——— ———~ Devenez membre de la Société Historique Franco-Colombienne Cotisation annuelle: $4.00 membre individuel $10.00 membre groupe A/S MME Catherine Lévesque, 211, 46@me avenue ouest Vancouver, C.B. V5Y 2X2 Saviez-vous qu’il existait un journal en francais au début de la colonie? eK 2K OK ok LE COURRIER DE LA NOUVELLE-CALEDONIE informait les premiers colons de la Colombie-Britannique Procurez-vous les exemplaires existants du 11 septembre 1858 au 8 Octobre 1858. ECRIVEZ A: SOCIETE HISTORIQUE FRANCO-COLOMBIENNE a/s Mme Catherine Lévesque, 211, 46éme avenue ouest, Vancouver, C.B. V5Y 2X2 PRIX: $1.00 + $0.25 pour la poste : Notre ordinaire avait été assez varié avec l'appoint de tout le gibier qui faisait des plats succulents et la viande d’orignal dont Lafleur avait porté une deu- xiéme livraison, avec au moins une cinquantaine de «white fish», poissons blancs délicieux, trés charnus et aussi gros que les belles carpes de chez nous. Notre frigidaire marchait parfaite- ment: il était vaste, puisque e’était l’extérieur. Il était simple: une corde et un crochet pour la viande, un sac pour le poisson. Il était économique... Donc le 16 mars, Daigneau et Lamothe nous quittérent, comme convenu, et chacun satisfait des autres. Leur comportement et leur tra- vail avaient été parfaits, et ce fut vraiment pour nous une chance de les avoir trouvés libres, au moment précis ol nous en avions un besoin urgent. Nous étions donc livrés, dés ce jour, a nos seuls moyens, et malgré les difficultés que nous de- vions rencontrer fatalement sur notre chemin, nous abor- dions avec courage et con- fiance ce nouveau chapitre de notre vie. La besogne abattue par nos deux Canadiens étaient énorme: le plus gros oeuvre avait été déblayé. La maison était élevée, couverte, fer- mée et la cave creusée et boisée. Les montants de la cloison intérieure qui devait délimiter notre «apparte- ment» personnel, [une des cing piéces prévues] étaient posés de ‘méme que les revétements des plafonds. I nous restait donc a clouer les boiseries de la cloison et des parquets, tous travaux que nous pouvions effectuer nous-mémes, sans étre me- nuisiers émérites. I] suffi- sait de pouvoir tenir un marteau... Pour l’écurie, le carré était enti¢rement ter- miné, de méme que le toit, y HOSS £ OHV Loh trés simple en attendant le véritable grenier a foin. Restaient a faire les man- geoires 4 fourrage et a grains, pour lesquelles nous avions réservé toutes les chutes des planches emplo- yées pour les toits. C’est pour cette raison que nous devions rester encore quelques jours sous la tente, en ce qui concer- nait surtout la finition de la maison. II nous fallait aussi acheter et apporter |’essen- tiel du mobilier, l’indispen- sable: literie, cuisiniére, ta- ble, quelques chaises. Nous avions fait nos comptes, aprés le départ de nos enga- gés et le reglement des ma- tériaux ayant servi aux ba-: tisses. Les dollars avaient évidemment fondu: sur l’ap- port initial, il ne nous restait plus que mille trois cent treize dollars, d’ot devraient étre soustraits les achats du mobilier et les provisions (hommes et bétes) pour les mois prochains. Depuis plusieurs jours, Armand était entré en rap- port, sur la recommandation de Servestre, avec le patron de l’hétel, pour une place de réceptionnaire et d’aide book-keeper. Il parlait bien Vanglais et préférait ces métiers en veston aux durs travaux de la terre. II s’en- tendit done avec eux et devait s’installer au Grand Union Hétel quand nous au- rions pu nous installer nous- mémes dans notre belle mai- son. Tétait nourri et logé, avec un salaire mensuel, qui, sans étre trés élevé, était néan- mbins intéressant. Sur son traitement, il devait nous rétrocéder une certaine som- me, pour participer a la mise en valeur de la propriété et a notre entretien. Nous achetames deux lits fer et cuivre et la literie adéquate, quelques linges de maison, une cuisi- niére ordinaire que nous efi- a eErsy eo 8&7 G AANA AAA AAAARARARAAS done mes d’occasion, et les trois ou quatre chaises nécessai-. res. Si les visiteurs devaient étre, un jour, plus nom- breux, il y aurait toujours les escabeaux de la tente. ENFIN CHEZ NOUS... INSTALLATION DANS LA GRANDE MAISON L’installation se fit dans la grande maison, dés que nous efimes terminé la pose de la cloison et des parquets. Aprés quelques coups de marteau sur les doigts, le travail nous avait paru assez facile et avait marché assez rondement. Ce qui nous avait pris le plus de temps avait été le calfeutrage des interstices entre les logs; la coutume du pays était le «bousillage» c’est-a-dire le remplissage des jointures entre les troncs, avec de la glaise mé- langée a des brisures de paille. - Cela ne me plaisait guére, car je le trouvais inélégant, et puis la saison ne s’y pré- tait pas. Or, un jour, 4 Atha- basca, passant pres de la warehouse (entrepdt) de la Hudson’s Bay, je vis, prés du rivage, des tas de gros cables abandonnés. C’était 1a les déchets des cordes dont se servaient les Indiens sur les scows et les bateaux allant vers les Grands Lacs du Nord ou en revenant. M’étant informé de leur destination, il me fut répon- du par le manager que je pouvais tout enlever si cela pouvait m’étre utile ou agré- able. Jene