Lettres Guy de Maupassant ou l’envers des plaisirs Un des plaisirs que je trouve 4 vieillir, c’est que cela me permet d’oublier l’oeuvre de Maupassant et de la relire, de.la redécouvrir. Cela doit faire trois fois maintenant que je relis les centaines de nouvelles, de contes et de récits qui composent, 4 mon avis, une des plus belles oeuvres littéraires frangaises. Belles, touchantes, émouvan- tes, dréles, grincantes, terribles, effrayantes: les nouvelles de-‘Guy de Maupassant sont tout cela. L’écrivain (né en 1846 , mort de la syphillis en 1893) était bien de son temps. Jouisseur, mondain, léger, épris de tous les plaisirs, il était aussi torturé par la maladie qui l’a emporté aprés lui avoir souvent fait fréler la folie. Autre rancon d’une vie centrée sur le plaisir, le probléme des enfants illégitimes (si fréquent a cette €époque) sous-tend ses écrits. Guy de Maupassant. a donné la vie 4 trois au moins de ces enfants du hasard. Il a écrit plus d’une vingtaine de nouvelles sur le sujet, ow l’on peut lire clairement le remord et la culpabilité qui le tourmentent. L’amour, dans ce qu'il a de plus cru; les femmes, toutes sortes de femmes: des prostituées au grand coeur, des grandes bourgeoises oisives, les femmes décues de petits employés, les paysannes, nature; les femmes et l’amour sont les pivots de l’oeuvre de Maupassant. Maupassant a promené son stylo-scalpel sur presque toutes les strates de la société. Il a épié tout les désirs, des plus sains aux Nanaimo Francois R. Richardier, un peintre francophone de Nanai- mo, exposera pendant tout le mois de décembre (du 3 au 31) au Working Artists’ Studio, Rutherford Mall (prendre I’en- trée Ouest du Mall prés du coin Plantropica et Bank of Nova Scotia) 4 Nanaimo. Peau d’fne Peau dane, une comédie musicale adaptée du conte de Perrault, est présenté mardi 9 et mercredi 10 décembre, 16h00, a l’Alliance francaise (6161 rue plus sordides, toutes les passions, tous les désespoirs, tous les ennuis. Si les hommes n'ont pas le beau role, les femmes, soumises, incomprises, secrétes, les fem- mes, dont Maupassant était si avide, trouvent malgré leurs travers plus de grace a ses yeux. Une trés jolie nouvelle, Premiére neige, dépeint un genre de femme typique de Maupas- sant. Une jeune parisienne, cloitrée dans un chateau glacé et désert aprés avoir épousé un hobereau normand, n’arrive ni a accepter son destin ni a se révolter. Pour attirer l’attention de son mari sur son ennui et sa solitude, elle ira jusqu’a se promener nue dans la neige, elle ira jusqu’au bout de ce froid qui engourdit sa vie. Elle en mourra. ‘Elle sorttt de sa chambre sans bruit, descendit l’escalier, ouvrit la porte du jardin. La terre, couverte de mneige, semblazt morte. Elle avanga brusquement son pied nu, et l’enfonga dans cette mousse légére et glacée. Une sensation de froid, douloureuse comme une blessure, lui monta jusqu'au coeur; cependant elle allongea l'autre jambe et se mit a descendre les marches, lente- ment... [...] Elle crut deux ou trots forts qu'elle allait tomber, tant elle se sentait engourdie et défaillante. Avant de rentrer toutefors, elle s’assit dans cette écume gelée et méme, elle en ramassa pour se frotter la poitrine [...] Le lendemain, elle toussait et elle ne put se lever.” Plusieurs des _ recueils de nouvelles de Maupassant sont en vente chez Manhattan Books, 1089 rue Robson. Cambie). Tourné par Jacques Démy en 1971, le film est interprété par Catherine Deneu- ve Jean Marais et Jacques Perrin. Entrée gratuite pour les membres, 3$ pour les non- membres. Films de pub Si vous faites partie de l’espéce (rare) des passionnés de films de publicité, le Ridge vous attend de pied ferme. Du 5 au 