VOYAGES Le Soleil de Colombie, vendredi 7 septembre 1990 - 13 Avant le repos de la nuit, Bernard me demande de bien vouloir poursuivre son appren- tissage du joual. Je le fais trigoler avec «nono» (niais), «gratteux» (avaricieux), «en- voyer quelqu’un chez |’bonhom- me» (se ficher de lui), etc. Passons sous silence la litanie de nos jurons... religieux et autres, que je lui récite sans hésitation, comme pris par un besoin subit de défoulement. Le sommeil ne tarde pas ensuite a mettre fin a cette longue journée et, dece fait, au mois de janvier. Premier jour de février. Je me réveille étonné d’avoir dormi comme dans le lit douillet d’une chambre fraiche et silencieuse. Aucun rat n’est venu me grignoter loreille. Cinquiéme journée a faire la marionnette pour les caméras. Drdle de fagon de gagner son riz quotidien! Philippe me remet mon billet pour Goa. En fin d’aprés-midi, autre retour avec Bernard dans le coeur palpitant de Bombay, ow nous ingurgi- tons d’abord un gros repas a prix dérisoire. Un vendeur . d’herbes médicinales, a qui je demande ensuite un renseigne- ment, me supplie d’aller rendre netti, a telle adresse’a Toronto. Franchement! Promenade surla Mahatma Gandhi Road, artére fort animée, puis dans d’autres rues et ruelles ou tant de familles ont élu domicile. A proximité de |’Armée du Salut se tient, ce soir-la, un championnat de basket-ball. Une foule des plus enthousias- tes entoure le terrain. Ce méme terrain servira aprés le match, nous dit-on, de dortoir pour la visite a sa fille, Mme Giovan-" nuit. Il fait terriblement chaud. Nous faisons un brin de causette avec une petite bande de hippies al’accent américain: tétes rasées, regards vitreux, allures débraillées, maintiens nonchalants. Bernard m’incite a goiter au «lassi» (lait caillé), qu'il trouve particuliérement rafraichissant. Une cuillerée me suffit. Qu’ils sont «achalants», a la fin, ces marchands ambu- lants! Encore une soirée bien remplie qui s’achéve. Une fois allongés sur nos couchettes, Bernard me chante le premier couplet de «La Manic», un classique du chansonnier Geor- ges Dor, trés populaire a |’6poque des premiers grands projets hydro-électrique du Québec. Cette chanson le passionne au point qu’il me fait promettre de lui en envoyer le texte complet. Petit exposé ensuite sur les... chiffres; ils proviennent, selon lui, du cercle divisé en quatre... «Bonne nuit. Tu men parleras une autre fois». Le 2 février, dernier jour de tournage, Suivi. d’un dernier retour.en«autobus de blancs» a travers la trépidation citadine. En descendant avec Bernard et le Britannique, je remarque une vieille Indienne a quatre pattes en train de ramasser un a un des grains de riz échappés dans les » fentes d’un tapis. Désespérante . misére, je te hais.- Riz et sodas Souper, tous les trois, dans une autre de ces grandes gargotes indignes de touristes qui se respectent. Les ventila- teurs du haut plafond bourdon- nent sans répit. Pas une seule femme. Le serveur dépose devant chacun de nous trois verres d'eau fraiche, bien que nous ayons commandé des sodas. Riz friz aux légumes, délectable. Le serveur revient changer nos verres d’eau a quelques reprises pour s’assu- rer que nous en ayons toujours de fraiche. Il finit méme par plonger un doigt dans mon deuxiéme verre de soda comme si c’était de l’eau qu’il était temps de changer. Se donner tant de mal dans |’espoir de se - : —— -— eS Deux caricatures indiennes sur les problémes de circulation a Bombay. O Bom bay! mériter trois pauvres roupies de plus! Le lendemain, dimanche, excursion a la_ petite ile d’Elephanta, dans la baie de Bombay, ow se trouvent des grottes creusées au Ville siécle et décorées de trés belles sculptures (voir «Lile d’Ele- phanta»). Le 4 février. Vient |’heure du départ. Bernard me donne l’'adresse, a Goa, d’un certain pére Da Sylva, missionnaire sympathique qui loue des chambres abon compte au bord de la mer. Adieux, les amis. Je monte dans un taxi pour aller prendre le bateau. Le chauffeur ne comprend pas |’Anglais. Je lui montre mon billet en disant: «Goa». L’innocent, il m’améne l@ ou se vendent ces billets. Ce trajet inutile me cotte ridicule- ment cher, et I’Indien exige un supplément pour mon sac a dos! Un autre taxi me conduit, celui-la, directement au port. Sur les lieux, le chauffeur me demande 20 roupies (2$); je tui en donne 12. Une _ barriére s'Ouvre, provoquant une folle ruée vers la passerelle du bateau. Je retrouve avec plaisir le couple suisse et me fais bientét d’autres connaissances, dont un jeune couple québécois «fin a mort». Cette croisiére le long de la cdte occidentale durera-une-vingtaine d’heures. .. Avant de me mettre a lire, cet aprés-midi la, ce qu’un guide raconte sur Goa, jeparcours des yeux d'autres pages sur Bombay, comme pour mettre un point final a ma_premiére “semaine en Inde. Ville de prédilection des Anglo-Indiens, Bombay est le centre économi- que du pays, son chateau-fort de la libre entreprise - son Manhattan. A peu prés tout le monde peut y trouver du travail. Ce que le grand nombre ne peut pas trouver, cependant, c’est un endroit décent pour vivre. Matérialisme et spiritualité, puissance et indigence, tels sont les pdles autour desquels viennent se condenser les multiples impressions qui enva- hissent le visiteur attentif. O Bombay! Par Jean-Claude Boyer Les mots croisés de Tima Sekkat iV Vv Vi Vi vill ix x 1 2 3 4 Grille 8 5 6 rh 8 9 10 HORIZONTALEMENT: VERTICALEMENT: 1. Pierreux. 1. Le quotidien. - Pour 2. Verbal. - Espion. tracer. 3. Premier de série. - Laps ||. Décoration. de temps. 4. Questionnaire. - Fin de partie gagnée. 52> Préfixe. - Géante. 6. Eclose. - Liée. 7. Pour écrire. - Dans «Les». 8. Travail de facteur. - Sans eau. 9. Confessée. 10. Fait la guerre. - Il est précieux. lll. Démonstratif.-Cache ou fait voir. IV. Ne quitte pas le lit. - Cété. V. Sans effet. - Pour commencer une omelette. Vi. Ecorchure. - Va avec elle. Vil. Jeu d’argent. - En fin de matinée. Vill. Grande école. - Se fait @ l’église. IX. Arrivée. X. Pour les intimes. - Récompense artistique. Solution de la semaine derniére Grille 7 UN .GOOT VENU D/AILLEURS Un -gott venu d’ailleurs, c’est un choix de magazines d’infor- mation, d’émissions de varié- tés, de dramatiques et d’événe- | ments culturels internationaux. Un gott venu d’ailleurs, c’est l’Eurotélé,~-heureux téléspec- tateurs! L’Eurotélé, TV5*. *Consultez votre cablodistributeur pour la position de TV5. LA TELEVISION INTERNATIONALE DE LANGUE FRANCAISE