me fis pas répéter invitation, car j’avais eu en voyant ces cables, une illu- mination: pourquoi ne pas décortiquer ces cordes, et avec la filasse ainsi obtenue, calfeutrer les interstices en la forcant avec des burins de bois dur, 4 coups de maillet. Et c’est ainsi que nous et- mes un travail bien propre- ment fait, et presque invisi- ble. La premiére soirée nous parut bien agréable, dans une véritable maison, bien chaude, avec de vraies fené- tres qui laissaient apparai- tre, quand nous étions de- hors le soir pour quelque travail, la clarté sympathi- que de la lampe. Et ce n’était plus la lan- terne-tempéte de la tente, mais le dernier modéle Tito- Landi. On pouvait, au moins, désormais, aller et venir, lire ou écrire sur une table, mettre un vrai cou- vert, comme des citadins. Nous savions nos braves chevaux, bien al’abri, sur une bonne litiére et c’était pour nous une grande tran- quillité d’esprit. L’installa- tion fut fétée par une bonne rasade de notre «vrai co- gnac», aprés le repas, agré- mentée d’un royal cigare. Jean et moi vivions main- tenant comme de vieux set- tlers, soignant les chevaux, charroyant le bois de chauf- fage, le préparant pour no- tre cuisiniére ou pour la vente en ville, — I’hétel nous en ayant demandé —-; il y avait en outre les travaux de finition de la maison et de lécurie. Pour ma part, j’avais fa- briqué avec des planches inemployées une sorte de petite armoire, dont la par- tie inférieure fermée, nous servait 4 ranger nos usten- siles de cuisine et la vais- selle; et au-dessus, j’avais placé des étagéres ot nous avions mis les quelques li- vres francais que nous avions pu trouver et les rap- ports des Fermes expéri- mentales du Canada. Ces rapports, véritables volumes, étaient trés inté- ressants, surtout pour des nouveaux venus comme nous. Envoyés sur simple demande, ils donnaient le compte rendu de tous les essais faits dans chaque province, tant au point de vue cultures ou nouvelles ’ semences, qu’au point de vue élevage. Ces fermes expérimenta- les étaient a la disposition des colons pour tous les ren- seignements qu’ils pou- vaient désirer sur les meil- leurs grains a employer dans la région, pour les analy- ses de terres, et elles four- nissaient méme, si l’on en exprimait le désir, des petits sacs de semence sélection- née pour vous permettre de préparer, pour la saison suivante, votre propre stock. Un grand passe-temps aussi, par les jours de mau- vais temps, était la lecture du grand catalogue d’Katon (de Winnipeg), gros comme un dictionnaire, qui offrait tout ce que l’on pouvait désirer et imaginer. On le trouvait d’ailleurs dans la plus modeste maison de™ colons, et jusque dans les coins les plus reculés du Nord. Javais installé, en outre, le long de la paroi exté- rieure de la cloison de notre piéce, dans la partie non encore terminée, une grande penderie ow nous pouvions enfin placer nos vétements et affaires diverses, appor- tés de France, et restés jusqu’a ce moment, dans les malles. Nous avions donc un «chez nous» et vraiment, pour ma part, c’était mora- lement une force, car j’y voyais la premiére racine qui attachait mon destin sur cette nouvelle terre. _ J’aimais ce bricolage qui était un passe-temps quand la température ne nous per- mettait pas de travailler a 'extérieur, mais qui amélio- rait tout de méme nos condi- tions de vie en les ordon- yant et en leur donnant une 1ote personnelle. Je puis jire d’ailleurs, sans vantar- “dise, que l’ordre le plus parfait a toujours régné dans notre intérieur, au Vaiwoed noix? contraire de ce que |’on pouvait voir dans les demeu- res de «bachelors», des céli- bataires. Un point noir dans cette euphorie: la question de l'eau... Nous étions obligés de conduire trois fois par jour nos chevaux, a !’abreu- voir, a notre petit lac et c’était donc 1a une corvée et un assujettissement. Pour notre ménage, la question ne se posait pas a l’heure ac- tuelle, car la neige dont nous remplissions notre bouilloire en permanence sur le feu, nous alimentait suffisam- ment. Nous avions agité cette affaire avec nos Cana- diens, mais, 4 leur grand regret, ils n’avaient pu pro- longer leur séjour. Aprés examen des alen- tours, ils avaient repéré un trés bon emplacement, dans une légére ondulation pro- che de la maison. Donc, un jour, fatigués et écoeurés, nous décidémes de prendre le taureau par les cornes. Notre voisin du sud, le pére Menut, nous ayant, spontanément, offert ses services dés notre premié- re rencontre, nous nous ren- dimes chez lui pour lui ex- poser la situation et lui de- mander de nous aider dans ce travail pour lequel nous étions absolument profanes. ‘Tl en était tout autrement pour lui et ses gendres, qui, anciens mineurs, connais- saient bien le pic, la pelle et, le boisage. Et puis nous étions encore dans la période calme, précédant la fonte des neiges, ow il n’y avait guére de travaux urgents sur la terre. Aussi ne se fit-il pas prier pour venir avec un de ses gendres, et le travail fut entrepris dés le lendemain. Nous avions déja commencé le mois d’avril; les jours allongeaient tout douce- ment, c’était 4 peine sensi- ble, mais le bon signe avant- coureur du prochain prin- temps. (A SUIVRE ) estien 945 tne eoeesiniouy —_ sie >>,