11 décembre, le Festival internatio- nal du film publicitaire réunira “les meilleures publicités TV venues du monde entier”. Au Ridge, 16@me Ave. et Arbutus, 738-6311. du mois. 4 10h00, le vendredi mercredi 19h00, le jeudi 12h00 et le dimanche a 13h00. La girafe [était] ambleuse est une émission de musique en _frangais animée par Jean Doré et diffusée sur Y'antenne de Co-op Radio (102.7 FM) oe fois par mois en rc ig ‘Apéro, animé par Francois : Les mercredis A 16h30. au Royal Centre (1055 W. Georgia, 689-1711) & 14h10, 16h20, 19h20 et 1h20. ee ie ( et en avec une mascuetts de 18 pieds) au Musée aritime de Vancouver. Egalement au racontée en méme musée, visites guidées en ay ee en francais du navire St- qui a sillonné pendant de Sena coeieietales cosatierra Gendarmerie Royale . Ouvert tous les jours de 10h00 4 17h00. Tél. 666-8201. Une de 109 oeuvres de James i . Morrice, peintre, impres- sionniste. montréalais, se tient jusqu’au 7 décembre a la Galerie d’Art de Vancouver, 750 Hornby (682-5621). La Galerie est ouverte du mardi au samedi de 10h00 a 18h00 et le dimanche de 13h00 a 18h00. Exposition bilingue. Jusqu’en janvier 1987 au artis sce 1905 Ave. Les photos d’Eduardo Meneses ont quelque chose de magique. Ou peut-étre est-ce simplement leur athmosphére irréelle? Ces contrastes trop violents, ce corps, trop blanc, qui disparait. de la photo a force d’étre blanc. Eduardo Meneses est un " passionné de la chambre noire, qui s‘enflamme pour un rien: ‘Jaime jouer avec le noir et ‘blanc. Jaime transformer mes photos, suivant mes fantaisies, mes illusions, mes réves, mes déstrs... Pour mot, la chambre notre est un temple spirituel. La lumiére, la musique parfots, la solitude...” Solitude. Le mot est laché. “En fatsant de la photo, tout le monde est seul. Et c’est pour moi le plus dur a@ accepter. Je ne suts pas un solitaire, j'aime le contact avec les gens. Et quand je photographie quelqu'un, bien stir, il y a un contact. Ilyaune émotion, mats arts et spectacles - reconnaissant Le Soleil de Colombie, vendredi 5 décembre 1986 - 5 je ne peux la toucher quavec les yeux. St je la touche avec autre cho se, la magie disparait...” Solitude et compagnie (1) : cest le titre quil a donné a l’événement qu’il met en scéne au Centre culturel colombien. Eduardo, c’est un pur hasard, est d’origine colombienne. I] est né a Bogota il y a trente-six ans. ‘J'ai étudté Varchitecture, racon- te-t-il. Ensutte, je suts devenu un spécialiste des éclatrages, pour des défilés de mode puts pour des concerts. J'ai toujours été fasciné par la scéne. Un beau jour, nous avons di: employer les services d'un photographe professtonnel. Il m’a prété son appareil et m’a dit: Joue avec’. Ce jour-la, ma vie a été changée. La photo a changé ma vie...” Eduardo, qui a immigré au Canada il y a trois ans, avait pu mettre sur pieds une exposition au Robson Square Media Centre, qu'il avait appelée Immigrant Blues. “Mais c’est la premiére fots que je peux vraiment fatre la performance que je veux, comme je Ventends. Et j’en surs trés a Véquipe du Centre culturel colombien. Ils mont beaucoup donné, j’en suts vraiment ému.” Eduardo joue des percussions. Surtout de la musique brésilien-- ne. Et au _ départ_ cette performance devait étre simple- ment une exposition de photos sur laquelle on aurait joué de la musique. “Mazs c’étatt un peu gratuit. Alors jai décidé de montrer mes photos a des danseurs et des musictens, en leur demandant de réagir. Ils sont entrés en contact avec les photos, «Soledad y compania» Eduardo Meneses, solitaire en chambre noire ils ont atmé ou n’ont pas aimé, mats tls ont été touchés, c’est ¢a qui est important.” : Importante, leur réaction: cette “performance” est entiére- ment basée sur l'improvisation des danseurs et des musiciens. ‘Jat Ecrit un script, qui donnazt le cadre général, le rythme d’ensemble, explique Eduardo. Ensuite, il s'est modifié, selon ce quien faisaient les artistes. Monique Giard, par exemple, a une trés grande expérience de la danse et de la scéne. J’at beaucoup appris d’elle.” Pendant les quatre soirées au CCC (2), les photos noir et blanc d’Eduardo seront affichées au plafond, ses photos couleur’ seront projetées sur un écran. Pour la couleur, Eduardo a quatre thémes de prédilection: les voitures, l’architecture, les paysages et les portraits (avec une préférence marquée pour les pieds et les mains...) . Eduardo parle trois langues: lespagnol, sa langue natale, Yanglais et le francais. “Le francais, je Vai appris a V’école, chez les péres. C’est ma langue préférée. Quand 7’états jeune, je révats daller en France, de parler aux gens dans la rue, en francats, de commander un café, en frangais!” Charles-Henri Buffet (1) - En espagnol, on dit Soledad y compania. Mais Eduardo n'aime pas labbréviation Sole- dad y Cia. CIA en Amérique du Sud, ¢a ne sonne pas forcément trés bien... (2)2— Jes 108 13... 12 et 15 décembre 4 20h00, au Centre culturel colombien, 795 W. 16éme Ave. (874-9105) Cinéma Monsieur Voltaire, venez voir «Otello» ‘J aimerais peut-étre... Vopéra, st on navait pas trouvé le secret d’en faire un monstre qui me révolte” ainsi s’exprimait ce bon Voltaire et de poursuivre: “Ira voir qui voudra de mauvatses tragédies en musique ou les scénes ne sont faites que pour amener, trés mal a propos, deux ou trots chansons ridicules qui font valotr le goster d’une actrice; se pamera de plaisir qui voudra ou qut pourra en voyant un chatré fredonner le réle de César ou de Caron et se promener d'un air gauche sur des planches; pour moi, tl y a longtemps que jai renoncé @ ces pauvretés qui font aujourd’hut la gloire de l'Italie.” Eh! bien, monsieur Voltaire, j'ai vu des opéras remarquables a Leipzig et a Paris, je suis allée maintes fois au Queen Elizabeth Theatre mais je n’ai rien trouvé d’aussi prenant que cet Othello par la Scala de Milan. : La technique cinématographi- que permet des merveilles: le visage de Placido Domingo chaudement coloré contraste avec celui de sa compagne au teint aussi pur que son 4me. Au début du film, les regards de ces visages inondés par les trombes d’eau permettent d’y lire les difficultés d’accostage de notre héros. Toute la Venise d’autrefois renait. Ces hommes musclés, forts, décidés et tendres a la fois, quiils aient un réle de traitre, d’amoureux ou d’admirateur, ont des visages saisissant de vérité. Les éclairages des décors champétres ou du chateau sont dignes des tableaux de Bruegel ou de Jean Van Eyck. Les contrastes de lumiére au travers des bois sculptés de la chambre, le visage du traitre déformé par une lentille, les costumes et bien d’autres détails encore surpren- nent tellement qu’on en oublie l’opéra. On y trouve la sincérité et l'innocence mélées a l’impulsion et a la colére, une vague de révolté mélée au souffle de la tendresse, des cris du coeur qu’on essaie d’étouffer parce qu'on est un guerrier, une immense tristesse qu’on peut 4a peine contenir parce qu’on est une innocente, tout embrase notre ame. Monsieur Voltaire, point n’est besoin de nous parler de la Scala de Milan, mais je vous en prie, venez dans notre bonne ville de Vancouver voir “Otello” et n’oubliez pas votre mauchoir brodé pour éponger votre 23331 rue Mavis Fort Langley, CB sensibilité. Jacqueline Favre THE LOG GALLERY Bertrand Michel | Livres francais - Disques de Noél - Antiquités - Cadeaux - Tableaux et objets d'art. Tél: 888-3332