond, Maillardville Entrée: $1.50 PPPPPPPPSSPSSPPPPPP PSS SEI P PIP PPP PPP PEPPERELL PPP PPPOE,